jeudi 13 avril 2017

Vues du Centre – Jean-François Borrou. Non, Hollande ne soutient pas Macron

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

Macron, Fillon, Mélenchon, Le Pen
Non, François Hollande ne soutient pas Emmanuel Macron lors de cette présidentielle.
Mais, oui, il y a de fortes chances qu’il vote pour lui.
Non, Macron ne souhaite pas le soutien de Hollande et ne le demande pas.
Mais, oui, Macron, tout comme, par exemple, Juppé, Bayrou, Valls, Le Maire, Le Drian, Lagarde et même Fillon, partagent une proximité avec Hollande, celle d’éviter que Madame Le Pen et monsieur Mélenchon soient présents au second tour, l’un ou l’autre, surtout l’un et l’autre.
Bien sûr, tous les adversaires d’Emmanuel Macron vont tenter d’associer son nom à celui de François Hollande mais ce sera un mensonge destiné à déstabiliser et à faire perdre le candidat d’En marche!.
Car, oui, Macron a fait partie du gouvernement présidé par Hollande mais il est parti parce qu’il ne pouvait plus mettre en place ses réformes social-libérales.
Mais arrêtons-nous sur le cas de François Hollande.
En tant que président de la république sortant qui ne se représente pas, il est normal qu’il demeure en retrait.
Cependant, il est tout aussi normal qu’il regarde de près ce qu’il se passe et qu’il intervienne s’il estime qu’à ses yeux le destin de la France est en jeu.
En l’occurrence, la présence dans les favoris de Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon est un danger parce que s’ils accèdent au pouvoir ils remettront en cause tout ce qu’il a réalisé au cours de son quinquennat et ils mettront le cap sur une politique qui est à l’opposé de la sienne avec des tendances autoritaires particulièrement fortes.
De même, la présence de François Fillon au second tour, un candidat mis en examen et encore capable de conquérir l’Elysée va à l’encontre de la règle qu’il a posé avant d’accéder à la présidence puis durant les cinq ans suivantes sur l’irréprochabilité des membres du gouvernement (et donc d’autant plus du président de la république).
Dès lors, oui, François Hollande n’est pas pour leur victoire mais cela n’étonnera que ceux qui ne connaissent rien au paysage politique français ou qui veulent brouiller les cartes à leur profit ou à celui de leur candidat.
Continuons sur ces trois là.
Comment imaginer un seul instant qu’Hollande, un socialiste appelle à voter pour Le Pen, la candidate d’extrême-droite.
Comment imaginer, de même, que ce social-démocrate appelle à voter pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la gauche radicale, qui n’a pas cessé de l’insulter pendant cinq ans, de déstabiliser son gouvernement et qui reviendra sur la plupart de ses réalisations.
Comment imaginer un seul instant qu’il appelle à voter pour François Fillon, un homme accusé de détournements de fonds, qui n’a pas cessé de le critiquer et de l’attaquer pendant cinq ans et qui est positionné à la droite de la Droite.
Qu’en est-il des autres candidats?
On ne peut imaginer son soutien à Benoît Hamon – qui est pourtant du même parti politique que lui! –, un des hommes du PS qui l’a défié constamment, qui a voulu faire chuter son gouvernement plusieurs fois (après en avoir fait partie!) et dont le programme est totalement contraire à tout ce qu’il pense de bon pour la France et dont la campagne est celle qui va peut-être tuer définitivement le parti dont il a été le premier secrétaire pendant si longtemps.
Bien entendu, il ne peut soutenir Poutou et Arthaud (extrême-gauche), Asselineau, Cheminande, Dupont-Aignan (extrême-droite) et Lassalle.
Dès lors, il ne reste plus qu’Emmanuel Macron.
Des onze candidats, il est celui qui est le plus proche de sa vision politique même s’il est un social-libéral, celui qui n’est pas touché par des affaires de détournements de fonds publics, celui qui n’est pas un extrémiste.
Pour toutes ces raisons Hollande ne peut que voter Macron.
Mais c’est plus par élimination des autres prétendants que par adhésion au candidat d’En marche!
Quant à Macron, s’il ne souhaite pas le soutien de Hollande, ce n’est pas uniquement parce que ce serait un boulet pour lui mais aussi parce qu’il ne propose pas la même politique que le président sortant.
Son social-libéralisme, s’il est progressiste comme l’est la social-démocratie, est bien moins dirigiste, étatique, faisant une part nettement plus belle à la liberté et à l’entreprenariat, notamment.
Macron est en outre bien plus proche du Centre que ne l’est Hollande, héritier en cela d’un mitterrandisme cynique et hautain vis-à-vis des centristes, qui lui a fait ignorer la main tendue de François Bayrou après la présidentielle de 2012.
Pour conclure, prétendre que Macron serait l’héritier de Hollande et que ce serait la raison du vote de ce dernier pour le premier nommé est une totale contre-vérité, tant sur la relation froide et tendue entre les deux hommes que sur leurs projets politiques respectifs.

Jean-François Bourrou


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