Incapable de présenter un candidat à la présidentielle,
incapable de peser sur la primaire LR (une majorité de ses membres avaient
choisi Juppé tandis que le reste s’était surtout porté sur Sarkozy ou Le Maire…),
incapable de faire bouger d’un iota le soi-disant intouchable programme de
Fillon (qu’il a pourtant remanié plusieurs fois face à une baisse dans les
sondages…), l’UDI – dont on ne sait pas très bien ce qu’elle représente en
terme électoral, sans doute autour de 5% selon une dernière enquête d’Ipsos –
réclame pourtant cent circonscriptions gagnables à Fillon pour les législatives
de juin prochain contre son soutien pour la présidentielle.
Ainsi, Jean-Christophe Lagarde s’est livré à un exercice de
calcul assez osé lorsqu’il a déclaré sur France 2 «Il y a entre 250 à 300
sièges que nous pouvons espérer emporter. Il serait normal que le centre
représente entre 90 et 100 sièges de ces circonscriptions basculables».
Ce qui signifierait que l’UDI veut représenter un tiers de
la futur majorité, de quoi être maître de celle-ci et de son calendrier car
dans ce cas de figure LR n’aurait pas la majorité absolue à lui tout seul.
A titre de comparaison, actuellement, le groupe UDI à l’Assemblée
nationale est composé de 28 députés et si on prend les 5% précités, sa
représentation «juste» serait de 29 députés!
On ne sait si cette demande qui parait quelque peu
exorbitante en regard de la force politique de la confédération centriste est
un baroud d’honneur pour ne pas paraître trop minable ou une réelle demande
qui, si elle n’est pas satisfaite, pourrait amener un clash avec le candidat LR
et remettre en cause, plus ou moins, son soutien à celui-ci dont, déjà, le
programme est peu centro-compatible comme l’a pointé avec justesse François
Bayrou.
Elle pourrait également être une simple volonté de
reconnaissance comme l’explique la sénatrice UDI Valérie Létard: «Je suis,
comme tous mes collègues, déterminée à ce qu’on retrousse nos manches pour
gagner cette élection présidentielle. Mais encore faut-il que nous soyons
reconnus à notre juste place sur le projet, mais aussi sur les investitures
dans des territoires où nous sommes extrêmement présents».
Car, comme l’a reconnu benoîtement, Lagarde, après une
rencontre avec François Fillon, «Pendant plus d'une heure dix (ndlr: on
appréciera la précision…), nous avons échangé sur le programme. Notre volonté,
c'est de pouvoir non pas amener une dose de centrisme, mais simplement dire
'voilà des sujets sur lesquels nous voulons amplifier, ajouter ou préciser le
programme'».
Mais il semble que la réponse est, pour l’instant, une fin
de non recevoir.
Comme l’a expliqué crûment le sénateur LR, Alain Joyandet,
proche de François Fillon, dans le plus pur style d’un droitiste méprisant avec
les centristes: «ils ont 20 députés pour l’instant (ndlr: 28!), 50 c’est
beaucoup plus que le double. (…) Notre majorité ne peut pas dépendre de ce
partenaire dont on sait très bien qu’il est quand même sujet à changement de position
sur tel ou tel sujet. S’ils ne sont pas très importants dans la nouvelle
majorité, du moins pas autant qu’ils le souhaitent, et si notre majorité
absolue ne dépend pas d’eux, cela leur donnera d’autant plus de liberté pour
prendre les positions qui sont habituellement les leurs».
On appréciera à l’UDI cette déclaration d’un «partenaire»…
Pour l’instant, LR ne propose que cinquante circonscriptions
gagnables à l’UDI, gagnables ne voulant évidemment pas dire sûres.
Surtout, on l’a bien compris, LR n’offrira pas à l’UDI le
pouvoir de bloquer la majorité pendant les cinq ans à venir en cas de victoire
à la présidentielle et aux législatives.
Mais, il est à parier que l’UDI, comme d’habitude, rentrera
dans le rang.
Alexandre
Vatimbella
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