Emmanuel Macron & François Fillon |
Selon un sondage Odoxa pour Franceinfo, 55% des Français
estiment qu’Emmanuel Macron ferait un meilleur président que François Fillon
(39% pensant le contraire et 6% n’ayant pas d’opinion sur le sujet).
Ce résultat n’est pas une surprise puisque toutes les
dernières enquêtes d’opinion montrent une dynamique en faveur du leader d’En
marche et un tassement très notable du côté du candidat de LR dont les mesures
les plus emblématiques sont toutes rejetées par une majorité de la population.
Ainsi, toujours dans ce sondage, 48% des Français estiment
que François Fillon les a déçus depuis sa victoire à la primaire et 78%,
chiffre très important, estiment qu’il devrait faire des concessions «pour
rassurer sur les mesures suscitant le plus de craintes» (78% c’est aussi le
pourcentage de sympathisants de droite qui sont d’accord avec cette opinion).
Il faut dire qu’aucune des grandes mesures emblématiques du
candidat de LR n’est approuvée majoritairement:
- 59% ne veulent pas que «la France se rapproche
davantage de la Russie en matière de politique étrangère»;
- 62% sont contre la suppression de 500.000 postes de
fonctionnaires;
- 73% sont opposés à la suppression du tiers-payant;
- 80% ne souhaitent pas que «l’Assurance Maladie ne
rembourse plus que les affections graves, le remboursement des problèmes de
santé les moins graves se faisant désormais par les mutuelles».
De leur côté, les adversaires d’Emmanuel Macron ont tous une
explication sur sa dynamique et tous prédisent sa chute future et rapide.
Une des raisons principales serait que les sondages sont
faux, un thème qui est devenu à la mode depuis qu’ils se seraient trompés par
rapport à l’élection de Trump aux Etats-Unis, au référendum sur la sortie de l’Union
européenne au Royaume Uni et à la désignation de François Fillon comme candidat
de LR à la présidentielle en France.
Sauf que les sondages ne se sont pas trompés aux Etats-Unis.
Pratiquement tous donnaient Hillary Clinton gagnante du vote
populaire au niveau national et c’est ce qui s’est passé sans aucune
contestation possible, la candidate du Parti démocrate recueillant 48,1% des
voix contre 46% à Donald Trump, soit un écart de 2,9 millions de voix.
On a gagné des élections présidentielles avec une marge
nettement moins large que cela en France!
Seuls des sondages concernant certains Etats se sont
trompés, et encore puisque les résultats ont été extrêmement serrés et que des
dizaines de milliers d’électeurs, souvent pro-Clinton, ont été empêchés de
voter.
Mais il est vrai que les enquêtes d’opinion dans les Etats
de l’Union sont plus difficiles à réaliser.
Quant aux sondages sur le Brexit, au cours de la campagne du
référendum, ils ont fluctué à propos du résultat final même si, dans la
dernière ligne droite, ils étaient plus nombreux à donner, faussement, la
victoire aux pro-européens.
Pour ce qui est des sondages sur la primaire LR, il faut se rappeler
qu’avant même le scrutin, tous les spécialistes et les sondeurs eux-mêmes
parlaient de la très grande difficulté de donner un véritable sens aux réponses
des personnes interrogées tellement la volatilité de l’électorat est grande dans
ce genre de scrutin interne à un parti où tous les candidats sont largement
dans sa ligne politique donc acceptables et, d’un certain côté, interchangeables
jusqu’au dernier moment.
Et les sondages avaient même vu monter la vague Fillon même
s’ils n’avaient pas apprécié la réelle force de celle-ci qui irait jusqu’à
éliminer Sarkozy au premier tour et faire perdre Juppé au second.
Toujours est-il que l’erreur des sondeurs ne suffit évidemment
pas à caractériser le phénomène Macron, ni sa candidature hors parti, ni ses
quelques accents populistes.
Une autre raison serait le flou de son programme.
Néanmoins, au fur et à mesure qu’il le dévoile, au lieu de
perdre des points dans les sondages, il en gagne.
Bien sûr, reste à savoir quand tous les programmes seront
dévoilés et précisés au cours de la campagne, si ses propositions tiendront la
route aux yeux de ceux qui sont séduits actuellement par l’homme et sa démarche
ainsi que la philosophie de son action politique et son positionnement central.
Pour autant, rien ne signale qu’il devrait être perdant à ce
moment là et les exemples pris par ses adversaires pour démontrer son inexorable
chute ne peuvent lui être opposés car ils sont éloignés de ce qu’il est et de
la situation que nous vivons en 2017.
En revanche, ceux qui ont réussi à provoquer une dynamique
qui les a portées haut dans les élections avec une démarche, sinon un discours
similaire, démontrent qu’il peut aller jusqu’au bout, soit en gagnant, soit en
réalisant un score important.
Quant à l’absence de candidat officiel du PS mis en avant par les socialistes, il est vrai que sa désignation pourrait lui faire perdre un peu sur sa
gauche.
Néanmoins, Emmanuel Macron est un candidat qui séduit de la
Gauche à la Droite en passant par le Centre.
Et ce qu’il peut perdre sur sa Gauche, si tant est que cela
se produise, il est tout à fait capable de le gagner sur sa Droite et, évidemment, au
centre.
(Sondage Odoxa réalisé les 21 et 22 décembre 2016 par
internet auprès d’un échantillon de 1015 personnes âgées de plus de 18 ans et
représentatives de la population française / méthode des quotas / marge
d’erreur de 3 points)
Alexandre Vatimbella
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