Donald Trump |
John Adams, le premier président à occuper la Maison
blanche, une fois sa construction terminée en 1800, prit sa plume lors de son
entrée dans le bâtiment et écrivit: «Je prie le ciel d'accorder les meilleures
bénédictions à cette maison et à tout ceux qui l’habiteront. Qu’il n’y ait sous
ce toit que le règne d’hommes honnêtes et sages».
Des paroles qui résonnent fortement alors que ce lundi 19
décembre, les grands électeurs, par leurs votes, feront officiellement de
Donald Trump le 45° président des Etats-Unis après qu’il ait mené la pire
campagne électorale de tous les temps, faite de mensonges, d’insultes,
d’ignorances et de prises de positions dangereuses et extravagantes.
Au fur et à mesure que le temps passe, avec des révélations
qui fleurissent et des faits qui s’accumulent, l’élection présidentielle 2016
tourne au véritable cauchemar pour la démocratie américaine mais aussi pour
toutes les démocraties du monde qui voient se profiler le désastre annoncé
pendant toute la campagne électorale par les commentateurs les plus avisés,
qu’ils soient républicains ou démocrates.
Il y a, d’un côté, le comportement de ce «président élu» où
ses décisions controversées succèdent à ses menaces, souvent par tweets, à tous
ceux qui ne lui plaisent pas en passant par des propos inconséquents ou
incendiaires sur tous les sujets.
Un comportement conforté par toute l’aile extrémiste du
Parti républicain qui en demande encore plus, tout comme les organisations racistes,
d’extrême-droite et complotistes qui le soutiennent puisque l’homme, au lieu
d’être proche du peuple comme il l’affirmait, n’est en réalité qu’un
ultraconservateur proche des milieux d’affaires à l’idéologie réactionnaire,
voire d’extrême-droite même s’il garde encore son discours de populiste
démagogue et qu’il le gardera pour faire croire aux plus pauvres des Américains
qu’il est de leur côté économiquement et socialement parlant alors que tout
montre que ce ne sera pas le cas.
En revanche, sociétalement parlant, il continuera à les
enflammer avec ses diatribes xénophobes, homophobes, racistes et sexistes qui
libèrent dangereusement la parole de toutes les rancœurs des petits blancs
déclassés des petites villes et des zones rurales.
De l’autre, il y a le comportement irresponsable et souvent
scandaleux des médias audiovisuels prisonniers d’un modèle commercial où
l’information n’est qu’une simple base de travail et non plus une finalité, ce
qui permet de la mettre constamment en scène et de n’en faire que des épisodes
d’une sitcom où c’est le prochain rebondissement qui est privilégié à un fond
qui n’a plus guère d’importance, de prendre des libertés avec les faits et de
mettre en avant tout ce qui fait du taux d’audience et non pas tout ce qui est
réellement important.
Sans oublier le réseau internet inventé par les Américains
qui devait être un soutien de la démocratie mais qui devient son plus grand
contempteur par sa prise en otage et sa manipulation mais aussi par la haine et
le mensonge qu’y déversent à longueur de journée les internautes, dévoilant la
pire face de l’âme humaine, sans oublier son piratage par des puissances
hostiles comme la Russie pour influencer l’élection comme l’ont révélé le CIA
et le FBI après des enquêtes approfondies que Trump a rejetées en les traitant
de balivernes et de complots contre son élection...
Oui, l’avenir s’annonce des plus préoccupants, même si ce
dernier terme n’est qu’un euphémisme de ce qui pourrait subvenir dès les
premiers mois de la présidence de Donald Trump qui devrait être élu alors même
qu’il a perdu le vote populaire où la centriste Hillary Clinton a obtenu près
de 2,9 millions de voix de plus que lui avec 48,1% des votes contre 46%.
Les causes qui ont amené à l’élection de Donald Trump sont
nombreuses et révèlent le mal profond dont souffre aujourd’hui les Etats-Unis
et qui permet à un menteur maladif et compulsif de s’installer à la Maison
blanche, capable de raconter ce qui lui passe par la tête, pire, qui croit dur
comme fer une grande partie des mensonges qu’il profère, ce qui est évidemment
bien plus grave pour l’homme qui sera le plus puissant de la planète.
On sait ainsi qu’il est un grand fan de nombreuses théories
du complot et qu’il écoute et regarde les émissions de radio et de télévision
ainsi que les sites web qui diffusent toutes ces théories les unes plus
loufoques que les autres quand ce n’est malheureusement pas haineuses,
racistes, sexistes et excitant l’agressivité et la violence de personnes
instables (on vient de le voir avec un homme ayant attaqué une pizzeria à
Washington où selon une de ces théories diffusée par l’entourage de Trump,
Hillary Clinton violaient des enfants…).
Ce mal profond vient:
- d’un système constitutionnel d’un autre âge avec un
système électoral devenu antidémocratique et qui a mis au pouvoir un homme
qu’il était sensé empêcher d’y accéder;
- d’un système politique méthodiquement délégitimisé pendant
des années par les membres extrémistes du Parti républicain avec l’appui de
médias irresponsables;
- d’un système médiatique gangrené par les financiers qui le
somment de faire de l’argent et non de l’information sa priorité;
- d’une société proche de l’implosion par l’intrusion d’un
discours populiste et démagogique qui révèle toutes ses failles;
- d’un système économique et social qui permet, depuis Ronald
Reagan et grâce à George W Bush et aux majorités républicaines à la Chambre des
représentants du Congrès qui se sont succédé, aux plus riches de s’enrichir et
aux plus pauvres de s’appauvrir sans permettre une ascension sociale et une
possibilité aux classes moyennes de vivre mieux.
Va venir se surajouter à tout cela, la présidence d’un homme
qui a nommé des personnalités d’extrême-droite à la Maison blanche et au
gouvernement, qui soutient nombre d’autocrates à l’étranger, qui a tellement d’intérêts
financiers partout dans son pays et à l’étranger que les experts estiment que
son passage à la Maison blanche risque de l’enrichir outrancièrement, qui n’a
aucune capacité et expérience du gouvernement d’un pays et dont l’occupation
favorite est d’envoyer des tweets pour se glorifier ou insulter ceux qui ne
pensent pas comme lui ou qui ne l’aiment pas, de l’acteur Alec Baldwin à CNN en
passant par les comédiens de la comédie musicale Hamilton ou de la CIA.
En 2008, les Américains avaient été encensés de manière sans
doute exagérée pour avoir porté au pouvoir le premier président afro-américain
de leur histoire, semblant vouloir faire un sort à une histoire mouvementée de
leur pays et un racisme malheureusement toujours présent.
En 2016, ils viennent d’élire un candidat républicain qui
est un raciste selon les termes même de Paul Ryan, le président républicain de
la Chambre des représentants.
Alexandre Vatimbella