Et ces adversaires
de gauche et de droite de se lécher les babines en se disant que l’on va enfin
pouvoir se débarrasser du sale gosse, celui qui veut jouer dans la cour des
grands et qui les empêche de faire leur petit business politique entre eux «as
usual» afin de revenir à leur normalité et non à sa disruption.
Mais ils pourraient
bien avoir tort.
D’abord sur les
sondages.
Ceux dont se
gargarisent les équipes de campagne des candidats de droite et de gauche pour
annoncer la mort politique prochaine de Macron – relayés en cela par leurs
médiasphères respectives –, sont essentiellement ceux que publient chaque jour
les instituts Opinionway et Ifop, ces fameux «rolling» dont l’exactitude doit
être, encore plus que pour les autres, discutée sur le court terme.
Or que disent, les
derniers, ceux de vendredi?
Que Macron est
toujours en deuxième position mais avec un point de moins et se retrouve à
égalité avec Fillon.
Ce n’est pas du
tout la chute vertigineuse annoncée par certains.
D’autant que tous
les autres sondages montrent le contraire c’est-à-dire, sauf à les triturer
pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils disent, que la dynamique Macron
existe toujours et n’a guère faibli.
Dès lors, la baisse
sondagière du leader d’En marche! ne s’est pas encore produite, si elle se
produit.
Ensuite, les
polémiques.
Celles-ci, par
définition, sont créées de toute pièce et n’existent pas «naturellement».
En général – mais l’ère
post-vérité et des faits alternatifs nous montrent aussi le contraire – il convient
évidemment qu’il y ait quelque chose sur lequel on lance des polémiques.
Que certains propos
et gestes d’Emmanuel Macron aient permis de les susciter est certain.
Qu’il les ait souhaitées,
c’est aussi à peu près sûr, notamment celle sur la colonisation pour permettre
le basculement d’un affrontement entre lui et Fillon pour la deuxième place, la
bataille des outsiders, à un affrontement entre lui et Marine Le Pen pour la
première, la bataille des leaders, tout en se posant comme celui qui subit les
attaques virulentes et inacceptables du Front national mais aussi qui est le
mieux placé pour être le rempart à l’extrême-droite.
De ce point de vue,
il a parfaitement réussi son coup.
Que ces polémiques
soient justifiées et honnêtes, c’est une autre question.
Que les médias les
reprennent pour faire le buzz, ce n’est plus une surprise, surtout que la
plupart d’entre eux sont plutôt hostiles à Macron.
Il suffit de lire l’ensemble
des articles qui leurs sont consacrées pour voit avec quel empressement les
journalistes parlent des problèmes de Macron et d’un possible tournant négatif
de sa campagne voire de son prochain effondrement.
Quelles sont ces
polémiques et que disent-elles sur le fond?
Il y a
essentiellement les propos sur le caractère de la colonisation, ceux sur les
participants à la Manif pour tous
En ce qui concerne
la colonisation qui pourrait être, selon lui, un crime contre l’humanité
reproché à l’Etat français (et non à des particuliers), tout ceci est une
affaire de point de vue mais surtout d’un débat qui doit être dépassionné.
Reste qu’en le
lançant, Macron savait qu’il ferait des vagues et ils les voulaient comme on l’a
vu plus haut.
De même, il a
réussi à s’excuser pour ses propos tout en réaffirmant qu’il n’avait pas besoin
de s’excuser, ce qui a permis toutes les interprétations possibles sur ces
déclarations, ce qui est évidemment tout aussi voulu par le leader d’En marche!...
En ce qui concerne
le mauvais traitement que l’on aurait réservé aux participants de la Manif pour
tous, Macron voulait ici se positionner comme celui qui peut réconcilier les
Français sur une question qui les a largement séparés tout en rappelant que s’il
ne fallait pas stigmatiser les gens qui ne pensent pas comme vous, il était un
défenseur sans aucune faiblesse de la communauté LGBT.
Là aussi, Emmanuel
Macron cherchait à faire le buzz pour créer une polémique afin de se poser en
réconciliateur mais également en progressiste.
Les jours qui
viennent diront si cette nouvelle stratégie – ou nouveau niveau de sa stratégie
globale – est bonne en donnant le résultat escompté, faire définitivement de sa
personne le centre de la campagne électorale tout en le présentant comme celui
qui refuse une France crispée et qui prône la réconciliation.
Mais elle recèle
également d’un danger, sans doute connu des équipes du candidat,
non-négligeable.
En faisant de
Macron la cible de toutes les attaques, venues de tout l’échiquier politique,
il n’est plus le prétendant qui est en-dehors, le challenger qui ne fait pas
partie du système comme il a bâti jusqu’à présent son personnage.
Du coup, le côté
romantique et rebelle de sa candidature risque d’en souffrir.
Or il était jusqu’à
présent un ingrédient essentiel de celle-ci.
Mais, en tout état
de cause, ce que les adversaires d’Emmanuel Macron ont pris pour des
maladresses voire des fautes étaient sans conteste des actes et des propos
réfléchis.
Alexandre
Vatimbella
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