► Une présidentielle, des législatives, un président et un
gouvernement
Bien évidemment, l’année 2017 sera dominée en France par les
deux élections les plus importantes de notre démocratie, la présidentielle en
avril et mai, et les législatives qui suivront dans la foulée en juin.
De ces deux scrutins sortiront un nouveau président et un
nouveau gouvernement pour les cinq prochaines années.
Il est encore trop tôt pour dire qui va gagner cette
présidentielle.
François Fillon, après sa victoire à la primaire LR a fait
figure de grand favori.
Mais, comme il a battu à plate couture celui qui était
jusque là le grandissime favori des Français dans les sondages, Alain Juppé, on
est un plus plus prudent.
Car si le rejet des socialistes ainsi que le peu de chance
de Marine Le Pen de gagner en fait mécaniquement celui qui a le plus de chance
de l’emporter, son début de campagne catastrophique l’a fait chuter dans les
sondages et a entamé sa crédibilité aux yeux de beaucoup d’électeurs.
Du coup, Marine Le Pen peut reprendre espoir en se prenant
pour la Trump française (le président américain sera sans doute un trublion
dans la campagne présidentielle française).
Surtout, Emmanuel Macron, le troisième homme, celui de l’espace
central déserté par Bayrou (en berne dans les sondages), Juppé (battu à la
primaire de la Droite) et Valls (obligé de donner des gages de son engagement à
gauche pour être le candidat du PS), peut espérer, non seulement se qualifier
pour le second tour mais l’emporter le 7 mai au soir.
Sa dynamique est pour l’instant impressionnante, tant dans
les enquêtes d’opinion sur la présidentielle (entre 16% et 24%) que dans les
salles qu’il remplit lors de ses meetings et dans sa popularité auprès des
Français.
En tout cas, loin d’être un épiphénomène, une bulle ou un
météorite, Macron s’installe dans le paysage politique et 2017 pourrait bien
être une année exceptionnelle pour lui.
► Macron a-t-il une chance grâce aux centristes?
Emmanuel Macron n’est pas centriste.
Il se définit même comme un homme de gauche dont la tâche
est de rassembler tous les progressistes dans une vision politique du «ni
gauche, ni droite».
Nous ne ferons pas ici l’analyse de ce concept qui, en
réalité, correspond tout à fait au vrai Centre, celui qui ne se définit pas par
rapport à la Droite et la Gauche, qui n’est pas non plus une moitié de droite
et une moitié de gauche mais un courant politique aux fondamentaux très
clairement spécifiques autour de la notion essentielle du juste équilibre.
Quoi qu’il en soit ce progressisme et ce «ni-ni» sont
complètement et sans aucun doute centro-compatibles.
D’ailleurs, les sympathisants centristes n’ont pas eu besoin
de décodage pour lui accorder leur confiance et leur estime au gand dam des
dirigeants du MoDem et de l’UDI.
Bien sûr, beaucoup d’entre eux voteront pour François Fillon
et pour François Bayrou, s’il se présente une quatrième fois.
Néanmoins, Macron a déjà capté – au-delà de nombreux
soutiens de personnalités du Centre – une partie des électeurs centristes, une
partie de ceux de la droite modérée et de la gauche modérée.
L’apport de ces centristes pourrait d’ailleurs lui permettre
d’être présent au second tour, soit face à François Fillon, soit face à Marine
Le Pen.
Et un sondage le donne déjà gagnant face à ces deux
adversaires.
Du coup, la victoire d'un candidat centriste ou, en tout cas, très largement centro-compatible – en tout cas plus que Valéry Giscard d'Estaing en 1974 – est possible.
Du coup, la victoire d'un candidat centriste ou, en tout cas, très largement centro-compatible – en tout cas plus que Valéry Giscard d'Estaing en 1974 – est possible.
Quoi qu’il en soit, si Emmanuel Macron fait un très bon
score au premier tour, si, en outre, il
se qualifie pour le second tour et s’il parvient à l’Elysée, il pourra
remercier les électeurs centristes.
► Bayrou, renouveau ou chant du cygne?
Rappelons quel était le pari de François Bayrou voici un an.
La défaite de Juppé, la victoire de Sarkozy, la présence de
Hollande, un FN puissant et un espace très large et vacant au centre qu’il
pouvait dès lors occuper sans aucun concurrent de poids.
Mais, en ce début 2017, il n’y a rien de tout cela, bien au
contraire.
C’est Fillon qui a gagné la primaire LR, Hollande a décidé
de ne pas se représenter, le FN stagne et le fameux espace au centre, large et
vacant, qu’il lorgnait, c’est Emmanuel Macron qui l’occupe…
Voilà qui a rebattu les cartes pour le président du MoDem
qui ne sait plus trop quoi faire.
Il a décidé de décider de se présenter qu’au milieu février
soit deux mois avant le premier tour de la présidentielle.
Quand on lui fait remarquer que ce sera très juste, il
balaie cette évidence en se disant prêt avec déjà un programme (un livre qui
sortira fin janvier).
Pour autant, s’il ne s’est pas encore décidé c’est
uniquement parce qu’il a peur de prendre un bouillon, les sondages ne lui
donnant qu’entre 5% et 7% actuellement, c’est-à-dire un score ridicule qui
signerait sa sortie par le bas des sunlights de la politique.
Il veut évidemment éviter cette perspective tout en voulant
y aller.
Encore qu’il pense sans doute aussi à 2022, puisqu’à la prochaine
présidentielle, il aura le même âge que Juppé aujourd’hui…
Toujours est-il que le président du Mouvement démocrate est
à la croisée de sa carrière politique et de sa seule véritable ambition, l’Elysée.
Et s’il perd une nouvelle fois tout en 2017, il n’y aura
sans doute plus un Juppé pour le remettre en selle.
Reste que les trois possibilités qu’il possède s’il ne se
présente pas n’ont rien d’excitante pour lui: se rallier à Fillon dont il
estime que le programme est dangereux et dont il ne supporte pas les dirigeants
de sa formation politique; se rallier à Macron qui lui a piqué sa place sans
aucun égard; se taire et disparaître de la scène politico-médiatique, celle qui
le fait exister depuis dix ans, au risque de ne jamais revenir.
►L’UDI peut-elle se maintenir?
L’UDI existe, parait-il…
En réalité, cette formation créée par Jean-Louis Borloo et «dirigée»
par Jean-Christophe Lagarde n’est qu’un agrégat informe de personnalités
politiques, parfois réellement centristes et pratiquement toujours
opportunistes, dont les désaccords politiques sont aussi peu connus que les
haines entre eux sont étalées sur la place publique devant des Français
rigolards mais aussi consternés.
En 2017, l’UDI n’aura pas de candidat à la présidentielle
mais espère avoir beaucoup de députés en faisant un chantage au soutien,
pourtant déclaré inconditionnel et naturel, à François Fillon.
Puis à obtenir de nombreux sièges au gouvernement.
Pourquoi faire?
Personne ne le sait vraiment puisqu’il n’y a pas de projet
politique ou de programme électoral, chaque leader de l’UDI ayant le sien et
encore souvent en contradiction avec lui-même!
Certains pensent que l’UDI implosera après les législatives.
C’est une hypothèse forte mais celle qui l’est encore plus c’est
sa désagrégation si Fillon perd la présidentielle et ce dès 20h le 7 mai au
moment des estimations des résultats du second tour…
Si 2017 est l’année d’enterrement de l’UDI, on peut estimer
qu’il n’y aura pas beaucoup de pleurs, ni de lamentations et que la foule qui
suivre la corbillard sera vraiment éparse.
En tout cas par Hervé Morin qui a déjà créé un nouveau parti
Les centristes et qui avait publié un faire-part de décès de la confédération
centristes avant que ses propres amis ne la ressuscitent…
► Le Centre peut-il s’unir?
«Vous verrez ce que vous verrez, après les élections, ce
sera une nouvelle ère pour le Centre».
Voilà ce que viennent répéter sans rire et sans peur du ridicule
les leaders centristes avant chaque présidentielle où ils sont désunis, où ils
se combattent et s’insultent, où ils se rallient à d’autres et où ils ne pèsent
pas grand-chose, sauf en 2007.
Et puis, vient l’après et rien ne se passe, comme d’habitude.
Alors, qu’ils soient vainqueurs ou vaincus, on ne voit pas
les partis centristes actuels être en mesure de créer une dynamique quelconque,
ni de s’unir entre eux.
Une nouvelle formation, type MoDem 2007 ou UDI 2012,
verra-t-elle cependant le jour et sera-t-elle capable de réunir tous les
centristes?
Au jeu des prédictions, on est tenté de répondre non avec le
sentiment qu’on n’a peu de chance de se tromper…
Cependant, il y aura peut-être un salut qui viendra de l’extérieur,
comme d’habitude (Giscard en 1974, Borloo en 2012, par exemple).
Si Emmanuel Macron – toujours lui! – fait un bon score à la
présidentielle, il peut, vainqueur ou non, rassembler derrière lui cet espace
central qui va de la droite modérée et progressiste à la gauche réformiste en
passant par le Centre social-libéral.
Ce serait une sorte d’UDF (ce qu’a complètement raté Borloo
avec l’UDI in fine) où les centristes pourraient trouver leur place comme ils l’ont
fait en 1978 derrière Valéry Giscard d’Estaing qui n’était pas du Centre lui non
plus comme Macron.
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
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