Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat
international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation
humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Personne n’a oublié comportement de la presse aux Etats-Unis
lors des dernières élections présidentielles, incapable de faire face au
comportement de Donald Trump qui l’a utilisée jusqu’à plus soif mais aussi engluée qu’elle était dans de fausses
questions d’égalité de traitement et de proportionnalité des attaques vis-à-vis
de chaque candidat.
Ainsi, à chaque fois qu’un scandale était révélé à propos de
Donald Trump, c’est-à-dire quasi-quotidiennement, les journalistes s’empressaient
d’en trouver un à propos d’Hillary Clinton.
Le problème était qu’il s’agissait le plus souvent de faits
sans importance montés en épingle mais aussi le relais des «fake news», c’est-à-dire
les mensonges distillés par les «trolls» à la solde de soutiens du populiste
démagogue qui sévissaient sur internet, voire de la simple propagande venue
directement du camp de celui-ci.
Résultat de cette constante mise en parallèle complètement
illégitime des deux candidats, l’idée chez les citoyens américains, même pour
beaucoup de ceux qui ont voté pour la candidate démocrate, qu’Hillary Clinton
était malhonnête alors qu’il n’y avait aucune preuve sur la réalité de ces
mises en cause, ce qui est une des raisons majeure de sa défaite et, plus
grave, de la défaite des médias d’une démocratie face à une stratégie populiste
et démagogique pourtant des plus grossières.
Et bien, ce que l’on a appelé avec justesse, le déshonneur
des médias américains, est en train de se produire en France.
Pour prendre les trois principaux candidats, le traitement
soi-disant égal fait qu’à chaque fois que l’on parle des malversations avérées
de François Fillon – qui vient d’être mis en examen – et de Marine Le Pen – qui
refuse de se rendre à la convocation de la justice pour être mise en examen –, les
journalistes montent en épingle des faits à propos d’Emmanuel Macron qui,
rappelons-le à ces derniers n’est ni mis en examen, ni n’est impliqué dans une
affaire qui risque de l’y mettre.
Prenons le dernier exemple en date.
Le jour de la mise en examen de François Fillon pour «détournement
de fonds publics, recel et complicité de détournement de fonds publics, recel
et complicité d'abus de biens sociaux et manquements aux obligations
déclaratives à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique» et de
l’information selon laquelle Marine Le Pen aurait sous-estimé son patrimoine
pour ne pas payer l’impôt sur la fortune, voilà que, fort opportunément les médias
font leur choux-gras de l’ouverture d’une enquête préliminaire concernant un
délit de favoritisme à propos du choix d’un prestataire de service lors d’un
voyage d’Emmanuel Macron à Las Vegas lorsqu’il était encore ministre de l’Economie.
Sauf que si cette affaire est bien réelle, elle ne concerne
en aucun cas Emmanuel Macron!
En effet, le délit de favoritisme est reproché à l’organisme
public qui a organisé cet événement, Business France.
C’est son dysfonctionnement qui est mis en cause par l’Inspection
générale des finances (IGF) saisi par les autorités de tutelle et, comme l’avait
rappelé celles-ci, ni Macron, ni son cabinet, ni même le ministère de
l'Economie n’étaient impliqués dans cette affaire.
Or, la grande majorité des médias, tout en étant obligé de
reconnaître dans leurs propos l’absence de toute responsabilité d’Emmanuel
Macron (BFMTV qui relayait en boucle cette information sur son antenne écrivait
dans le même temps sur son site internet une phrase qui sent bon les rapprochements
fallacieux chers à Trump que «le candidat n'est pas directement visé, mais la
nouvelle n'en est pas moins mauvaise pour la campagne d'Emmanuel Macron», on
croit rêver!») ont choisi des titres incriminant le candidat d’En marche! de
manière scandaleuse car au mépris total de la réalité des faits et de toute déontologie
journalistique.
Qu’on en juge: «Macron à Las Vegas en 2016: ouverture d'une
enquête préliminaire» (Le Point); «Emmanuel Macron à Las Vegas: une enquête
ouverte» (France Inter); «Déplacement de Macron à Las Vegas: le parquet de
Paris ouvre une enquête préliminaire» (RTL); «Déplacement à Las Vegas: enquête
sur une soirée de Macron»
(Le Parisien); «Macron
à Las Vegas: ouverture d'une enquête préliminaire pour favoritisme» (BFMTV); «Enquête
ouverte sur une soirée à Las Vegas avec Macron en vedette» (Les Echos).
On pourrait malheureusement continuer longtemps.
On comprend que des médias qui sont de droite comme Le
Point, Le Figaro ou BFMTV s’emparent de cette information pour en faire une attaque
contre Emmanuel Macron même si l’on peut regretter leur manque de
professionnalisme.
En revanche, que des médias soi-disant indépendants
politiquement parlant comme ceux du service public les suivent dans cette
démarche n’est pas acceptable si l’on veut que le «quatrième pouvoir» d’une
démocratie joue son rôle, informer les citoyens honnêtement et sans déformation
des faits afin que ceux-ci se fassent leur opinion le plus librement possible.
En tout cas, c’est la vision du centriste que je suis.
Aris de Hesselin
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