A l’inverse de François
Bayrou en 2007, dont la candidature avait été soutenue ou, tout au moins,
traitée avec bienveillance par les médias, Emmanuel Macron n’a pas bénéficié,
ne bénéficie pas et ne bénéficiera pas de l’appui des journalistes pour cette
présidentielle.
Cette affirmation
n’est qu’un simple constat sans appréciation particulière de leur comportement.
Rappelons que lors
de la présidentielle de 2007, Bayrou, positionné au centre à défaut d’être
toujours centriste, avait bénéficié d’une couverture plus que positive qu’il
lui avait permis de devenir le troisième homme de l’élection à la grande
surprise des analystes, sans doute pour introduire un candidat plus
média-compatible que Ségolène Royal et Nicolas Sarkozy dont les personnalités
étaient pour le moins peu appréciées par le milieu journalistique.
En 2017, si
Emmanuel Macron, représentant de l’espace central et positionné ni gauche-ni
droite ou comme progressiste face au conservatisme, est devenu le troisième
homme de la présidentielle et qu’il a une chance d’être présent au second tour
voire d’être élu, ce sera en grande partie sans l’aide des médias, voire contre
eux.
Bien sûr, s’il a
été connu du grand public après avoir été nommé ministre de l’Economie par
François Hollande, c’est en grande partie grâce aux médias.
Cependant, sa
notoriété, il ne la doit pas à des articles élogieux mais à une
instrumentalisation dont il a été l’objet et sur ce qu’il disait et ce qu’il
faisait.
Dans un premier
temps, ainsi, ce sont les médias de droite qui se sont emparés de sa
transgression politique quand il était au gouvernement pour le mettre dans les
pattes de la Gauche.
Son discours
libéral, ses oppositions avec la gauche archaïque, le remue-ménage que cela créait
dans les allées gouvernementales et au PS étaient du pain béni pour ceux-ci.
Puis, sondages
aidant qui montraient une grande popularité de Macron auprès des sympathisants
de la Droite et du Centre, ce sont les médias de gauche qui l’ont mis en avant
comme celui qui pouvait faire imploser LR et donner une chance à la Gauche en
2017, non pas en se présentant mais en étant un missile anti-droite qui
favoriserait le candidat de la Gauche.
Mais rien ne s’est
passé comme prévu pour les uns et les autres.
Quand les premiers comme
les seconds se sont aperçus qu’au lieu de servir leurs intérêts respectifs, ils
les mettaient en danger, ils ont tourné casaque et sont devenus des critiques
particulièrement acerbes et systématiques du fondateur d’En marche.
Si ce comportement
a vu le jour avant qu’Emmanuel Macron ne décide à se présenter à la
présidentielle, il s’est largement intensifié depuis qu’il a annoncé à
candidature.
Une simple lecture
du Figaro ou du Monde suffit pour s’en rendre compte, ou celle du Point ou du
Nouvel Obs où les piques et les sous-entendus sont légions.
Il faut ajouter, qu’à
la différence de 2007, l’heure n’est plus à favoriser un candidat consensuel
dans la presse mais plutôt ceux qui sont clairement clivés.
Emmanuel Macron
n’est ainsi pas le candidat des médias et s’il réussit son entreprise ce sera
malgré les médias dont beaucoup doivent se mordre les doigts d’avoir fait sa
publicité et sa promotion pensant alors qu’ils jouaient en faveur de leur camp
en gênant le camp adverse.
Aujourd’hui, avec
un score proche des 20% ou bien au-dessus dans les sondages, les médias ne peuvent
plus l’ignorer s’ils le souhaitaient pour le ramener à l’anonymat.
En revanche, ils
peuvent s’en donner à cœur joie dans la critique afin d’essayer de crever cette
«bulle» ou de détruire ce «phénomène» avant qu’il s’impose comme le favori de
la présidentielle.
Au risque, bien
sûr, pour ceux qui veulent l’enterrer de cette manière d’au contraire le
promouvoir encore plus «à l’insu de leur plein gré»!
Tout ce que nous
venons de dire n’enlève pas le fait qu’Emmanuel Macron a besoin que les médias
parlent de lui pour exister.
Cependant l’on sait
bien qu’à partir d’un certain niveau de médiatisation d’une personnalité,
l’important n’est pas ce que l’on dit en bien ou en mal d’elle qui compte mais
simplement que l’on parle d’elle et de ce qu’elle propose.
L’exemple de Donald
Trump aux Etats-Unis est évidemment le plus spectaculaire mais il ne faut pas
oublier celui de Bernie Sanders, toujours en Amérique, ou de Marine Le Pen et
de Jean-Luc Mélenchon en France, sans bien sûr faire de comparaison entre les
personnes, juste dans celui d’un certain ostracisme des médias à leur encontre.
Certains vont dire
que, non seulement, on voit Macron tout le temps dans les médias mais qu’en
plus, il sait très bien les utiliser en prenant comme exemple ses apparitions
avec sa femme dans la presse people, notamment dans Paris Match.
Il est évident
qu’il sait effectivement se mettre en valeur dans les médias, mais, savoir les
utiliser n’est pas du tout la même chose que de les avoir avec soi.
D’autant qu’il sait
aussi très bien que dorénavant il est une sorte de vache à lait pour les médias
qui vont faire le buzz, des ventes supplémentaires ou un bon taux d’audience,
grâce à lui.
Sans doute que des
révélations sulfureuses par les journalistes pourraient avoir des conséquences
néfastes sur l’homme et sa candidature et sans nul doute que beaucoup d’entre
eux les recherchent.
Mais, pour
l’instant, le vainqueur de cette confrontation qui ne dit pas son nom, c’est
bien lui.
Alexandre Vatimbella
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