Emmanuel Macron |
Dimanche, les
électeurs centristes choisiront de voter en conscience et en responsabilité
vis-à-vis de leurs convictions politiques.
Face à eux, en
cette année 2017, ils auront onze candidats dont pas un ne vient de l’espace
centriste.
C’est fort
regrettable pour le débat politique et l’existence du Centre en France.
Il n’y a eu que
deux élections présidentielles qui ont présenté ce cas de figure, 1974 et 1995.
En l’absence de
candidat issu de son propre camp, les partis centristes avaient soutenus
quasi-unanimement Valéry Giscard d’Estaing (1974) et majoritairement Edouard
Balladur (1995).
Le deuxième prit
une gifle alors qu’il était donné comme le favori mais n’avait que peu à voir
avec le Centre alors que le premier remporta l’élection et fut ce que l’on peut
appeler le président «le plus centriste» de tous les locataires de l’Elysée
depuis le début de la V° République et jusqu’à présent sans être le moins du
monde centriste pour autant.
Que ce soit en 1974
et 1995, ce fut pour les électeurs centristes, un choix plus par élimination
que par adhésion.
Qu’en est-il en
2017?
D’abord, sur les
onze candidats, les partis centristes en soutiennent deux.
L’UDI officiellement
mais loin de toute sa totalité, soutient François Fillon, le candidat de LR.
Le Mouvement
démocrate et une partie de l’UDI soutiennent Emmanuel Macron, le candidat d’En
marche!
Nous ne prenons pas
en compte un autre candidat, Jean Lassalle, qui est un ancien membre du Mouvement
démocrate mais dont le programme et les propos sont plus proches d’un populisme
réactionnaire quand ils sont compréhensibles et sérieux.
Ensuite sur les
deux candidats soutenus par les partis centristes, aucun ne se revendique du
Centre.
François Fillon s’est
positionné selon ses propres dires à la droite de la droite avec comme
référence des personnalités comme Margaret Thatcher et des organisations de la
droite extrême comme Sens commun, affirmant parler souvent à Charles Million qui
fut chassé de l’UDF suite à son accord avec le Front national pour gouverner la
région Rhône-Alpes en 1998 et qui s’est entouré de politiciens qui ont comme
trait commun d’insulter à périodes répétées les centristes (comme le pathétique
Eric Ciotti).
Emmanuel Macron se
présente comme un social-libéral venu de la Gauche mais qui se veut «ni droite,
ni gauche», dans la tradition centriste tout en souhaitant casser les anciens
clivages idéologiques avec une opposition entre un pôle progressiste (sociétés
ouverte) face à un pôle conservateur (société fermée), le tout dans une
démarche réformiste.
Puis, bien
évidemment, il faut parler de la philosophie politique des programmes des deux
candidats.
François Fillon,
pour séduire les centristes dont il a besoin pour passer le premier tour, a
déclaré sans en apporter la moindre preuve qu’il était le candidat «de la
Droite et du Centre» et a généreusement accordé à l’UDI nombre de
circonscriptions pour les législatives mais pas toutes gagnables, loin de là,
facilement.
Ses mesures
économiques sont ultralibérales (et non libérales), ne comportant en rien un
volet social satisfaisant.
C’est si vrai qu’il
a tenté de faire accroire qu’il avait amendé son programme en la matière devant
le tollé qu’il avait provoqué mais le flou demeure puisqu’il a, dans le même
temps, affirmé que l’essence même de celui-ci n’avait pas réellement changé.
Emmanuel Macron, de
son côté, a depuis le début un projet et un programme politiques dont la philosophie
est centro-compatible, voire même centriste mêlant le plus harmonieusement
possible liberté (notamment d’entreprendre) et égalité (des opportunités),
responsabilité et solidarité.
Son militantisme
européen est, en outre, exactement celui des centristes.
Sans oublier qu’il
veut instaurer une dose de proportionnelle aux législatives.
Bien malin serait
un centriste qui pourrait trouver une mesure qu’il ne ferait pas sienne ou qu’il
pourrait rejeter comme totalement antinomique à ses convictions.
Enfin, les deux
candidats n’ont pas la même vision de l’alliance avec les centristes.
Quant François
Fillon demande un ralliement pur et simple contre des cadeaux électoraux et des
strapontins gouvernementaux qui sont déjà négociés, dans la plus pure tradition
politicienne qui a fait tant de mal au Centre assimilé de ce fait à un cartel
électoraliste d’opportunistes, Emmanuel Macron demande une alliance entre
partenaires qui se fait d’abord sur les idées avant de se concrétiser par des
accords électoraux et gouvernementaux.
Si l’on voulait
résumer tout cela par une formule: il y en a un (Fillon) qui veut
instrumentaliser les centristes à son profit électoral (il suffit de regarder
ce qu’ont fait Jacques Chirac et surtout Nicolas Sarkozy à ce sujet), il y en a
un autre (Macron) qui souhaite créer une dynamique progressiste et réformiste
avec des partenaires égaux autour d’un projet de gouvernement.
Pour toutes ces
raisons, le 23 avril, le seul choix centriste, c’est Emmanuel Macron.
Alexandre
Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des
études du CREC
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