François Bayrou ne fera connaître sa décision d’être
candidat à la présidentielle qu’en janvier ou février prochain.
Pour l’instant, il regarde, réfléchit et se tâte,
affirme-t-il alors qu’il cherche une solution pour se présenter et ne pas faire
un flop.
Mais pourquoi a-t-il décidé d’attendre encore sachant que
plus il se présentera tard, moins il aura de chance de bien figurer.
Le président du Mouvement démocrate, ce n’est un secret pour
personne, veut absolument d’une quatrième candidature à la reine des élections
françaises.
Avant, contraint et forcé par ses propres déclarations, il
devait renvoyer l’ascenseur à Alain Juppé qui lui avait permis de devenir maire
de Pau et avait ainsi sauvé sa carrière politique.
Néanmoins, Bayrou estimait qu’il prenait un risque calculé,
déclarant à qui voulait l’entendre, que le maire de Bordeaux allait se faire
battre lors de la primaire LR.
Il avait raison même si le temps viendra d’une analyse plus
à froid pour savoir si ses interventions intempestives et agressives vis-à-vis
de Nicolas Sarkozy n’ont pas été un des éléments clés de la défaite de Juppé et
si cette stratégie n’était pas pensée comme un moyen de faire perdre ce dernier
pour pouvoir se présenter.
Toujours est-il que le seul élément qui pouvait empêcher
François Bayrou d’y aller, a disparu au soir du 27 novembre lorsque François
Fillon fut désigné candidat LR à la présidentielle.
Tout le monde s’attendait, dans la foulée, à une déclaration
de candidature du chef du MoDem.
Mais elle n’est pas venue.
La raison est que la situation présente ne lui est guère
favorable par quelque bout qu’on la prenne.
A l’absence de Nicolas Sarkozy et à la présence d’Emmanuel
Macron qui rend sa candidature beaucoup moins évidente, il y a en plus
désormais l’absence de François Hollande.
Or, si le cheval de bataille principal de Bayrou était d’être
l’anti-Sarkozy le plus virulent, le second était qu’il ne devait surtout pas y avoir
un remake de 2012, c’est-à-dire un affrontement Sarkozy-Hollande.
Tout cela pour le bien de la démocratie, de la république et
de la France.
L’élimination du premier et le renoncement du second ont été
de très mauvaises nouvelles pour lui.
Et s’est surajoutée la candidature d’Emmanuel Macron qui ne
s’est pas écrasée, comme il croyait.
Plus gênant, celui-ci occupe la position où lui-même s’était
installé en 2007, centrale et ni-ni.
Aujourd’hui, François Bayrou est prix en sandwich entre
François Fillon et Emmanuel Macron, en attendant une candidature de Manuel
Valls qui réduirait encore son espace électoral.
D’autant que pour contrer le libéral Macron, il est
maintenant positionné quasiment sur la ligne politique du premier ministre....
Et il a beau dire que le programme de Fillon est «violent et
destructeur» et que Macron c’est «le renouveau sans aucune idée», la dynamique
est chez eux pas chez lui.
Il essaie même de faire croire que les programmes des deux
hommes sont identiques et ont une même «vision thatchérienne» mélangeant de
manière malhonnête ultralibéralisme et libéralisme en matière économique, sans
oublier que Fillon se revendique du conservatisme en matière de mœurs, là où
Macron clame son progressisme.
Mais tout est bon pour les disqualifier et dégager ainsi son
pré-carré politique pour la présidentielle.
Reste que, quelle soit la décision de François Bayrou, elle
comporte pour lui un maximum de risques.
S’il décide de ne pas y aller, il devra rejoindre soit
François Fillon, soit Emmanuel Macron pour se préserver un futur.
Si l’on peut penser qu’il n’ira pas dans le camp d’En
marche, il fera donc un pas dans la direction du candidat LR.
Pour autant, il n’y aura guère de place pour lui et de
capacités de négociation car Fillon a décollé et a gagné les primaires de son
parti parce qu’il n’était pas Nicolas Sarkozy mais aussi parce qu’il n’était
pas cet Alain Juppé, otage de François Bayrou et qu’une partie de sa victoire a
été bâtie sur le rejet que ce dernier inspirait aux sympathisants LR.
Comment dès lors expliquer à ces deniers que l’on va s’allier
avec l’homme détesté?!
Si c’est le cas, il sera amusant de voir comment les contorsions
politiciennes se feront d’un côte comme de l’autre…
Sans oublier que François Bayrou ne représenter que lui, n’ayant
aucun député et une poignée de sénateurs à mettre dans la balance.
Mais, en plus, ce ralliement aura comme conséquence d’offrir
sur un plateau son électorat à Emmanuel Macron.
C’est-à-dire que Bayrou ira négocier une base électorale qui
ne sera plus la sienne…
Tout cela pourrait le pousser vers la sortie de la scène
politique.
En choisissant cette première option, Bayrou oblitère son avenir
politique qui devient tout sauf radieux.
S’il décide d’y aller, il risque de réaliser un score
ridicule, coincé entre Fillon et Macron qui obtienne déjà de très bons scores
dans les sondages.
Cet échec l’empêchera, après l’élection, d’être le premier
opposant à un président Fillon, si ce dernier gagne comme cela est aujourd’hui
le plus probable, laissant ce rôle à Emmanuel Macron.
En choisissant cette deuxième option, Bayrou risque la même
chose qu’avec la première.
En conclusion, le président du Mouvement démocrate n’a pas,
ici et maintenant, de bonne solution.
Peut-être la trouvera-t-il dans les deux mois qu’il s’est
laissé pour prendre sa décision finale.
Avec cette angoisse de rejoindre dans la charrette Nicolas
Sarkozy et François Hollande.
Alexandre Vatimbella
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