Emmanuel Macron |
L’alliance proposée par François Bayrou et acceptée par
Emmanuel Macron a initié une nouvelle mode dans les médias anti-Macron ainsi
que chez tous ses adversaires de gauche et de droite – et il y en a de plus en
plus depuis qu’il est devenu le favori de présidentielle –, le décrédibiliser
et l’insulter en le qualifiant de… centriste!
Pour tous ceux qui s’intéressent au Centre ainsi que pour
tous les centristes, le fait que la Gauche et la Droite fassent du mot
«centriste» une insulte n’est guère nouveau et sous-entend que celui qui l’est,
est une personne sans conviction politique, opportuniste et en quête de sièges
et de postes.
Comme ne l’est guère la tentative de séduction à chaque
élection des électeurs centristes de la part des partis de gauche et de droite
puisque pour cette même Gauche et cette même Droite, impossible de gagner dans
un scrutin majoritaire sans l’apport de leurs voix alors même que beaucoup de
ces quémandeurs, à côté de l’insulte, nient généralement l’existence d’un
Centre…
Toujours est-il que l’appellation centriste accolée à
Emmanuel Macron est le dernier avatar d’une campagne de dénigrement où, à
droite, on en fait l’héritier de François Hollande et, à gauche, le
représentant de la finance mondiale.
Ah, le bonheur de se retrouver sous les feux croisés de la
Droite et de la Gauche, situation expérimentée systématiquement par les
centristes à chaque élection ou à chaque dîner en ville!
Néanmoins, la Droite, en le gauchisant, et la Gauche, en le
droitisant, en on fait un homme central (si ce n’est centriste) sans le savoir
et lui ont attiré bien des sympathies qui lui permettent désormais d’entrevoir
les portes de l’Elysée.
Comme quoi, les attaques primaires ont souvent des effets
contraires à leurs objectifs.
Le problème, c’est qu’une partie de l’équipe de campagne de
Macron refuse de voir le mot centriste accoler à leur candidat.
Non pas parce qu’ils détestent les centristes comme c’est le
cas à gauche et à droite mais parce qu’ils ont peur que cette étiquette
disqualifie leur champion auprès de certains électeurs de gauche et de droite,
sans oublier qu’être partout et ailleurs sans être de nulle part vous permet de
ratisser très large sous le qualificatif de «progressiste réformiste» (ce qu’est
un centriste…).
Une stratégie à laquelle les centristes sont malheureusement
habitués depuis longtemps et même de la part de ceux qui se prétendent
centristes.
On se rappelle la triste déclaration de François Bayrou lors
d’une conférence de presse en 2007 où il avait affirmé que le mot centriste ne
faisait pas partie de son vocabulaire (depuis il s’est à nouveau approprié le
mot ainsi que ceux de Centre et de Centrisme).
On se rappelle qu’en 2012, à la création de l’UDI,
Jean-Louis Borloo prenait bien soin de se présenter en «républicain social» en
rejetant l’adjectif centriste alors même que les quatre-cinquièmes de ses
troupes étaient centristes.
Et ce ne sont que deux exemples parmi tant d’autres, comme
si être centriste à découvert était parfois honteux.
Toujours est-il qu’il vaut mieux – puisque le Centre n’a pas
officiellement de candidat –, de voter pour quelqu’un qui accueille les
centristes et leurs spécificités même s’il ne souhaite pas qu’on le traite de
centriste que pour d’autres, à gauche et à droite, qui n’aiment pas, n’ont
jamais aimé et ridiculisent sans cesse les centristes tout en utilisant le mot
centriste comme une insulte (rappelez-vous des propos des sarkozystes, comme
Eric Ciotti ou François Baroin, lors de la primaire LR à l’encontre de Bayrou
soutien de Juppé, sarkozystes désormais derrière Fillon).
De ce point de vue, il vaut bien mieux être François Bayrou
que Jean-Christophe Lagarde.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC
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