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Manuel Valls, Emmanuel Macron, François Bayrou |
Il a beau dire qu’«En marche n’est pas un parti du Centre»
et qu’il a mis en place un «rassemblement progressiste» large et porté par un
social-libéralisme, Emmanuel Macron s’est bien installé dans l’axe central.
Ce faisant, il a préempté un espace politique revendiqué et
convoité par François Bayrou et Manuel Valls.
De plus, il a siphonné une grande partie de l’espace
électoral de Valls et est en passe de s’accaparer la presque totalité de celui
de Bayrou.
De quoi être devenu la tête de turc des deux hommes d’autant
qu’il obtient des scores insolents dans les baromètres de popularité, qu’il
déplace des foules lors de ses meetings (plus de 10.000 personnes sont
attendues à celui de la Porte de Versailles à Paris ce samedi) et qu’il les
devance nettement dans les sondages.
En étant devenu ainsi le troisième homme de la
présidentielle qui s’annonce avec un potentiel qui pourrait lui permettre d’être
présent au second tour face à Marine Le Pen ou François Fillon, Emmanuel Macron
restera sous les feux croisés de François Bayrou et de Manuel Valls sauf s’ils
arrivent à lui faire la peau, ce à quoi ils s’attèlent sans relâche mais sans
grand succès pour l’instant.
Le premier est le plus agressif, traitant le leader d’En
marche d’imposteur et de candidat de la finance, comparant son programme à
celui de François Fillon (qu’il va peut-être néanmoins rejoindre…) et critiquant
des mesures que pourtant il défendait lorsqu’il était un soutien d’Alain Juppé.
Le deuxième est, pour l’instant, moins dans le rentre-dedans,
tentant de n’en faire qu’un clone de lui-même, qui aurait déserté le camp de la
Gauche uniquement par peur de perdre la primaire du PS mais qui n’aurait rien d’original
à présenter de plus que lui, sous-entendu, à quoi bon voter pour Macron la
copie puisque, désormais, Valls l’original est candidat.
On voit bien la volonté des deux hommes de démontrer qu’Emmanuel
Macron n’est qu’un phénomène médiatique, surfant sur une vague populiste, qui devrait
se dégonfler et le plus tôt serait d’ailleurs le mieux puisque cela leur
permettrait d’assoir leur candidature.
Le plus tôt serait avant le vote pour désigner le candidat
du PS, ce qui ramènerait les électeurs de Macron vers Valls et Bayrou.
Le premier en bénéficierait pour gagner facilement la
primaire de son parti et lui donnerait un coup de fouet dans les sondages.
Le deuxième – qui a annoncé qu’il ne se déterminerait qu’après
le résultat de cette primaire – verrait sa base électorale s’élargir et sans
doute des sondages meilleurs, justifiant ainsi sa quatrième candidature.
Le problème pour Valls et Bayrou, c’est que ce scénario a
peu de chances de se réaliser.
Et même si Emmanuel Macron n’est qu’une sorte d’étoile
filante comme le monde politique en a déjà connu, à moins d’un événement
particulier comme une révélation extraordinairement négative à son sujet, si
dégonflage il y a, il ne se fera pas en quelques jours.
Néanmoins, la critique systématique étant la seule arme que
possèdent Valls et Bayrou pour décrédibiliser Macron, dans les semaines qui
viennent, ils vont l’utiliser constamment.
Au jeu de «ça passe ou ça casse», le danger pour eux est de
provoquer une rupture avec les sympathisants de Macron, excédés par des
attaques souvent de bas étage mais aussi avec une partie de leurs propres
sympathisants qui ne comprennent pas toujours leur animosité avec une personne
dont ils se sentent proches.
Surtout, une personne qui n’est guère éloignée des positions
de Valls et Bayrou.
Si c’est le cas, qu’Emmanuel Macron continue ou non son
chemin, Manuel Valls auraient tout à perdre en se fâchant avec un électorat
dont il a absolument besoin pour passer le premier tour.
De son côté, François Bayrou en a également absolument
besoin pour se présenter mais aussi pour négocier son ralliement à François
Fillon.
Car à 6% dans les sondages actuellement, son pouvoir de
marchandage n’est déjà pas très puissant et, en-dessous, il deviendrait quantité
négligeable pour Les républicains qui ne le portent pas vraiment dans leur cœur…
Alexandre Vatimbella
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