Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Fromantin, juste derrière Fillon, à droite de la photo... |
Certains s’étonneront que je parle de Jean-Christophe
Fromantin.
D’autres se demanderont même qui il est.
Aux seconds, d’abord, je rappelle qu’il est le député-maire
de Neuilly-sur-Seine, ancien membre de l’UDI, ancien candidat à la président de
la confédération centriste, ancien fondateur d’un micro-parti appelé
Territoires en mouvement, initiateur parmi d’autres de la Manif pour tous et,
plus récemment, de «577 pour la France» qui, dans une démarche déjà populiste,
veut présenter aux prochaines législatives des candidats de la société civile
contre les «professionnels de la politique».
Aux premier, maintenant, je réponds que le dit
Jean-Christophe Fromantin représente tout ce que l’espace au centre peut
attirer de personnages ambigus et opportunistes qui se révèlent, avec le temps,
ce qu’ils sont.
Lorsqu’il est devenu maire de Neuilly puis député, ce chef d’entreprise
semblait être un indépendant modéré de droite et ouvert.
Il avait décidé de rejoindre Jean-Louis Borloo parce que,
selon ses dires, il n’était pas un homme de droite sectaire et borné.
Mais, au fil de son parcours politique, il a montré son vrai
visage, celui d’un proche des milieux intégristes catholiques aux idées courtes
et aux initiatives démagogiques et dangereuses.
Il fait partie de cette catégorie constituée de personnages
qui utilisent l’espace central pour leurs ambitions personnelles puis qui
dérivent «naturellement» sur ce qu’ils sont en réalité.
On y trouve des gens comme Charles Millon, Jacques Blanc ou
Charlie Baur qui de centristes devinrent des alliés du Front national et des
hommes de la droite plus que radicale.
Ou encore d’un Yves Jégo qui a déjà fait, au cours de sa
carrière de politicien, quasiment tous les courants allant de la droite
radicale à la droite modérée et qui, à l’instar d’un Fouquier-Tinville qui
écrivait des poèmes à la gloire de Louis XVI et qui fut le procureur qui
demanda ensuite sa tête, fut un admirateur transi de Nicolas Sarkozy avant d’en
devenir un des adversaires les plus acharnés.
La liste est longue où l’on trouve, en vrac, un Yves Pozzo
di Borgo «centriste» admirateur de Poutine et de Trump, un Gilles Bourdouleix ancien
dirigeant de l’UDI dont les idées sont plutôt celles de Marine Le Pen et auteur
de quelques propos des plus douteux et scandaleux – comme se demander si Macron
n’est pas le candidat de Daesh – pour lesquels il a déjà été condamné par la
justice, d’un Bernard Debré candidat sous la bannière UDF et qui le lendemain
de son élection rejoignit la Droite, voire même d’un Valéry Giscard d’Estaing
dont la triste fin de carrière politique fait douter quelque peu de sa
conversion centriste des années 1970.
Pour en revenir à Jean-Christophe Fromantin, le voici
désormais un des principaux soutiens de François Fillon, lui le pourfendeur des
«professionnels de la politique» (on rappelle que ledit Fillon n’a jamais
occupé un autre emploi que dans la politique…).
Pour ceux qui ne savent pas à quoi il ressemble, s’ils ont
regardé le meeting du Trocadéro du candidat LR, c’est le monsieur juste
derrière lui, à sa droite, sur l’estrade et qui n’arrête pas d’opiner du chef à
chacun des mots du discours de sa nouvelle idole.
Et c’est là qu’on se remémore également que cette
manifestation était organisée par Sens commun qui n’est autre que l’aile
droitière de LR affiliée à la Manif pour tous et soutien indéfectible de Fillon
depuis qu’il a fait son coming out catho lorsqu’il était à moins de 10% des
intentions de vote lors de la campagne pour la primaire de LR…
Mais pour bien apprécier la dérive du député-maire de
Neuilly-sur-Seine, il suffit de lire ses communiqués de presse où il appelle
sans nuance aucune au soutien de
François Fillon qui est, selon lui, le candidat antisystème, le candidat contre
lequel se sont ligués les «professionnels de la politique»!
Non, ce n’est pas une farce, l’homme n’a pas beaucoup d’humour.
Pour ceux qui doutent voici la prose de Jean-Christophe
Fromantin:
«Je viens de lancer un appel de soutien à la candidature de
François Fillon pour inviter les Français à se mobiliser. C’est un moment
important car la campagne peut prendre deux orientations: la reprise en main
par les ‘professionnels’ de la politique ou le démarrage d’une nouvelle
séquence en lien direct avec les Français. (…) La journée de dimanche a montré
la détermination de François Fillon à donner un nouvel élan à sa campagne, fort
d’un projet pour la France, dans une relation directe et vraie avec les
Français. Pour autant, les tergiversations et les trahisons d’un petit monde
laissent à croire qu’il ne pourrait plus rassembler (…). Nous ne pouvons pas
accepter que des ‘professionnels’ de la politique, rejetés par 80% des
Français, prennent les choses en main jusqu’à décider en petit comité qui sera
notre candidat à la présidence de la république. Alors que les Français
attendent de leurs représentants politiques du courage, de l’audace et de la
persévérance, c’est la peur de perdre qui les guident. Montrons-leur que
l’envie de faire gagner la France est plus forte.»
A tous ceux qui se demandaient si Donald Trump ferait des
émules grâce à son succès acquis sur un discours populiste et démagogue, de la
dénonciation des «élites» et des soi-disant «complots», de la confiscation de la
démocratie par quelques uns contre ce «bon peuple», je dis, relisez le
communiqué.
Et à tous ceux qui sont centristes, je dis, n’oublions
jamais de faire le ménage et il y en a encore beaucoup à faire pour que le
Centre soit bien nettoyé.
Aris de Hesselin
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