débat télévisé de la primaire de la Gauche |
Il y a quelques
mois, au PS, il y avait un candidat centro-compatible évident à la
présidentielle, il s’appelait Manuel Valls.
C’était aussi l’époque
où l’on prédisait encore que François Hollande se représenterait malgré ses
très mauvais sondages et que, donc, Valls se tiendrait prêt pour 2022.
Et puis le
président sortant a jeté l’éponge et c’est son premier ministre, homme
ambitieux et pressé, qui l’a ramassé avec une certaine gourmandise mais aussi
une forte appréhension pour relever le défi dès cette année.
Non pas qu’il
pense, ainsi qu’il l’affirme, qu’il peut retourner la situation et qu’il peut l’emporter,
ni même se retrouver au second tour, mais parce qu’il faut qu’il y aille, qu’il
montre son courage et se positionner pour 2022.
Ce pari de l’avenir
n’est même pas gagné car Valls risque de passer à la trappe dès le premier tour
de la primaire du PS et, s’il est un des deux finalistes, il y a de fortes
probabilités qu’il soit battu.
Avec son score de
5% à la primaire de 2012, un nouvel échec serait désastreux pour sa future
ambition présidentielle.
Nous n’en sommes
pas encore là.
En revanche, au
cours de la dernière année, Manuel Valls, d’abord en tant que Premier ministre
puis en tant que candidat à la primaire de son parti, s’est beaucoup gauchisé.
Alors qu’il se
voulait social-réformiste, c’est-à-dire une sorte de social-démocrate plus à
droite, se positionnant à cheval entre le Centre et la Gauche et faisant partie
de cet axe central qui allait de lui à Alain Juppé en passant par François
Bayrou, le voilà désormais un rocardien de gauche, au discours beaucoup plus
égalitariste et étatiste qu’auparavant.
Cette volonté
délibérée de revenir aux fondamentaux de la deuxième gauche et de la Gauche
tout court, de jouer sur une image assez paradoxale de «rassembleur» pour celui
qui a transgressé le dogme socialiste a été prise pour deux raisons
essentielles:
- L’obligation de
tenir un discours et de prendre des décisions, en vue de la présidentielle et
des législatives de cette année, d’envoyer des signes à son camp politique et
aux électeur du Parti socialiste afin de les rassurer et leur dire qu’il n’y
avait pas de dérive droitière de sa part, juste un positionnement «responsable»,
c’est-à-dire d’en finir avec cet angélisme de gauche et cette idéologie
déconnectée du réel pour réellement réformer la France et la protéger des
dangers extérieurs.
- La montée en
puissance d’Emmanuel Macron, son ministre de l’Economie qu’il a d’abord adoubé
comme une sorte de jeune loup qui se mettait dans ses pas.
Puis, quand ce
jeune loup a attiré l’attention des caméras, des micros et des stylos, Valls s’est
rendu compte un peu tard qu’il avait déjà grignoté une grande part de son
espace.
Il en a voué un fort
ressentiment à l’égard de Macron.
D’abord parce qu’en
voulant moderniser la Gauche à l’instar de son mentor Michel Rocard, il avait
essuyé les plâtres et était devenu l’archétype du social-traître pour l’extrême-gauche
et la gauche radicale.
Si ces critiques n’étaient
pas dangereuses, bien au contraire, il les souhaitait comme un brevet de
réalisme et d’homme d’Etat, celles venues du PS et qui se firent de plus en
plus dures, le heurtèrent et, surtout, le firent baisser dans les sondages.
Ce qui n’était
absolument pas le cas pour Emmanuel Macron, bien au contraire.
Et ce dernier,
après lui avoir volé son espace médiatique dans un premier temps, lui a volé,
dans un deuxième, une très grosse partie de son espace politique.
Quand le dernier
sondage donne 9% d’intentions de vote à Manuel Valls au premier tour de la
présidentielle contre 17% à 21% pour Emmanuel Macron, quand certaines enquêtes
montrent l’ancien ministre de l’Economie proche des deux premiers et une
possible présence au second tour alors que l’ancien premier ministre se
retrouve derrière Jean-Luc Mélenchon, on comprend que le ressentiment doit être
très profond et même une forme d’injustice que l’un puisse tirer les marrons du
feu et l’autre se prendre ne claque alors qu’ils ont gouverné ensemble...
Toujours est-il que
le Manuel Valls de 2017 est un socialiste pratiquement comme les autres, un peu
moins transparent que Vincent Peillon, un peu moins à gauche que Benoît Hamon
et nettement moins populiste qu’Arnaud Montebourg (les autres candidats à la
primaire du PS n’étant pas socialistes et n’ont aucune chance de représenter le
parti à la présidentielle).
Le «pratiquement»
est une nuance importante toutefois.
Elle dit que Valls
est différent dans son approche des problématiques politiques et dans sa
manière d’envisager le gouvernement du pays.
Si, aujourd’hui, il
tient un discours de gauche beaucoup plus traditionnel, c’est pour se refaire
une image positive chez les sympathisants du PS.
On pourrait donc en
conclure qu’il demeure malgré tout centro-compatible.
Pour autant, sa
candidature à la présidentielle pourrait gêner celle d’Emmanuel Macron et l’empêcher
d’avoir une chance de se retrouver au second tour (comme celle de Bayrou
pourrait faire de même mais à droite de l’électorat du leader d’En marche).
En revanche, comme
les sondages l’indiquent, une victoire d’Arnaud Montebourg ou de Benoît Hamon,
augmente très nettement les chances de Macron de créer la surprise en avril
puis en mai prochains.
Pour le centriste
qui souhaite voter à cette primaire ce dimanche 22 janvier, le choix est donc
entre voter pour le plus proche du Centre (Valls), tout en sachant qu’il s’en
est tout de même éloigné et qu’il pourrait mordre sur les électeurs de Macron
et même de Bayrou si ce dernier se présente ou pour les plus éloignés de l’espace
central (Montebourg ou Hamon) afin d’augmenter les chances de Macron (et/ou de
Bayrou).
Alexandre
Vatimbella
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