Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à
cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Macron, Fillon, Mélenchon, Le Pen |
Non, François Hollande ne soutient pas Emmanuel Macron lors
de cette présidentielle.
Mais, oui, il y a de fortes chances qu’il vote pour lui.
Non, Macron ne souhaite pas le soutien de Hollande et ne le
demande pas.
Mais, oui, Macron, tout comme, par exemple, Juppé, Bayrou,
Valls, Le Maire, Le Drian, Lagarde et même Fillon, partagent une proximité avec
Hollande, celle d’éviter que Madame Le Pen et monsieur Mélenchon soient
présents au second tour, l’un ou l’autre, surtout l’un et l’autre.
Bien sûr, tous les adversaires d’Emmanuel Macron vont tenter
d’associer son nom à celui de François Hollande mais ce sera un mensonge
destiné à déstabiliser et à faire perdre le candidat d’En marche!.
Car, oui, Macron a fait partie du gouvernement présidé par
Hollande mais il est parti parce qu’il ne pouvait plus mettre en place ses
réformes social-libérales.
Mais arrêtons-nous sur le cas de François Hollande.
En tant que président de la république sortant qui ne se
représente pas, il est normal qu’il demeure en retrait.
Cependant, il est tout aussi normal qu’il regarde de près ce
qu’il se passe et qu’il intervienne s’il estime qu’à ses yeux le destin de la
France est en jeu.
En l’occurrence, la présence dans les favoris de Marine Le
Pen et Jean-Luc Mélenchon est un danger parce que s’ils accèdent au pouvoir ils
remettront en cause tout ce qu’il a réalisé au cours de son quinquennat et ils
mettront le cap sur une politique qui est à l’opposé de la sienne avec des
tendances autoritaires particulièrement fortes.
De même, la présence de François Fillon au second tour, un
candidat mis en examen et encore capable de conquérir l’Elysée va à l’encontre
de la règle qu’il a posé avant d’accéder à la présidence puis durant les cinq
ans suivantes sur l’irréprochabilité des membres du gouvernement (et donc
d’autant plus du président de la république).
Dès lors, oui, François Hollande n’est pas pour leur
victoire mais cela n’étonnera que ceux qui ne connaissent rien au paysage
politique français ou qui veulent brouiller les cartes à leur profit ou à celui
de leur candidat.
Continuons sur ces trois là.
Comment imaginer un seul instant qu’Hollande, un socialiste
appelle à voter pour Le Pen, la candidate d’extrême-droite.
Comment imaginer, de même, que ce social-démocrate appelle à
voter pour Jean-Luc Mélenchon, le candidat de la gauche radicale, qui n’a pas
cessé de l’insulter pendant cinq ans, de déstabiliser son gouvernement et qui
reviendra sur la plupart de ses réalisations.
Comment imaginer un seul instant qu’il appelle à voter pour
François Fillon, un homme accusé de détournements de fonds, qui n’a pas cessé
de le critiquer et de l’attaquer pendant cinq ans et qui est positionné à la
droite de la Droite.
Qu’en est-il des autres candidats?
On ne peut imaginer son soutien à Benoît Hamon – qui est
pourtant du même parti politique que lui! –, un des hommes du PS qui l’a défié
constamment, qui a voulu faire chuter son gouvernement plusieurs fois (après en
avoir fait partie!) et dont le programme est totalement contraire à tout ce qu’il
pense de bon pour la France et dont la campagne est celle qui va peut-être tuer
définitivement le parti dont il a été le premier secrétaire pendant si
longtemps.
Bien entendu, il ne peut soutenir Poutou et Arthaud
(extrême-gauche), Asselineau, Cheminande, Dupont-Aignan (extrême-droite) et
Lassalle.
Dès lors, il ne reste plus qu’Emmanuel Macron.
Des onze candidats, il est celui qui est le plus proche de
sa vision politique même s’il est un social-libéral, celui qui n’est pas touché
par des affaires de détournements de fonds publics, celui qui n’est pas un
extrémiste.
Pour toutes ces raisons Hollande ne peut que voter Macron.
Mais c’est plus par élimination des autres prétendants que
par adhésion au candidat d’En marche!
Quant à Macron, s’il ne souhaite pas le soutien de Hollande,
ce n’est pas uniquement parce que ce serait un boulet pour lui mais aussi parce
qu’il ne propose pas la même politique que le président sortant.
Son social-libéralisme, s’il est progressiste comme l’est la
social-démocratie, est bien moins dirigiste, étatique, faisant une part
nettement plus belle à la liberté et à l’entreprenariat, notamment.
Macron est en outre bien plus proche du Centre que ne l’est
Hollande, héritier en cela d’un mitterrandisme cynique et hautain vis-à-vis des
centristes, qui lui a fait ignorer la main tendue de François Bayrou après la
présidentielle de 2012.
Pour conclure, prétendre que Macron serait l’héritier de
Hollande et que ce serait la raison du vote de ce dernier pour le premier nommé
est une totale contre-vérité, tant sur la relation froide et tendue entre les
deux hommes que sur leurs projets politiques respectifs.
Jean-François Bourrou
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