Lagarde ou l'opportunisme jusqu'à plus soif |
Si les Français ont ben compris, en voyant l’attitude
rocambolesque et pathétique de l’UDI ces deux dernières semaines, que son
existence était totalement liée à sa condition d’excroissance modérée de LR,
Jean-Christophe Lagarde, son président, tente désespérément de faire croire à la
duperie de sa pseudo-indépendance.
Celui dont le comportement rappelle les pires pratiques
politiciennes a réussi en quelques mois à dire tout et son contraire plusieurs
fois avec un aplomb qui aurait forcé le respect si cela n’avait été que
postures et mensonges ainsi que trahison des valeurs centristes.
Et il en a était tellement ainsi qu’il est impossible de
dire quel est le positionnement politique du président de l’UDI aujourd’hui
ainsi que de la plupart des dirigeants de ce cartel électoral qui n’existe que
pour garantir la survie de notables locaux.
On sait que Lagarde est essentiellement un opportuniste à la
recherche de sièges à l’Assemblée nationale et au gouvernement, de même qu’il a
réussi à arracher à LR déboussolé par les affaires où Fillon est impliqué – et qui
augmentent de jour en jour – un accord électoral avec 96 circonscriptions
offertes à son parti dont une soixantaine de «gagnables».
Pour autant, cela ne l’empêche pas de jouer le numéro
indécent et grotesque où, tout en s’accolant complètement à la Droite quelle
que soit les positions de cette dernière, il produit des déclarations
incendiaires pour clamer que lui ce n’est pas eux mais qui n’ont évidemment
aucune consistance et qui n’ont pas vocation à être traduites dans les faits.
Rappelons qu’il avait proposé des discussions entre l’UDI et
Emmanuel Macron avant de se ranger derrière Alain Juppé en prétendant que son
parti ne pourrait jamais faire alliance avec François Fillon (et Macron, et
Sarkozy) puis de le rejoindre (dans une équipe où l’on trouve les plus fidèles
soutiens de Sarkozy…) sans même aucune négociation puis d’affirmer qu’il n’était
plus possible de le soutenir avant de le soutenir à nouveau tout en estimant,
dans ses derniers propos, qu’il fallait des gestes pour qu’il le soutienne mais
qu’il n’y avait en réalité aucun problème puisque le programme du candidat de
LR était à 80% compatible avec son positionnement…
Des contorsions tellement caricaturales que l’on se demande
où se trouve, si elle existe, la fierté politique de Jean-Christophe Lagarde.
Il a remis le couvert lors de l’émission politique de radio
où il a dit à propos de Fillon: «J'attends qu'il dise quelle est sa vision
d'une future majorité que nous construirions ensemble. Est-ce qu'une majorité
c'est un régiment aligné (...) ou est-ce qu'elle a sa diversité, sa liberté, sa
capacité d'expression?»
Voilà qui est grave d’avoir de telles interrogations quand
on est déjà allié avec ledit Fillon et LR!
Comme si on pouvait d’abord conclure un accord avant d’en
discuter le fond!
Et, ajoute-t-il «il y a besoin de gestes de François Fillon»
tout en précisant qu’«il y a 80 à 85% des choses sur lesquelles nous sommes
d'accord».
Cette attitude n’a pas l’air manifestement de gêner les
autres dirigeants de l’UDI qui font les mêmes déclarations surréalistes comme
celle, récente, de Philippe Vigier lors d’une interview au quotidien régional d’Echo
républicain où il tente désespérément de justifier tous ses retournements de
veste et qui un modèle du genre pour l’UDI puisque celle-ci l’a immédiatement
publiée sur son site internet et qu’il faut reproduire afin de bien constater
jusqu’à quel bas degré les dirigeants de la confédération centriste peuvent
aller pour brader leur fierté, leur dignité et leur responsabilité politiques.
- Vous dites,
dimanche, dans L’Écho: «Juppé sera à la hauteur» et, aujourd’hui, vous
expliquez «Pourquoi je soutiens Fillon»…
J’ai dit «il appartient à François Fillon de juger s’il a la
capacité politique de continuer», tout en précisant que «Juppé saura prendre
ses responsabilités». La suite du film, vous l’avez vue. Juppé a décliné, donc
on n’en parle plus. Maintenant, c’est simple, il n’y a plus qu’un candidat,
c’est François Fillon.
- Peut-être une
candidature avant la primaire, puis primaire avec Juppé, puis Fillon, puis de
nouveau Juppé, et maintenant re-Fillon… Vous comprenez que certains aient du
mal à vous suivre ?
Attendez, ce n’est pas moi qui suis candidat à la présidence
de la République. Je m’adapte aux circonstances. J’ai toujours dit, dès la
première heure, que je suivrais le vainqueur de la primaire de la droite et du
centre. J’ai soutenu Juppé aux deux premiers tours, c’est Fillon qui est sorti:
je suis cohérent. Je n’ai jamais annoncé qu’il fallait écarter Fillon. Je n’ai
pas pris part aux grandes manœuvres. Mercredi dernier, j’ai mis l’UDI en congé
de la campagne jusqu’à ce mardi. J’ai regretté ce qui a été révélé sur Fillon,
dit que ce n’était pas bien, qu’il y avait de la dérive et je le répète encore.
J’ai soutenu Juppé aux deux premiers tours, c’est Fillon qui est sorti : je
suis cohérent.
Les Français apprécieront certainement la grande «cohérence»
du président du groupe UDI à l’Assemblée nationale et son «adaptation aux circonstances»…
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