François Bayrou & Emmanuel Macron |
C’est sans doute la
semaine où la décision de François Bayrou va se décider définitivement.
Non pas dans sa
conscience profonde et dans sa réflexion gaullienne de servir la France mais
dans l’observation minutieuse des intentions de vote en faveur d’Emmanuel
Macron ainsi que dans son image médiatique.
Pour pouvoir se
présenter, avoir une chance de figurer dans le peloton de tête, voire d’avoir
celle de figurer au second tour, le président du MoDem doit espérer – comme il
le répète depuis des mois – l’effondrement du phénomène Macron.
Or, celui-ci, s’il
doit survenir, devrait commencer à se manifester au moment où les intentions de
vote en faveur du leader d’En marche! connaissent, non pas une baisse, mais un
palier, et où ses adversaires politiques le pilonnent avec une presse beaucoup
plus offensive à son encontre.
Si, dans les jours
qui viennent, la fragilité de Macron apparait avec des intentions de vote plus
proches de 15% que de 20% avec une incapacité de la part de sa campagne d’insuffler
une nouvelle dynamique et de tourner la page des polémiques, Bayrou aura une
fenêtre de tir évidente.
Pour autant,
peut-il remplacer Emmanuel Macron, c’est-à-dire récupérer son positionnement
politique et, surtout, son électorat potentiel?
S’il parait assez
facile pour le président du MoDem de s’assoir dans le fauteuil de Macron comme
celui-ci s’est installé dans le sien, rien n’est moins sûr quand à récupérer
ses sympathisants.
Ceux-ci constituent
six groupes: ceux qui viennent de la gauche modérée et du PS, ceux qui viennent
du Centre sans se référer aux partis qui s’en réclament, ceux qui viennent du
MoDem, ceux qui viennent de l’UDI, ceux qui viennent de la droite modérée et de
LR et ceux qui affirment n’avoir pas de préférence partisane.
Bien entendu, il
devrait s’attacher une grande partie de ceux qui viennent du MoDem et qui
retourneront au bercail et une partie non-négligeable de ceux qui n’ont pas de
préférence partisane.
En revanche, malgré
le fait qu’il les avait séduits en 2007, ce sera beaucoup plus difficile de s’attacher
une majorité de ceux qui viennent de la gauche modérée et du PS ainsi que des indépendants
du Centre et impossible pour ceux qui viennent de l’UDI ainsi que de la droite
modérée et de LR.
Les premiers
repartiraient pour beaucoup du côté du PS malgré la candidature Hamon parce que
Bayrou est pour eux un homme de droite ou un opportuniste, les seconds sont
généralement peu enclins à voter Bayrou à qui ils ne donnent pas la stature d’un
homme d’Etat, les troisièmes sont dans un véritable et très large rejet de
celui qu’ils estiment fait perdre systématiquement le Centre à chaque élection
et les quatrièmes, à part une petite partie des sympathisants d’Alain Juppé, ne
veulent plus entendre parler d’un homme qui n’arrête pas de stigmatiser leur
parti et leurs convictions politiques.
On peut estimer,
dès lors, qu’il peut récupérer un tiers des possibles électeurs d’Emmanuel
Macron, soit environ 7% des intentions de vote dans des sondages qui lui donnent
actuellement 5% d’intentions de vote.
L’addition des deux
pourcentages fait 12%, ce qui correspond d’ailleurs au niveau haut des
intentions de vote qu’il recueillait dans les enquêtes sur la présidentielle
avant la montée en puissance de Macron.
Bien sûr, cela fait
une base intéressante mais loin d’être suffisante pour espérer être au deuxième
tour ou même être au cœur de la bataille de la présidentielle.
Sauf si cette base
insuffle une dynamique électorale, ce qu’espère évidemment François Bayrou.
Reste que ce
raisonnement demeure largement hypothétique et inclut plus ou moins le retrait
de Macron de la course à la présidentielle.
Or, même si ce
dernier devait connaître un trou d’air violent, voire même ne pas pouvoir
remonter la pente, rien n’indique qu’il renoncerait, ni même qu’il ait un
intérêt à la faire s’il veut avoir un avenir et un destin politiques.
Pour autant, cela
demeure la seule lueur d’espoir pour François Bayrou de se déclarer, pour la
quatrième fois, candidat à l’Elysée.
Alexandre
Vatimbella
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