Vous vouliez un président américain menteur, grossier, incapable,
ami des autocrates et d’extrême-droite, réjouissez-vous, vous l’avez!
Et dès le premier jour de sa présidence, Donald Trump a
menti et insulté la presse.
Ça vous étonne?
Tous les «experts» imbéciles qui affirmaient que la fonction
ferait l’homme, qu’elle lui donnerait le sens des responsabilités devraient
aller pointer au chômage.
Oups! J’ai oublié qu’il n’y aura plus de chômeur sous sa
présidence parce qu’il sera, selon ses termes, le plus grand pourvoyeur d’emploi
de tous les temps…
Sans oublier, que lors d’une rencontre avec les élus du
Congrès, Trump a affirmé que s’il avait perdu le vote populaire – rappelez-vous,
il y a quelques semaines, il prétendait l’avoir gagné – c’est parce que des «millions
d’immigrants illégaux» avaient voté contre lui (Hillary Clinton a gagné avec
2,8 millions de voix d’avance).
Quant au jour de son inauguration, elle a été, selon lui,
celle où il y a eu le plus de monde sur le Mall (la célèbre promenade de
Washington) de toutes celles qui se sont déroulées.
Pourtant, une simple photo entre celle d’Obama et la sienne
a montré toute l’inanité de ce mensonge.
Ce qui n’a néanmoins pas empêché le chef du service de
presse de la Maison blanche de commencer son premier point presse en attaquant
les journalistes et reprenant le mensonge.
Ça promet!
Interrogée sur cette étonnante situation, la conseillère de
Trump et ancienne chef de sa campagne, la sulfureuse Kellyanne Conway, a parlé
sur la chaîne NBC sans rire que le président et son chef du service de presse
avait utilisé des faits «alternatifs» pour décrire la situation, manquant de
faire s’étouffer le journaliste qui demanda en vain ce que cela pouvait bien
vouloir dire.
Car nous sommes bien, désormais, à la tête de la première
puissance du monde dans l’ère de la post-vérité et du déni de la réalité.
Brrr! Voilà qui fait frissonner…
Une post-vérité qui, grâce au populiste démagogue – ainsi que
par les supporters du Brexit au Royaume Uni – a été promu «mot de l’année» par
le très estimé Oxford dictionnary qui la définti comme une notion où «les
circonstances dans lesquelles les faits objectifs ont moins d’influence sur l’opinion
publique que les appels à l’émotion et aux croyances personnelles».
Plus vulgairement, on préfère croire le charlatan que le
journaliste, inventer une fantasmagorie que regarder la réalité.
Pour boucler la boucle, ce mensonge et la réaction de la presse
– qui a simplement rétabli les faits exacts – a permis à Trump d’expliquer, le
même jour que les médias étaient «les gens les plus malhonnêtes qu’il ait
jamais rencontré».
La guerre contre la réalité, la presse et les journalistes
est donc lancée.
C’est-à-dire la guerre contre la démocratie qui s’appuie sur
la réalité des faits et sur la liberté d’opinion, de pensée et de parole pour
exister, démocratie qui doit être défendue par le premier de ses membres, en l’occurrence
le président des Etats-Unis qui en est, désormais, le principal contempteur.
Heureusement, des millions de gens dans toutes les villes
américaines se sont mobilisés pour aller manifester contre le dangereux bonhomme
qu’est Trump et ils étaient également des centaines de milliers autour du monde
à descendre dans la rue pour défendre la démocratie.
Au premier rang, on trouvait les centristes qui se résisteront
jusqu’au bout, jusqu’à son départ de la présidence, pour protéger la liberté,
notamment celle de la presse en nous rappelant ce que disait si bien
Tocqueville:
«Plus j’envisage l’indépendance de la presse dans ses
principaux effets, plus je viens à me convaincre que chez les modernes
l’indépendance de la presse est l’élément capital et pour ainsi dire
constitutif de la liberté. Un peuple qui veut rester libre a donc le droit
d’exiger qu’à tout prix on la respecte.»
Et il ajoutait: «Il n’y a pas de milieu entre la servitude
et la licence. Pour recueillir les biens inestimables qu’assure la liberté de
la presse, il faut savoir se soumettre aux maux inévitables qu’elle fait naître.
Vouloir obtenir les uns en échappant aux autres, c’est se livrer à l’une de ces
illusions dont se bercent d’ordinaire les nations malades.»
Il est à espérer que la maladie des Etats-Unis sera très
passagère.
Alexandre Vatimbella
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