Jean-Christophe Lagarde |
Après avoir indiqué que le seul allié «naturel» de l’UDI
était LR, d’avoir affirmé péremptoirement que le Centre ne pouvait s’allier qu’avec
la Droite, d’avoir accepté sans broncher le cœur du programme de droite
radicale de François Fillon, d’avoir constamment fustigé le programme
d’Emmanuel Macron et tous les membres de l’UDI qui le rejoignaient ou qui
seulement indiquaient qu’ils pourraient travailler avec, d’avvoir attaqué la
personne même du fondateur d’En marche!, d’avoir expliqué que la seule majorité
possible à ses yeux était celle composée de LR et de l’UDI, Jean-Christophe
Lagarde, président de cette dernière, vient de déclarer dans une interview au
quotidien Le Parisien (voir ci-dessous) qu’il verrait bien celle-ci travaillait
avec le nouveau président de la république alors que les sondages montrent que
La république en marche pourrait obtenir une majorité absolue ou, tout au moins
relative, à l’Assemblée nationale.
Un changement de ton que l’on avait déjà perçu dans le
communiqué de presse qu’il avait publié après la constitution du nouveau
gouvernement.
Voilà ce qui s’appelle clairement en politique de
l’opportunisme et dont le Centre souffre depuis tant d’années et non un
soutien, un ralliement voire une alliance qui sont eux des actes politiques
honorables.
Non pas que les derniers propos de Lagarde n’aillent pas
dans le bon sens puisqu’il y a certainement plus de similitudes entre les
projets politiques d’Emmanuel Macron et celui de l’UDI qu’il y en a entre ce
dernier et celui de LR, surtout celui porté par Fillon.
Cependant, on comprend bien que cet adoucissement de la
position du président de l’UDI concernant le nouveau président de la république
n’est pas «naturelle» mais procède de deux raisons principales: la première est
d’être associé d’une façon ou d’une autre au pouvoir; la deuxième, de ne pas se
couper d’un nombre de plus en plus important de sympathisants et d’élus de l’UDI
qui souhaitent travailler avec Emmanuel Macron au risque de n’être plus que le
président d’une coquille vide.
Et gageons que si, par hasard, LR et l’UDI (crédités de 18%
des intentions de vote dans un dernier sondage) parvenaient à avoir la majorité
absolue à l’Assemblée nationale, le discours de Lagarde envers Macron
redeviendrait immédiatement offensif…
Contraint en forcé, Jean-Christophe Lagarde tente ainsi une manœuvre
politicienne qui n’est pas à l’honneur du Centre.
Malheureusement, ses propos passés sur Emmanuel Macron qu’aucun
représentant de la Droite la plus radicale n’aurait rejeté – la violence des mots qu’il utilise n’est plus
à démontrer – l’étaient encore moins.
C’est sans doute une mince satisfaction pour le Centre de
voir un leader qui se prétend centriste d’un parti qui se dit centriste
comprendre enfin, contraint et forcé, que de s’opposer frontalement à un homme
qui est du même courant de pensée que vous et qui propose de mettre en place
une politique que soi-disant vous souhaitez pour votre pays, représente le
contraire de ce que vous êtes sensé représenter et défendre.
Mais cela n’a rien à voir avec l’honnêteté et le courage
politiques.
Extraits de l’interview de Jean-Christophe Lagarde au
quotidien Le Parisien
- Pourriez-vous
travailler avec le nouveau chef de l'Etat?
Oui. Mais sommes-nous pour autant macronistes? Non.
- Comment ? au coup
par coup, ou par un contrat de gouvernement?
Il y a trois cas de figure possibles. Premièrement, les
Français confient la majorité à l'UDI et aux Républicains. Pas question alors de
faire la guerre au président: il est suffisamment libéral pour qu'on puisse
trouver des terrains d'entente et que ça se passe bien.
- Et si Macron obtient
une majorité absolue ?
Alors, les élus UDI voteront les textes qui leur paraîtront
bons. Par exemple il aura notre soutien à 100 % sur l'Europe ou sur l'égalité
des Français devant la retraite.
- Troisième cas de
figure : celui d'une majorité relative?
Il faudrait bien alors discuter pour construire une
plate-forme de gouvernement rassemblant toutes les idées que l'on partage, et
arbitrer les autres.
- Vous participeriez à
un accord de gouvernement si LR n'y est pas?
Le choix de l'UDI se fera de façon indépendante, en fonction
de notre projet. Nous sommes en alliance avec LR, pas en dépendance ni en
soumission.
- Que pensez-vous du gouvernement
d'Edouard Philippe?
Edouard Philippe est un homme respectable. Le gouvernement a
un aspect positif, il est très marqué proeuropéen et il faut reconstruire
l'Europe.
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