François Bayrou & François Fillon |
D’un côté, on a le
président du Mouvement démocrate qui réserve sa décision pour mi-février de
soutenir le candidat LR pour la présidentielle ou d’y aller lui-même, tout en
critiquant de plus en plus fortement, de manière systématique et sans
concession, et ce dernier, et son programme dans les médias.
De l’autre on a le
candidat LR qui voudrait bien que le président du MoDem lui offre son soutien
sans aucune contrepartie pour, à la fois, éliminer le risque de perdre quelques
pourcents qui pourraient être essentiels pour se qualifier pour le second tour,
contrecarrer le plus possible la montée en puissance de la candidature
d’Emmanuel Macron mais aussi sans avoir Bayrou comme allié encombrant, lui qui
a déjà fait perdre Alain Juppé lors de la primaire de la Droite.
Ainsi, François Fillon veut le beurre et l’argent du beurre
comme il l’a dit lui-même de manière à peine détournée lors de sa présentation
des vœux, ce mardi 10 janvier: «Je ne négocierai pas des morceaux de programme
contre des circonscriptions».
Et ces fidèles lieutenants, de Thierry Solère à Benoît
Retailleau, ont suivi immédiatement en validant les déclarations de leur chef pour
affirmer qu’il n’y avait et qu’il n’y aurait aucune négociation entre Fillon et
Bayrou sur quoi que ce soit (seul le ton, plus amène chez certains que d’autres,
est différent).
Les fidèles lieutenants du président du MoDem ont été
l’unisson, déclarant que rien n’était sur une table qui n’existe d’ailleurs
pas…
Seul le pauvre Philippe Vigier, «porte-parole» UDI de
François Fillon a dit qu’il fallait négocier sans qu’évidemment personne ne
l’écoute, ni ne le prenne au sérieux.
Car, ni le camp Bayrou, ni le camp Fillon n’ont intérêt à se
lancer dans des négociations de marchands de tapis où Bayrou soutiendrait
Fillon en échange d’un programme plus centro-compatible et des
circonscriptions, ce qui permettrait à Fillon de récupérer les voix de Bayrou
ainsi que son silence lors de la campagne électorale.
Si tel était le cas, François Bayrou perdrait beaucoup de sa
crédibilité auprès de ses sympathisants qui ne comprendraient pas comment un clone
de Sarkozy dont le programme est encore plus à droite serait soutenable.
Quant à François Fillon, il apparaîtrait faire exactement la
même chose qu’Alain Juppé, s’allier avec celui qui est responsable, selon les
militants de LR et une grande partie de ses sympathisants, de la défaite de
leur candidat, Nicolas Sarkozy, en 2012 face à François Hollande.
La meilleure situation pour François Bayrou serait que, dans
les semaines qui viennent, Emmanuel Macron marque le pas dans les enquêtes
d’opinion, que Manuel Valls gagne la primaire socialiste et que François Fillon
se radicalise encore plus et qu’il continue à perdre des points dans les
sondages pendant que lui en gagnerait.
Tout cela lui permettrait de pouvoir se présenter une
quatrième fois à la présidentielle avec des chances de ne pas trop mal figurer.
La meilleure situation pour François Fillon serait que, dans
les semaines qui viennent, Emmanuel Macron reste stable dans les sondages sans
trop monter, que Manuels Valls soit le candidat du PS, que sa cote remonte dans
les enquêtes d’opinion ou ne baisse plus pendant que celle de François Bayrou
demeure basse et que ce dernier renonce de lui-même et sans qu’il soit
nécessaire de lui proposer un quelconque accord de se présenter en avril
prochain.
Tout cela lui permettrait d’être le candidat républicain et
pas seulement d’un parti qui s’appelle Les républicains, quand il faudra
affronter Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, le 7 mai prochain.
Alexandre
Vatimbella
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