François Bayrou et Emmanuel Macron |
Les opposants à
Emmanuel Macron et à François Bayrou ainsi que les médias de droite et de
gauche, s’étonnent, voire se gaussent, de l’alliance entre les deux hommes,
rappelant les mots très durs du président du MoDem à l’encontre du leader d’En
marche!.
Et c’est vrai que
pendant de longs mois, François Bayrou n’a pas été tendre envers Emmanuel
Macron, allant jusqu’à parler de lui comme le candidat de la finance, une des
pires insultes qu’il peut proférer tant il est dans un rejet de l’argent
presque pathologique.
Mais deux raisons
expliquent ce que certains appellent un revirement même s’il faut rappeler qu’après
les attaques dures, Bayrou avait mis de plus en plus d’eau dans son vin les
trois derniers moins.
Ce comportement de
plus en plus accommodant venait de ce que le président du Mouvement démocrate
ne pouvait plus feindre d’ignorer la réalité.
Non seulement
Emmanuel Macron était très proche de lui politiquement parlant mais il
séduisait un nombre particulièrement important de sympathisants de son parti (c’est-à-dire
de sa personne).
Il devenait ainsi
de plus en plus compliqué, voire de plus en plus périlleux et imprudent pour
lui, de le considérer comme un repoussoir, à la fois, aux yeux des observateurs
qui n’y voyaient qu’une vulgaire stratégie politique et aux yeux des électeurs
centristes qui commençaient à n’y voir qu’une manifestation de son ambition personnelle ou, plus embêtant, de
son égo face à un homme beaucoup plus jeune qui s’installait sur son
territoire.
Néanmoins, la
raison principale de son soutien à Emmanuel Macron est d’un autre ordre, celui de la morale, d’une
autre dimension, celle de la responsabilité.
On peut ne pas être
d’accord avec la vision politique de François Bayrou – ou ne pas comprendre ce
qu’est d’être centriste – mais on ne peut lui enlever les fondamentaux de
celles-ci qu’il défend depuis des années.
Selon lui – et beaucoup
de centristes – la situation est grave pour la France et pour la démocratie
républicaine.
L’élection de
Donald Trump aux conséquences peut-être effroyables, la montée en puissance de
l’autocrate Vladimir Poutine avec ses continuelles attaques contre l’Occident
et la liberté, la force de plus en plus grande des mouvements populistes et
démagogiques dans une Union européenne au bord de la rupture et qui doit gérer
le brexit ainsi que la menace toujours aussi prégnante du Front national en France,
sur fond d’affaiblissement du lien social et de la montée d’une autonomisation
irresponsable des individus, tout cela nécessitait qu’il prenne ses
responsabilités et qu’il appelle à refuser l’élection d’une candidate d’extrême-droite,
de candidats de la gauche radicale ainsi que du candidat LR, au programme
thatchérien et fortement soupçonné de détournements de fonds publics.
Et le seul qu’il
pouvait soutenir pour faire barrage à cet aréopage inquiétant est Emmanuel
Macron.
Alors, il sera
facile de trouver des différences entre Bayrou et Macron, d’ailleurs ceux-ci ne
les ont pas niées et, même, les revendiquent.
Il sera de bon ton aux
adversaires des deux hommes de sortir et ressortir sans fin des déclarations
hostiles et ambigües qu’ils ont faites l’un sur l’autre.
Sans oublier celles
qu’ils feront sans doute sur leurs divergences plus ou moins profondes dans
certains domaines.
Mais l’essentiel
pour François Bayrou, c’est d’empêcher une grave crise en France et en Europe
en s’alliant avec un candidat centro-compatible et dont le projet et le
programme sont basés sur un juste équilibre indispensable pour réconcilier les
Français entre eux et la France avec elle-même.
Alexandre
Vatimbella
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Entièrement d'accord avec votre analyse. J'ajouterai que tous les scénarios envisagés par Bayrou se sont cassés la figure: Bayrou avait parié sur un duel Juppé-Sarkory au second tour de la primaire de la droite et sur un essoufflement rapide de la campagne de Macron. Or, la victoire triomphale de Fillon à la primaire et la popularité croissante de Macron ont réduit à la portion congrue l'espace politique disponible pour Bayrou. Et les affaires Fillon n'y ont rien changé: même si Fillon s'est affaissé dans les sondages, le noyau dur de son électorat lui reste fidèle et ne veut ni de Bayrou ni de Macron. Le ralliement de Bayrou à Macron était donc un choix résigné mais lucide et nécessaire pour éviter une dispersion des voix qui pénaliserait les candidats progressistes et favoriserait l'extrême droite.
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