François Bayrou |
- Sur l’enjeu de cette élection présidentielle
Je pense que la question de la France est en jeu dans cette
élection. Je pense que la grandeur de la France, la dignité de la France,
l'honneur de la France et le lien entre Français sont en jeu dans cette
élection. (…) Je ne fais pas de différence dans le discours entre s'adresser à
une partie de l'électorat que l'on appelle de droite et une partie de
l'électorat que l'on appelle de gauche. Je pense que tous ceux là sont des
citoyens français et que tous ceux là ont dans les jours qui viennent à mesurer
l'importance de leur choix. C'est cette importance là qui me mobilise et qui me
pousse à la passion de cet engagement.
- A propos de Macron
Quelqu’un qui a cet âge, il sera le plus jeune chef d’Etat
et de gouvernement de tous les pays développés. Quelqu’un qui a réussi à faire
ce parcours en quelques mois et qui va être l’occasion pour la France
d’adresser un signe au monde... La France est regardée comme un pays anxieux,
angoissé, qui choisit de se rabougrir, que tout le monde inquiète de
l’intérieur et de l’extérieur. Tout d’un coup, ce pays va faire un geste d’optimisme
incroyable, en disant: «nous, nous choisissons l’avenir». C’est comme une sorte
de pied de nez au pessimisme généralisé.
Celui-là a la dimension. Ce que j’observe – je le regarde et
travaille de près avec lui depuis des mois – c’est que chaque jour, il gagne.
J’ai été très heureux de ce qu’il s’est passé à Whirlpool, à Amiens. Nous avons
vu les deux: Marine le Pen est venue faire des selfies avec des militants et
Emmanuel Macron est venu au contact des ouvriers, des contremaîtres, des
cadres. Il a longuement échangé, y compris en se faisant siffler et engueuler
quand il est arrivé et en repartant avec des poignées de main d’estime et de
respect. Cette personnalité-là, en effet, est à la hauteur. Ce sera pour la
France un nouveau départ, incroyablement positif.
- A propos d’une possible victoire de Macron
Si tout se passe comme j’espère, Emmanuel Macron sera élu
président de la République dimanche prochain. Le président de la République n’a
pas la même attitude que le candidat ou le militant qu’il était auparavant. On
disait autrefois: «le roi n’épouse pas les querelles du duc d’Orléans». Je suis
certain que la fonction efface toutes ces choses-là. C’est dans cette fonction
qu’il va s’installer et s’épanouir. A partir du moment où l’élection
présidentielle intervient, nous ne sommes plus dans la politique politicienne.
Nous sommes dans quelque chose d’autre, qui touche à l’histoire.
- Sur l’unité du Centre
Je plaide pour qu’un jour ou l’autre, l’unité du centre se
refasse. Heureusement, nous avons maintenu l’indépendance du centre, ce qui
fait qu’aujourd’hui, il peut jouer un rôle clef dans la campagne
présidentielle.
- Concernant l’axe central (que Bayrou appelle «arc central)
Vous allez retrouver des thèses que j’ai défendues depuis
longtemps. Depuis quinze ans, je n’ai jamais cru que le débat politique se
situait entre la droite et gauche car comme identités, comme camps, la gauche
et la droite n’existent plus. Je pense que la droite et la gauche sont à
l’intérieur de chaque camp dans une guerre civile irréconciliable, sur des
sujets de fonds: l’Europe, la tenue de l’économie, l’école... Donc, il n’y a
plus ces deux camps. Plus exactement, ces deux camps sont une illusion, donc il
ne peut pas y avoir de majorité cohérente d’un camp ou de l’autre. Il n’y a
qu’une seule majorité cohérente en France, depuis très longtemps, de gens qui
sont d’accord sur le fond et qui n’ont entre eux que des nuances, c’est ce que
j’ai appelé l’arc central. Vous avez cité des noms: Jean-Yves Le Drian, Manuel
Valls jusqu’à des hommes comme Alain Juppé. C’est un arc extrêmement large.
- Sur le choix du deuxième tour
Nous sommes dans un moment historique. On évite alors de se
laisser égarer par les péripéties, et on regarde l’essentiel: aujourd’hui, pour
la 1ère fois depuis des décennies, la France a un choix clair. D’un
côté, le choix d’un pays qui veut vivre et avancer dans la lucidité, qui
accepte tous les défis qui sont devant lui, et qui les relève. Concrètement,
pratiquement. De l’autre, vous avez des illusions mortelles: il n’est pas vrai
que l’on va pouvoir remettre la retraite à 60 ans. Il n’est pas vrai que l’on
va pouvoir augmenter le SMIC de 30 %. Il n’est pas vrai que l’on va pouvoir
multiplier les embauches de tous côtés. Il n’est pas vrai que l’argent sera
disponible et que l’on pourra tirer des chèques sur je ne sais quelle banque
centrale ou banque nationale reconstituée. Tout est faux dans cette affaire!
Tout est mensonge! Je suis sûr que le sentiment profond des Français va le
voir. Je refuse de me laisser égarer dans quelques péripéties que ce soit. Je
vais droit au but et je dis ce qu’est le risque, et de quelle manière il faut
l’affronter.
- A propos du patriotisme
Pour moi, le mot de «patriote» est un mot trop important
pour que j’accepte de le voir capté par l’extrême-droite. Les vraies patriotes,
c’est nous: ceux qui aiment leur patrie, ceux qui veulent qu’elle se redresse,
qu’elle soit forte, qu’elle ait un regard positif sur le monde, qu’elle veuille
construire à l’intérieur des patries européennes un ensemble et une Union qui
permette de relever les défis du monde. Ceux-là sont les vrais patriotes. Les
autres sont pour moi antipatriotes, parce que leur politique, leurs obsessions
vont affaiblir la France.
- Sur le vote blanc et l’abstention
S’abstenir ou voter blanc, c’est voter le Pen. Cela trace un
signe égal entre Emmanuel Macron et Marine le Pen. Et si Jean-Luc Mélenchon,
avec toute son histoire et ce qu’il a dit sur ce sujet précisément par le
passé, s’il trace un signe égal entre ces deux candidats, le candidat du grand
courant français et celle de l’extrême droite, cela désespère des millions de
Français.
- Sur l’hypothèse d’une élection de Marine Le Pen
Marine Le Pen ne sera pas élue. Je ne veux pas accréditer
une telle hypothèse, je veux que l'on parle du fond et du plus important de
l'avenir du pays. Le plus important de l'avenir du pays c'est que si on
déstabilisait notre économie, nos finances publiques, l'Etat, si on sortait de
l'Union Européenne et de l'euro, alors la France connaitrait le moment le plus
difficile et le plus chaotique de son histoire. Elle ne le connaitrait pas
théoriquement au sens des idées – tout cela naturellement existe – mais elle le
connaitrait dans la vie quotidienne, spécialement la vie quotidienne de ceux
qui ont moins. Ce sont ceux-là qui seraient les victimes !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires anonymes ne sont pas publiés ainsi que ceux qui seraient insultants ou qui ne concernent pas le Centre et le Centrisme.