François Bayrou |
François Bayrou semble croire qu’Emmanuel Macron a été élu
grâce à lui.
Le leader centriste est conforté dans cette idée par
l’affirmation de certains analystes qui estiment que l’alliance qu’il a scellé
avec l’alors candidat d’En marche! a fait gagner à ce dernier les quelques
points qui lui ont permis de s’installer en tête des intentions de vote dans
les sondages puis de s’envoler vers la victoire finale.
Il est également persuadé qu’en ayant désigné Macron comme
son successeur politique, voire spirituel, il lui a donné la stature nécessaire
pour qu’il ait l’image d’un président aux yeux de l’opinion.
Enfin, pour lui, il n’a jamais s’agit d’un ralliement ou
d’un simple soutien mais bien d’une alliance qui, en tant que telle, nécessite
des contreparties pour chaque allié afin d’aboutir à une situation
gagnante-gagnante.
C’est la raison pour laquelle il s’attendait à être bien
servi après la victoire d’Emmanuel Macron par une fonction importante (premier
ministre?) et par un nombre important de candidats MoDem en position de l’emporter
lors des prochaines législatives afin de pouvoir disposer d’un groupe à l’Assemblée
nationale, de peser sur le prochain quinquennat et de ré-entrer de manière
éclatante dans le jeu politique.
Et c’est la raison pour laquelle il vient de monter au
créneau de manière particulièrement violente contre la désignation des
candidats de La République en marche où peu de gens de son parti figurent pour
l’instant (rappelons qu’il reste 148 candidats à désigner).
D’autant qu’il semble également qu’il n’a pas beaucoup de
chances de se retrouver à Matignon.
Il est certain que la décision de François Bayrou de ne pas
se présenter à l’élection présidentielle ainsi que son appel à voter pour
Emmanuel Macron a eu un effet positif sur la candidature de ce dernier.
Néanmoins, le président du Mouvement démocrate a sans doute
une appréciation un peu exagérée de sa contribution à la victoire de Macron.
Car, sa situation avant de proposer une alliance au candidat
d’En marche! n’était guère reluisante: 5% d’intentions de vote dans les
sondages pour la présidentielle, un Mouvement démocrate exsangue, un soutien
catastrophique à Alain Juppé pendant la primaire de LR (soutien qui, selon
beaucoup, est une des raisons de la défaite du maire de Bordeaux) et, donc, un
avenir politique national en suspend.
Dès lors, son alliance avec Macron était autant une
opération de survie et de sauvetage pour lui-même qu’une aubaine pour ce
dernier.
Surtout, elle a joué aux marges dans la victoire de Macron à
la présidentielle, même si cette marge a pu être importante.
Croire que le nouveau président de la république lui doit
tout est donc sans rapport avec la réalité.
De plus, François Bayrou a fait une erreur d’appréciation
vis-à-vis de l’ambition d’Emmanuel Macron de refonder la vie politique et de
réconcilier la France.
Il s’agit d’abord de renouveler avant de rassembler et non
le contraire.
Dans cette logique, il n’était sans doute pas question de
prendre n’importe quels candidats aux législatives parce qu’ils étaient MoDem
et que l’on avait conclu une alliance avec Bayrou mais bien de ne surtout pas
prendre n’importe qui parce qu’il représentait un camp politique (sauf les
personnalités de premier plan) mais bien de choisir des nouvelles têtes pour
incarner une nouvelle ère politique.
Quoi qu’il en soit, le président du Mouvement démocrate n’a
certainement pas les moyens de sa colère contre le nouveau président de la
république.
Evidemment, il peut lui causer du tort et Emmanuel Macron serait
bien inspiré d’éteindre au plus vite l’incendie mais on ne voit pas très bien
ce que Bayrou aurait à gagner dans la défaite de La République en marche aux
législatives.
Alexandre Vatimbella
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