Le succès du meeting d’Emmanuel Macron ce samedi à la Porte
de Versailles à Paris a définitivement lancé sa campagne et, sans doute,
installé dans le long terme sa présence dans la politique française.
A l’inverse d’Alain Juppé, autre représentant de l’axe
central, qui a eu le tort de se présenter à la primaire de la Droite, y perdant
à la fois la présidentielle et son statut politique, le fondateur d’En marche
avait bien compris qu’il n’avait rien à attendre d’une primaire de la Gauche et
qu’il devait y aller seul, comme Bayrou l’avait suggéré à Juppé...
Car ces scrutins sont évidemment, de manière fondamentale et
structurelle, défavorables aux candidats centro-compatibles qui font face à des
militants et des sympathisants qui votent généralement pour les personnalités
bien plus dans la ligne officielle que celles qui en ont une vision
transgressive.
Juppé – qui pouvait jouer de sa stature de leader de la
Droite – l’a appris à ses dépends alors que Macron – qui n’a pas cette assise –
n’a pas voulu tomber dans le piège.
D’autant qu’il a trouvé son espace politique qui va du
centre-droit au centre-gauche.
Car cet espace était vide, laissé vacant par le renoncement
des partis centristes d’avoir un candidat et l’impossibilité pour Juppé mais
aussi pour Valls de le représenter sans se mettre à dos leur base idéologiquement
marquée à droite et à gauche.
Mais il ne faudrait pas en conclure comme le font les
leaders centristes qu’Emmanuel Macron occupe cet espace de manière illégitime
et, surtout, espérer qu’il n’est qu’un épiphénomène surfant sur une vague anti-establishment.
D’abord parce que l’homme ne vient pas de nulle part et que
depuis deux ans son discours social-libéral, progressiste, humaniste et
centro-compatible est non seulement structuré mais cohérent.
Ensuite parce qu’il séduit, non pas avec des propos
alarmistes (comme un Jean-Marie Le Pen) ou une faconde superficielle (comme un Bernard
Tapie) mais grâce à une démarche dynamique et positive qui fait qu’il ne peut
être assimilé aux populistes démagogues qui profitent du désarroi actuel des
peuples occidentaux comme Trump, Orban, Farage, Iglesias, Tsipras, Grillo et, bien
évidemment, Mélenchon et Le Pen.
Ses accents populistes sont certes regrettables, cependant
ils n’ont pas pour but une attaque de la démocratie républicaine mais plutôt sa
défense, ce qui est le contraire de tous les démagogues que l’on vient de
citer.
De même, quel que soit son résultat à la présidentielle, il
continuera son combat politique ce qui demandera inévitablement une
clarification de la part des centristes à son égard et vis-à-vis de leur
opposition systématique d’aujourd’hui.
Ce n’est pas pour rien que des militants centristes l’ont d’ores
et déjà rejoint et que nombre d’électeurs centristes ont indiqué dans les
sondages qu’ils voteraiet pour lui ou qu’ils pourraient le faire.
Ainsi, la recomposition de l’espace centriste, tombé en
déshérence depuis le début de ce siècle -- le résultat de François Bayrou à la
présidentielle de 2007 n’ayant été qu’un épisode sans lendemain d’une fausse
renaissance – pourrait bien être initiée par une personnalité extérieure à
celui-ci comme ce fut le cas avec Valéry Giscard d’Estaing dans les années
1970.
Alexandre Vatimbella
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