Jean-Christophe Lagarde |
Maintenant que
Macron et Bayrou devrait sceller une alliance dans les prochains jours, l’UDI
doit se demander comment elle va justifier une alliance avec François Fillon
auprès des sympathisants et des électeurs centristes alors même que le moment
pourrait être historique pour le Centre avec un homme totalement
centro-compatible qui pourrait s’installer à l’Elysée, ce même homme qu’elle
appelait, par la voix de ses dirigeants, voici quelques mois, à la rejoindre!
Les réactions
extrêmement agressives à la nouvelle que Bayrou ne se représentait pas une
quatrième fois à la présidentielle et donc qu’il ne prendrait pas des voix à
Macron ainsi et surtout que de son rapprochement avec ce dernier reflète en grande
partie cet embarras.
Mais aussi cette
terrible fuite en avant pour défendre ce qui apparait désormais comme l’indéfendable,
c’est-à-dire à un ralliement pur et simple à un homme absolument pas
centro-compatible, qui n’aime pas les centristes, qui est englué dans des
affaires de détournement d’argent public – un domaine où les centristes sont
pourtant d’une extrême sensibilité – et proposant un programme de droite
radicale totalement antinomique avec les positions centristes sur de nombreux
points.
D’autant qu’une
partie des troupes de l’UDI a déjà franchi le Rubicon en rejoignant Emmanuel
Macron, bien avant Bayrou et le MoDem, ainsi que quelques personnalités qui
comptent comme Jean Arthuis.
Il suffit de lire l’inanité
et l’incohérence des propos de Jean-Christophe Lagarde lors d’un entretien au
Point en réaction à cette alliance Bayrou-Macron.
Il affirme d’abord,
que toutes les troupes du MoDem étaient déjà chez Macron, ce qui est contredit
par tous les sondages.
Ensuite que Bayrou
vise Matignon – ce qui est faux, la seule ambition réelle du président du MoDem
est l’Elysée – mais qu’il ne pourra pas être de toute façon premier ministre
parce qu’il faut être le chef du parti majoritaire à l’Assemblée nationale pour
y prétendre, ce qui est une pure invention puisque c’est le président qui est
dans ce cas et qu’un homme comme Raymond Barre, que Lagarde prétend admirer ne,
l’était pas quand il est devenu premier ministre de Valéry Giscard d’Estaing qu’il
prétend également admirer.
Enfin que Bayrou en
rejoignant un homme qui n’a pas de programme – ce qui est faux – et qui est dans une posture bonapartiste – ce
qu’aucun comportement de Macron n’étaye –, tout en expliquant que lui, Lagarde,
disait du bien de Macron voici peu (sic!), n’est pas une démarche centriste
oubliant évidemment son propre ralliement au seul parti bonapartiste de l’échiquier
politique, LR!
Avec de tels
arguments, c’est sûr que les dirigeants de l’UDI vont passer pour de vulgaires
politiciens, pire des clowns tristes.
Mais n’est-ce pas
la réalité, eux qui n’ont même pas attendu une seule seconde pour faire
allégeance à François Fillon lorsqu’il gagna la primaire LR alors que son
programme était, selon leurs dires, beaucoup trop à droite la veille…
S’il ne faut pas
être dupe du renoncement de Bayrou qui concerne moins l’avenir de la France,
malgré ses dires, que son impossibilité de bien figurer dans la présidentielle,
il ne le faut pas, non plus, de la posture de l’UDI qui s’est rangée uniquement
derrière Fillon pour ramasser des sièges de députés et récupérer des
strapontins ministériels sans trop se préoccuper du programme de Fillon et des
gens qui l’entourent en laissant de côté ce qui leur reste de convictions et
qui auraient du les amener à envisager une alliance (et non pas un ralliement
comme avec Fillon) avec Emmanuel Macron, en tout cas, l’ouverture de
discussions sérieuses pour savoir s’il était possible de s’entendre.
Dès lors, si, à l’issu
du premier tour, il manque quelques points au fondateur d’En marche! pour se
retrouver au second tour, l’UDI portera une lourde responsabilité dans l’échec
d’une candidature de l’axe central et indiscutablement centro-compatible.
Alexandre
Vatimbella
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