Finalement, Manuel Valls sera présent à la présidentielle.
Après le retrait de François Hollande qui ne voulait pas se
faire ridiculiser, la voie est ouverte au premier ministre pour être le
candidat du Parti socialiste.
Il va annoncer aujourd’hui sa décision alors qu’il est en
tête des intentions de vote de la primaire PS.
La question que tout le monde se pose est de savoir s’il a
une chance de devenir le nouvel hôte de l’Elysée le 7 mai prochain.
Pour y parvenir, il doit séduire une grande partie des sympathisants
de gauche – rappelons qu’il a estimé qu’il y avait deux gauches qui ne sont pas
solubles l’une dans l’autre – ainsi qu’une part substantielle des sympathisants
du centre-gauche et du Centre tout court.
Or, s’il paraît en bonne position pour attirer à lui beaucoup
d’électeurs socialistes, ce sera une autre paire de manche en ce qui concerne
les autres électeurs de gauche, sans parler de ceux de la gauche radicale et de
l’extrême-gauche.
Globalement, il doit démontrer à l’univers politique qui va
de Martine Aubry à Philippe Poutou, qu’il est un candidat acceptable à défaut d’être
compatible.
Il devra également faire de même pour réunir sous son nom l’électorat
de centre-gauche et du Centre, non pas que celui-ci ne puisse être séduit par
le premier ministre mais il y a déjà sur ce créneau Emmanuel Macron et il y
aura peut-être François Bayrou (sans oublier quelques micros candidats comme
Sylvia Pinel des Radicaux de gauche).
De plus, contrairement à Macron, cela ne devrait pas être
dans ses cordes de mordre sur l’électorat de la droite modérée et du
centre-droit, qui, traditionnellement, se range derrière le candidat de droite,
en l’occurrence François Fillon, mais dont une partie non-négligeable devrait
rejoindre le fondateur d’En marche.
Les trois derniers sondages sur les intentions de vote à la
présidentielle, donnent quelques renseignements sur les capacités d’un rassemblement
large autour de Manuel Valls même s’il ne faut pas oublier que ceux-ci datent d’un
moment où il ne s’était pas encore déclaré candidat et que François Hollande n’avait
pas encore renoncé.
Dans celui de Kantar-Sofres pour Le Figaro, il obtient dans
les deux hypothèses où il est teste 9,5% et 11% des intentions de vote se
classant en cinquième position, derrière Fillon, Le Pen, Macron et Mélenchon
dans l’ordre.
S’il n’est pas très loin des deux derniers, il accuse pour l’instant
un retard autour de 14 points sur la place qualificative pour le deuxième tour
alors que Macron est à 11 et 10 points de celle-ci.
Dans celui de Louis Harris Interactive Macron est à 13%,
toujours en troisième position et Bayrou est sixième avec 7%, devancé par
Manuel Valls à 9%, toujours cinquième.
En prenant la ventilation de ses scores par rapport au vote
lors de la présidentielle de 2012, 30% des électeurs de Hollande choisiraient
Valls (contre 23% Macron et 20% Mélenchon), 3% des électeurs de Bayrou (contre 21%
Macron), 5% des électeurs de Mélenchon (contre 6% à Macron).
Dans celui d’Elabe pour Les Echos, BFMTV et Radio classique,
il obtient 9% et se classe également en cinquième position derrière les mêmes
cités plus haut.
Et il est à 15 points de la deuxième place.
Si l’on prend la ventilation de ce score du premier
ministre, 40% des sympathisants du PS voteraient pour lui (contre 29% à Macron)
et 10% à Mélenchon), 2% des sympathisants du Front de gauche (contre 80% à
Mélenchon et 1% à Macron), 7% des sympathisants du MoDem (contre 33% à Macron
et 4% à Mélenchon), 4% des sympathisants de l’UDI (contre 22% à Macron et 4% à
Mélenchon).
On le voit très clairement, Manuel Valls doit dans un premier
temps réunir son camp, ce qui est loin d’être le cas, s’il veut avoir une
chance de bien figurer, voire de gagner.
Mais il devra également ramener vers lui beaucoup d’électeurs
de la gauche de la Gauche et/ou un nombre conséquent d’électeurs centristes.
Sans doute a-t-il un plan – il faut l’espérer pour lui! –
mais la tâche sera tout sauf simple car, au-delà de la constitution d’une
coalition très hétéroclite, il devra défendre un bilan que les Français
rejettent très majoritairement.
Sa chance est que les candidatures de Marine Le Pen mais
aussi celle de François Fillon sont très clivantes à droite.
De même, la surenchère que ne manquera pas de faire Jean-Luc
Mélenchon durant la campagne officielle ainsi que celle des autres candidats lors
de celle de la primaire du PS, peuvent lui donner le statut d’homme responsable
qui a, en plus, exercé des hautes fonctions politiques (ministre de l’Intérieur,
ce qui n’est pas rien en période d’inquiétude sécuritaire de la population, et
premier ministre).
Enfin, débarrassé de la social-démocratie hésitante de
François Hollande, il va pouvoir développer son projet politique et son
programme électoral en donnant du contenu à son social-réformisme qu’il a
naguère opposé au social-libéralisme de celui qui risque d’être son principal
concurrent, Emmanuel Macron.
(Sondage Kantar-Sofres réalisé le 28 novembre 2016 par
internet auprès d’un échantillon de 1011 personnes, âgées de plus de 18 ans et
représentatives de la population française / méthode des quotas / marge
d’erreur de 3 points // Sondage Odoxa réalisé le 25 novembre 2016 par internet
auprès d’un échantillon de 998 personnes, âgées de plus de 18 ans et
représentatives de la population française / méthode des quotas / marge
d’erreur de 3 points // Sondage Louis Harris Interactive réalisé le 27 novembre
2016 par internet auprès d’un échantillon de 6093 personnes, âgées de plus de
18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas /
marge d’erreur de 3 points)
Alexandre Vatimbella
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