Nous saurons, le 7 mai prochain si les démocrates sont majoritaires
en France.
Cette affirmation n’est pas de la simple rhétorique ou un
effet d’annonce comme on en voit tous les jours dans les médias, mais une vraie
interrogation, terriblement angoissante devant le refus de nombre de
politiciens de voter contre Marine Le Pen ainsi que face aux résultats du
premier tour.
Si l’on additionne les voix des candidats défenseurs d’une
démocratie républicaine libérale, le système en place en France depuis 1945 et
issu des idées de la Révolution, c’est-à-dire ceux d’Emmanuel Macron, de
François Fillon et de Benoit Hamon, on obtient 50,38%, tout juste la majorité
face à ceux qui représentent des idéologies autoritaires et populistes, voire
totalitaires, toutes en tout cas défiantes du système démocratique.
Cela ne signifie pas que presque la moitié des Français sont
opposés à la démocratie républicaine – les sondages disent que leur pourcentage
est nettement inférieur – mais cela veut bien dire que 49,64% de ceux qui ont
voté, ont mis dans l’urne un bulletin d’un candidat qui remet plus ou moins en
question celle-ci et qu’ils ont eu, comme alliés objectifs, les
abstentionnistes et ceux qui ont voté blanc.
Dès lors, il faudra savoir, le 7 mai, si beaucoup de ces
Français sont malgré tout démocrates comme la plupart des abstentionnistes s’ils
se déplacent en masse pour voter Macron.
On peut le supposer si l’on pense que les votes pour les
extrêmes et les populistes comportent toujours un pourcentage plus ou moins
important de «votes sanction» à l’égard du système ou de «votes d’avertissement»
ainsi que des «votes d’humeur» et que, devant les menaces contre la démocratie,
il y a un sursaut de l’électorat.
Cela étant dit cette situation est inédite en France.
En 2002, par exemple, lorsque Jean-Marie Le Pen emmène pour
la première fois l’extrême-droite au second tour de la présidentielle, les candidats
démocrates représentent autour de 65% des voix.
Et lors de la précédente présidentielle de 2012, ce
pourcentage était aux alentours de 70% des voix, soit vingt points de plus que
cette année.
De ce point de vue, cette élection est bien un séisme démocratique
tout juste compensé par la première place d’Emmanuel Macron.
Même si les sondages accordent actuellement 20 points d’avance
à ce dernier face à Marine Le Pen, on comprend bien l’importance pour les
défenseurs de la liberté et de la démocratie de se mobiliser le 7 mai afin qu’il
n’y ait pas une voix qui manque pour barrer la route au Front national.
La candidate du parti d’extrême-droite a senti qu’il pouvait
se passer quelque chose de particulier puisqu’elle a décidé de gommer toutes
les aspérités extrémistes et populistes de son programme dans la nouvelle
plaquette qu’elle a éditée, tout en essayant de donner une image apaisée d’elle-même
(à la manière de Mélenchon au premier tour) dans ses meetings et ses
interventions à la télévision, tout en appelant les électeurs de Jean-Luc
Mélenchon à un front anti-Macron.
Ce qui nous conduit à Donald Trump.
Beaucoup de commentateurs et de politologues, notamment outre-Atlantique
mais également dans les pays de l’Union européenne – en particulier en Allemagne
– ont vu dans les résultats du premier tour, un refus salvateur de la France de
porter au pouvoir un personnage tel que le président des Etats-Unis.
Or, si on regarde le vote des Français comme on vient de le
faire ainsi que l’état d’une partie de l’opinion, les refus d’appeler à voter
Macron pour certains ainsi que les ralliements à Le Pen pour d’autres, le tout
avec des médias qui tombent exactement dans le même travers que les Américains
pendant la campagne électorale de 2016, alors l’analyse doit être beaucoup plus
nuancée.
Il semble bien que l’on soit dans une situation où une
partie importante de la population française comme celle des pays avancés et démocratiques
soient à l’écoute des populistes démagogiques et que ceux qui en font les frais
sont les partisans de sociétés progressistes et équilibrées, au premier chef
desquels sont les centristes mais aussi tous ceux qui se positionnent dans l’espace
central.
Cette fascination actuelle pour ceux qui prêchent le repli
et l’exclusion, sont dans le déni de la réalité et le refus de changer les
choses dans la responsabilité, nous rappellent des moments graves que l’on
croyait derrière nous depuis longtemps.
Les résultats du 7 mai prochain nous diront où nous en
sommes très exactement, en espérant que ce ne sera pas dans le pire.
Alexandre
Vatimbella
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