Appeler la presse l’ennemie du peuple, après avoir fustigé
les juges comme mettant en jeu la sécurité du pays, comme vient de le faire
Donald Trump est l’apanage des apprentis dictateurs.
La première décision que prend un régime totalitaire est de
supprimer la liberté de la presse au motif que des journalistes indépendants
sont un danger pour le nouveau régime et le pays (concomitamment à celle de
s’attaquer à l’indépendance de la justice).
A peine moins d’un mois après sa prise de fonction, le
populiste démagogue est en train de mener son pays – la première puissance
mondiale! – au chaos devant une opinion mondiale médusée et des médias
incrédules.
Sans parler de tous les scandales qui sont découverts tous
les jours et tous les soupçons sur d’autres bien plus graves.
D’autant que Trump n’est pas seulement dangereux pour son
inclinaison autoritaire, il l’est également par son incompétence, sa
méconnaissance des dossiers et, pour certains, ses problèmes mentaux.
Un Trump au taux d’approbation le plus bas de tous les
présidents américains au même moment de leur mandat.
Ainsi euls 39% des Américains ont une opinion positive de
lui (contre 56% qui en ont une négative).
Par comparaison, Barack Obama avait 64% d’opinions positives
au même moment de sa présidence, George H Bush, 63%, Bill Clinton, 56%, Ronald
Reagan, 55% et George W Bush, 53%.
C’est pourquoi la résistance doit être de mise pour tous
ceux qui veulent défendre la démocratie qui est en danger réel n’en déplaise à ces
idiots utiles qui continuent à prétendre que tout cela se tassera, que le
bonhomme va se calmer et que la raison l’emportera alors que tout va en
empirant.
Car rappelons deux fondements essentiels pour que la
démocratie existe.
Le premier est que la majorité ne peut pas faire ce qu’elle
veut, elle doit respecter les règles démocratiques dont la principale est qu’elle
ne peut supprimer la démocratie, qu’elle n’en a pas la légitimité parce que
cela reviendrait à utiliser son pouvoir contre le régime qui le lui a donné, ce
qui serait évidemment une aberration juridique (seule une décision à 100% de la
population pourrait être valide nonobstant que celle-ci priverait les
générations futures d’une liberté ontologique à chaque individu).
Un vote par un Parlement ou par référendum ainsi qu’une
décision d’un gouvernement qui y procèderaient seraient évidemment illégaux par
conséquent.
Cela veut dire que le président élu, même par une majorité
d’électeurs – ce qui n’est pas le cas de Trump, rappelons-le encore une fois –
et légalement – ce qui est son cas – n’a pas le droit d’utiliser son pouvoir
pour attaquer les fondements de la démocratie au nom de la démocratie,
fondements dont font évidemment partie la liberté de pensée et d’opinion, la
liberté de parole et donc la liberté de la presse.
Et un président d’une démocratie n’a pas le droit d’affirmer
que la presse est l’ennemie du peuple.
Le deuxième est l’absolue protection de la minorité et de
ses doits.
Pour reprendre
l’exemple précité sur les limites de la majorité (ou de celui ou ceux qui la
représentent), si sur cent personnes, quatre-vingt-dix-neuf décidaient de
supprimer leur liberté, elles ne pourraient supprimer celle de la centième qui
souhaiterait la garder.
Cette règle marche en sens inverse également: si sur centre
personnes, une seule n’est pas libre, nous ne sommes pas en démocratie.
Car la démocratie n’est pas le règne de la majorité,
contrairement à certaines visions manichéenne mais un état de droit que même la
majorité ne peut changer à son bon vouloir parce qu’il défini le système
lui-même.
La démocratie est le gouvernement de la majorité – du
peuple, par le peuple et pour (tout) le peuple – dans le cadre de cet état de
droit avec la protection des droits de la minorité.
S’il faut faire un cour de droit constitutionnel quotidien
pour éviter les dérives inquiétantes de Donald Trump ainsi que celles qui
suivraient une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle française, je le
ferai sans aucun problème comme le feront avec moi tous les démocrates qui ne
doivent pas avoir peur d’afficher ce en quoi ils croient et de se battre pour,
même face à un atmosphère parfois irrespirable et nauséabonde de populisme et
de démagogie.
Et ce, même si le peuple n’était pas d’accord puisque la
démocratie c’est la liberté inaliénable de l’individu, combat de tous les
centristes par ailleurs.
Ce qui est angoissant pour un démocrate comme moi c’est peut-être,
qu’in fine, ce seront les militaires qui sauveront les Etats-Unis de l’entreprise
cataclysmique de Trump.
Ainsi, récemment, le général Tony Thomas qui commande les
forces spéciales américaines a déclaré que le gouvernement était dans un
incroyable tourmente et qu’il souhaitait que celui-ci soit aussi «stable que
possible» pour le bien du pays.
Qui aurait pu croire qu’un général américain dirait cela de
son propre gouvernement et vis-à-vis de son propre pays il y a seulement deux
mois?!
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