mardi 31 janvier 2017

Vues du Centre – Aris de Hesselin. Pour l’honneur de la démocratie, les centristes doivent désapprouver Fillon

Dans cette rubrique, nous publions les points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international, centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.

François Fillon
Qu’il y ait encore un centriste qui puisse défendre François Fillon est étonnant si l’on pense à ce que sont les valeurs du Centre, surtout si l’on regarde avec effroi tout le mal que le «Pénélope Gate» est en train de faire à la démocratie et à la république.
Car c’est bien de cela qu’il faut parler.
Le candidat LR peut bien parler d’un complot pour l’abattre et c’est peut-être vrai.
Mais, ce qui l’est plus encore, c’est son utilisation indécente des deniers publics qui rappelle le HLM d’Alain Juppé et l’appartement de fonction de Claude Gaymard où ces deux hommes politiques, comme Fillon, s’étaient servi d’un système qu’ils sont plutôt sensés servir.
Dans le cas de Fillon, la dénégation de ce qui apparaît comme un détournement de fonds publics rend le malaise encore plus profond.
Sans parler que l’on se fiche de nous quand on vient nous expliquer que le travail de Pénélope Fillon était «dématérialisé» et consistait essentiellement dans un soutien moral à son mari.
François Fillon a donc mis en place dans sa famille une sorte de revenu universel à la sauce Hamon, voire à un salaire «femme à la maison», puisqu’être une aide de son conjoint pour un époux ou une épouse est, dans son esprit, un travail salarié…
S’engager en politique, c’est défendre un idéal et vouloir améliorer la société.
Quand cela devient d’abord de défendre ses privilèges et d’améliorer sa situation personnelle, on quitte le politique pour entrer dans le politicien où l’intérêt personnel se substitue à l’intérêt général.
Avec tout ce que cela a comme conséquence néfaste auprès d’une population déjà sensibilisée aux discours populistes et démagogiques.
Au-delà du montant des sommes qui devient de plus en plus conséquent au fil des révélations du Canard Enchaîné (avec un  total qui dépasse désormais le million d’euros si l’on additionne toutes les affaires), c’est le préjudice à la démocratie qui sera sans doute le plus grave.
C’est pourquoi tous les centristes, sans exception, doivent refuser d’être les complices de ces pratiques au nom des valeurs humanistes qu’ils défendent.
Je sais que je vais prêcher dans le vide et c’est cela qui me rend le plus inquiet.

Aris de Hesselin


lundi 30 janvier 2017

Présidentielle 2017. Le retour de Bayrou le «gaulliste» démocrate-chrétien

Selon François Bayrou, le scandale du «Pénélope Gate» (l’emploi fictif de la femme de François Fillon) pourrait coûter de nombreux points dans les sondages au candidat LR (cité part l’Opinion) mais, surtout, libérer un espace pour sa candidature (cité par Sud Ouest) même si ses «proches» (cités par Libération) pensent que Macron va se «hollandiser» et faire pschitt!
Tout cela pour dire que les problèmes de Fillon sont vus comme du pain béni par le président du MoDem même si l’on ne comprend pas très bien ce qu’il pourra faire pour récupérer les électeurs fillonistes puisqu’une énorme majorité d’entre eux le déteste et que l’autre partie, la minoritaire, celle de la droite modérée et du Centre, pourrait rejoindre ceux qui ont déjà décidé de rallier Emmanuel Macron sans passer par la case Bayrou.
Mais il continue d’y croire – ou de faire croire qu’il y croit! – et la sortie de son nouveau livre, Résolution française, le 31 janvier lui permettra un coup de projecteur médiatique qu’il compte bien utiliser avant de se décider à y aller ou non, courant février, pour tester ses dernières chances de bien y figurer.
Il semble que son positionnement se fera, un peu comme en 2012, sur une stature «gaullienne» – il cite le fameux discours de Bayeux du général de Gaulle dans son ouvrage Résolution française – où il va prôner le «rassemblement» car, comme il l’a déclaré lors d’une interview au magazine Le Point, «une élection présidentielle, c’est un dialogue avec un pays, formé non pas d’adversaires mais de concitoyens».
Il va également insister sur les valeurs de la communauté, une sorte de holisme issu directement du catholicisme social, de cette volonté de mettre en place cette démocratie d’inspiration «spiritualiste», dans une perspective très traditionnelle du personnalisme d’Emmanuel Mounier mais aussi du solidarisme de Léon Bourgeois où l’«argent» est un des principaux ennemis si ce n’est le principal.
Ainsi, comme il l’a expliqué au Point, «Le projet national français, c’est un projet de résistance à la tyrannie des puissances comme à la toute-puissance de l’argent. Ensuite, c’est un projet d’unité, contre le chacun-pour-soi. En France, on ne laisse pas tomber les gens. C’est aussi le pays où le peuple des citoyens revendique de prendre son destin en main.»
On l’a compris, sa volonté est de se construire un personnage de bon père de famille rassurant dans un monde dangereux et inquiétant où il serait, à la fois, une sorte de repère moral et de gardien de l’esprit de la France profonde.
Comme il l’a indiqué au Point, sa «vision d’ensemble du pays, de son histoire et des grands problèmes qui sont devant nous», se fera à partir d’«idées claires et simples» ressortant de «choix vitaux (…) au nombre de trois: l’unité du pays; l’énergie de la société; la vision de nos grands choix».
De même, s’il est toujours pour des réformes profondes, il insiste sur le fait qu’elles ne peuvent être mises en route que si le peuple les comprend bien et y adhère, ce qui revient souvent à les reporter aux calendes grecques dans le plus pur style du radicalisme dévoyé de la III° République.
Enfin, son choix d’intituler son livre-programme Résolution française procède des «trois significations» du mot résolution: «d’abord ‘volonté’, (‘nous sommes résolus’), ensuite solution à un problème, enfin sortie d’un conflit. En ce moment, les trois significations ont du sens.»
François Bayrou espère qu’en se présentant ainsi, il pourra incarner la «vision d’espoir» qu’il pense que les Français attendent.
Est-ce un positionnement centriste?
On en revient toujours à la même question avec lui.
Lors de ses précédentes candidatures à l’Elysée, la première fut sans doute la plus centriste alors que les deux suivantes se sont appuyées sur l’idée d’un rassemblement de style gaullien, voire de l’union nationale, qui sont tout de même éloignées du Centrisme même si celui-ci prône le consensus et le compromis mais qui demeure avant tout un projet d’émancipation de l’individu et non d’un destin national ou d’une communauté nationale réunie autour d’un bien commun d’autant plus dangereux qu’extensible à l’infini.
En cela, François Bayrou est proche d’une démocratie chrétienne ancien modèle, une sorte de vision sublimée et passéiste d’une société où l’individualité est plutôt vue comme un problème et non une solution.


Alexandre Vatimbella



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dimanche 29 janvier 2017

Présidentielle 2017. Sondage: Macron vainqueur au second tour, Fillon dégringole, Bayrou loin derrière

Emmanuel Macron
Selon la dernière vague du sondage Sofres-Kantar pour RTL, LCI et Le Figaro, Emmanuel Macron obtient 20% (avec Bayrou) et 21% (sans Bayrou) des intentions de vote lors du premier tour de la présidentielle.
Il se classe en troisième position derrière Marine Le Pen (25%), François Fillon (21% et 22%) et devant Benoît Hamon (13% et 15%) – le désormais candidat du PS – et Jean-Luc Mélenchon (10%).
François Bayrou, en cas de candidature, obtient lui 5% des intentions de vote.
Mais, s’il est présent au second tour, il bat alors très facilement François Fillon (58%-42%) et très largement Marine Le Pen (65%-35%).
En outre, il arrive en tête sur la stature présidentielle (45%) devant Fillon (40%) et Hamon (34%), Bayrou étant loin derrière à 20%.
De même, son «potentiel électoral» est le plus élevé (43%) devant Fillon et Hamon (36%), Bayrou étant loin derrière à 20%.
Ce sondage apporte plusieurs informations importantes.
- La chute de François Fillon dans les sondages due non pas à cause seulement du «Pénélope Gate» mais aussi par un début de campagne catastrophique.
- La montée de Benoît Hamon qui, lui, en revanche, bénéficie de la dynamique de la primaire PS et dont il faudra donc vérifier la persistance dans les quinze jours à venir pour savoir si elle était conjoncturelle ou non.
- L’absence totale de dynamique pour François Bayrou qui demeure accroché à ses 5% de sondages en sondages.
- La progression continue et forte d’Emmanuel Macron tant dans les intentions de vote que dans sa stature d’homme d’Etat, une dynamique d’autant plus remarquable qu’elle est indépendante de tout événement particulier ce qui lui permet désormais d’être, au premier tour, à la hauteur de François Fillon puisque leurs scores respectifs se trouvent dans la marge d’erreur des sondages et d’être le super-favori du second tour.
(Sondage Louis Harris Interactive réalisé les 26 et 27 janvier 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1032 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



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samedi 28 janvier 2017

Présidentielle 2017. Pendant ce temps, la dynamique Macron continue…

Pendant que François Fillon est empêtré dans le «Pénélope Gate», que le PS est en train de couler en choisissant l’obscur – à tous points de vue – Benoît Hamon comme candidat à la présidentielle et que les extrêmes ne décollent pas pour l’instant, Emmanuel Macron continue lui son bonhomme de chemin vers les sommets.
Et les récents événements vont sans doute l’y propulser encore plus vite.
Toujours est-il que le fondateur d’En marche surfe allègrement dans les enquêtes d’opinion.
Ainsi, dans la nouvelle vague du baromètre de popularité Louis Harris Interactive pour le site Délits d’opinion, il confirme sa première position avec 42% de personnes qui lui font confiance (+1), devant Alain Juppé, 39% (+2), François Bayrou se classant cinquième avec 31% (=).
Rappelons que dans d’autres baromètres, il a pris la tête lors des dernières vagues.
En outre, plus intéressant, dans un autre sondage de Louis Harris Interactive pour la chaîne LCP, on s’aperçoit que le leader d’En marche se bâtit une forte image présidentielle.
La troisième vague de cette enquête, qui concerne la capacité à proposer de bonnes solutions  sur le travail, le met ainsi en tête sur cette question avec 48% des Français qui estiment qu’il l’a alors que le deuxième se trouve à seize points (François Fillon avec 31%).
Quant à François Bayrou, avec 24%, il se classe en sixième position.
Lors de la première vague du sondage, en octobre 2016, sur la capacité à bien incarner la fonction présidentielle, Emmanuel Macron arrivait en tête ex-aequo avec François Fillon avec 38% (Bayrou, quatrième avec 29%).
Et lors de la deuxième vague en décembre 2016 sur la capacité à proposer de bonnes solutions pour le système de santé, il se classait quatrième avec 33%, derrière Mélenchon, Montebourg et Bayrou mais devant Fillon.
(Sondage Louis Harris Interactive réalisé du 24 au 26 janvier 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1009 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage Louis Harris Interactive réalisé du 17 au 19 janvier 2017 par internet auprès d’un échantillon de 1000 personnes âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



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