Lors de cette élection présidentielle, le Centre et les
centristes sont, comme d’habitude, l’objet de beaucoup d’attentions qui, pour
l’énorme majorité d’entre elles sont uniquement mues par des considérations politiciennes
et/ou électoralistes.
Mais, cette fois-ci, ce phénomène peu ragoûtant connaît un
emballement exponentiel parce que, non seulement l’élection se jouera au centre
comme de coutume mais c’est bien les centristes et les réformistes qui vont la
faire basculer dans un sens ou dans un autre au premier et au second tour, en
choisissant tel ou tel candidat, en allant voter ou non.
D’où des déclarations opportunistes qui ne sont guère à
l’honneur de ceux qui les font.
Elles viennent de certains candidats, d’une part, mais aussi
de leurs soutiens d’autre part.
Il y a les faux centristes qui se présentent comme Jean Lassalle
et dont les élucubrations démontrent ce qu’il est vraiment et nous permet de ne
pas nous épancher plus que ça ici sur son cas (on pourra néanmoins lire
l’article que nous lui avons consacré en cliquant
ici).
Pire – ou plus pathétique s’il en est possible – la volonté
de Marine Le Pen de se présenter, à périodes répétées comme «au centre du jeu
politique» parce que, selon elle, elle représenterait le cœur de la politique
française, coincée entre LR à sa droite et le PS à sa gauche.
De plus, se targuant d’être «apaisée» selon le slogan de sa
campagne, l’affirmation de sa centralité veut attirer des électeurs qui sont rebutés
par l’image d’une FN agressif, transgressif et anxiogène.
Une supercherie d’une telle indécente pourrait néanmoins
tromper, l’espère-t-elle, quelques électeurs égarés et certains journalistes
étrangers (on retrouve cette affirmation ««centriste» dans plusieurs interviews
qu’elle a données dans la presse internationale).
On pourrait rajouter François Fillon qui, après une campagne
des primaires de LR où il s’était positionné à la droite de la Droite, n’ayant
pas de mots assez durs pour les centristes, fait tout ce qu’il peut, désormais
pour se présenter comme le candidat «de la Droite et du Centre» afin de
grappiller quelques votes, une escroquerie du même acabit que celle de Le Pen
sauf qu’il a derrière lui une petite partie des centristes qui lui servent ici
de maigre caution pour ces propos.
Car les faux centristes qui soutiennent un candidat se
trouvent surtout chez les rabatteurs de François Fillon.
La plupart viennent de l’UDI ou sont membres de LR, si tant
est que l’on peut appeler centristes ces derniers tellement ils ont renié leurs
engagements politiques au fil du temps, avant couleuvres sur couleuvres,
devenant plutôt des droitistes modérés.
Il y a, par exemple, François Zocchetto – dont le parti,
l’Alliance centriste, a pourtant décidé de ne pas soutenir le candidat LR –, il
y a aussi les traditionnels Maurice Leroy, François Sauvadet, Hervé Morin et
Jean-Christophe Lagarde, hier derrière Sarkozy, aujourd’hui servant la soupe à
Fillon, deux hommes qui n’ont pourtant rien
de centriste et dont les démêlés avec la justice donnent une idée de la
recherche de la probité dans la politique chez certains de ces rabatteurs
plutôt attirés par les petites récompenses dont ils seront gratifiés.
Mais le plus redoutable de tous dans le clan
pseudo-centriste des soutiens à Fillon est un certain Jean-Christophe
Fromantin, homme de droite et catholique traditionnaliste revendiqué qui,
pourtant, après avoir quitté l’UDI parce que ce parti n’était pas assez à
droite selon lui (ce qui ne l’empêche pas quand des journalistes le présentent
comme membre de la confédération centriste de ne pas rectifier leurs propos…)
et parce qu’il s’était fait écrasé lors de l’élection pour la présidence du
parti, est devenu, par le Saint-Esprit fillonisme, «centriste».
Après avoir fondé un micro-parti qui n’a eu aucun succès
(Territoires en mouvement), il a fondé l’association baptisée pompeusement «577
pour la France» qui d’«initiative de la société civile» se révèle en définitive
un simple sous-marin de Fillon pour tenter de récupérer certains des centristes
et des «sans partis» qui seraient tenté par Macron, l’homme que Fromantin honni
dorénavant comme il a honni tant de gens au cours de sa courte carrière
politique, de Nicolas Sarkozy à François Hollande en passant par François
Bayrou, Jean-Christophe Lagarde, etc. etc.
On trouve ensuite des faux centristes qui ont rejoint Emmanuel
Macron comme Jean-Marie Cavada, Philippe Douste-Blazy ou Jean-Louis Bourlanges
que l’on voit systématiquement, là où souffle le vent, dans l’entourage de tous
les favoris des élections.
Néanmoins, à la différence de Fillon, Macron a démontré
depuis le début qu’il était centro-compatible.
Ce n’est donc pas sa posture qui est en cause comme chez le
candidat LR mais la qualité de certains de ses ralliements.
Chez tous ceux dont on vient de parler et tous ceux qui
agissent de même, ce qui est dérangeant et regrettable pour la clarté d’un
débat politique qui l’exige, tant l’élection présidentielle est le point d’orgue
de la démocratie républicaine française – qu’on le regrette ou non –, ce n’est
pas leur choix politique mais c’est qu’ils interviennent dans les médias en se
parant de l’étiquette «centriste» et que, dans notre société du paraître, il
suffit souvent de dire pour être.
L’important, in fine, pour l’électeur centriste, c’est qu’il
se détermine par rapport à ses valeurs et sa vision politique et face aux
candidats qui peuvent être centro-compatibles puisqu’aucun de ceux qui se
présentent pour cette présidentielle n’est centriste et, d’ailleurs, aucun ne
se revendique du Centre et du Centrisme, même si l’on peut parler d’un certain
centrisme d’Emmanuel Macron.
De notre côté, notre analyse de chaque candidature, nous a
amené à affirmer que le seul candidat qui est compatible avec les valeurs et le
projet du Centre et du Centrisme est Macron.
Cela aurait pu être aussi le cas du candidat LR s’il s’était
appelé Alain Juppé, voire du candidat PS s’il s’était appelé Manuel Valls.
Ou si François Bayrou ou Jean-Louis Borloo avaient décidé de
concourir.
Alexandre
Vatimbella
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