dimanche 4 décembre 2016

Présidentielle 2017. Mais qu’est-ce qu’attend Bayrou pour se présenter?

François Bayrou ne fera connaître sa décision d’être candidat à la présidentielle qu’en janvier ou février prochain.
Pour l’instant, il regarde, réfléchit et se tâte, affirme-t-il alors qu’il cherche une solution pour se présenter et ne pas faire un flop.
Mais pourquoi a-t-il décidé d’attendre encore sachant que plus il se présentera tard, moins il aura de chance de bien figurer.
Le président du Mouvement démocrate, ce n’est un secret pour personne, veut absolument d’une quatrième candidature à la reine des élections françaises.
Avant, contraint et forcé par ses propres déclarations, il devait renvoyer l’ascenseur à Alain Juppé qui lui avait permis de devenir maire de Pau et avait ainsi sauvé sa carrière politique.
Néanmoins, Bayrou estimait qu’il prenait un risque calculé, déclarant à qui voulait l’entendre, que le maire de Bordeaux allait se faire battre lors de la primaire LR.
Il avait raison même si le temps viendra d’une analyse plus à froid pour savoir si ses interventions intempestives et agressives vis-à-vis de Nicolas Sarkozy n’ont pas été un des éléments clés de la défaite de Juppé et si cette stratégie n’était pas pensée comme un moyen de faire perdre ce dernier pour pouvoir se présenter.
Toujours est-il que le seul élément qui pouvait empêcher François Bayrou d’y aller, a disparu au soir du 27 novembre lorsque François Fillon fut désigné candidat LR à la présidentielle.
Tout le monde s’attendait, dans la foulée, à une déclaration de candidature du chef du MoDem.
Mais elle n’est pas venue.
La raison est que la situation présente ne lui est guère favorable par quelque bout qu’on la prenne.
A l’absence de Nicolas Sarkozy et à la présence d’Emmanuel Macron qui rend sa candidature beaucoup moins évidente, il y a en plus désormais l’absence de François Hollande.
Or, si le cheval de bataille principal de Bayrou était d’être l’anti-Sarkozy le plus virulent, le second était qu’il ne devait surtout pas y avoir un remake de 2012, c’est-à-dire un affrontement Sarkozy-Hollande.
Tout cela pour le bien de la démocratie, de la république et de la France.
L’élimination du premier et le renoncement du second ont été de très mauvaises nouvelles pour lui.
Et s’est surajoutée la candidature d’Emmanuel Macron qui ne s’est pas écrasée, comme il croyait.
Plus gênant, celui-ci occupe la position où lui-même s’était installé en 2007, centrale et ni-ni.
Aujourd’hui, François Bayrou est prix en sandwich entre François Fillon et Emmanuel Macron, en attendant une candidature de Manuel Valls qui réduirait encore son espace électoral.
D’autant que pour contrer le libéral Macron, il est maintenant positionné quasiment sur la ligne politique du premier ministre....
Et il a beau dire que le programme de Fillon est «violent et destructeur» et que Macron c’est «le renouveau sans aucune idée», la dynamique est chez eux pas chez lui.
Il essaie même de faire croire que les programmes des deux hommes sont identiques et ont une même «vision thatchérienne» mélangeant de manière malhonnête ultralibéralisme et libéralisme en matière économique, sans oublier que Fillon se revendique du conservatisme en matière de mœurs, là où Macron clame son progressisme.
Mais tout est bon pour les disqualifier et dégager ainsi son pré-carré politique pour la présidentielle.
Reste que, quelle soit la décision de François Bayrou, elle comporte pour lui un maximum de risques.
S’il décide de ne pas y aller, il devra rejoindre soit François Fillon, soit Emmanuel Macron pour se préserver un futur.
Si l’on peut penser qu’il n’ira pas dans le camp d’En marche, il fera donc un pas dans la direction du candidat LR.
Pour autant, il n’y aura guère de place pour lui et de capacités de négociation car Fillon a décollé et a gagné les primaires de son parti parce qu’il n’était pas Nicolas Sarkozy mais aussi parce qu’il n’était pas cet Alain Juppé, otage de François Bayrou et qu’une partie de sa victoire a été bâtie sur le rejet que ce dernier inspirait aux sympathisants LR.
Comment dès lors expliquer à ces deniers que l’on va s’allier avec l’homme détesté?!
Si c’est le cas, il sera amusant de voir comment les contorsions politiciennes se feront d’un côte comme de l’autre…
Sans oublier que François Bayrou ne représenter que lui, n’ayant aucun député et une poignée de sénateurs à mettre dans la balance.
Mais, en plus, ce ralliement aura comme conséquence d’offrir sur un plateau son électorat à Emmanuel Macron.
C’est-à-dire que Bayrou ira négocier une base électorale qui ne sera plus la sienne…
Tout cela pourrait le pousser vers la sortie de la scène politique.
En choisissant cette première option, Bayrou oblitère son avenir politique qui devient tout sauf radieux.
S’il décide d’y aller, il risque de réaliser un score ridicule, coincé entre Fillon et Macron qui obtienne déjà de très bons scores dans les sondages.
Cet échec l’empêchera, après l’élection, d’être le premier opposant à un président Fillon, si ce dernier gagne comme cela est aujourd’hui le plus probable, laissant ce rôle à Emmanuel Macron.
En choisissant cette deuxième option, Bayrou risque la même chose qu’avec la première.
En conclusion, le président du Mouvement démocrate n’a pas, ici et maintenant, de bonne solution.
Peut-être la trouvera-t-il dans les deux mois qu’il s’est laissé pour prendre sa décision finale.
Avec cette angoisse de rejoindre dans la charrette Nicolas Sarkozy et François Hollande.


Alexandre Vatimbella



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Il sera un candidat progressiste libéral ou libéral progressiste, au choix.
C’est ainsi qu’il s’est défini dans le JDD, progressiste pour être «efficace et juste», libéral, terme qu’il a «toujours assumé» tout en prônant «des protections nécessaires» qui sont les trois «boucliers» de «laïcité», de «sécurité» et «social».
Mais, pour réussir dans son entreprise, il a besoin de réunir largement tout l’espace central.
Ainsi, dans le JDD, il «lance un appel à tous ceux qui, quelle que soit leur sensibilité politique, veulent faire entrer la France avec optimisme dans le XXI° siècle».
Cet appel «à tous les progressistes» dont ceux «qui avaient pu placer leurs espoirs dans le projet de François Hollande» s’adresse également aux «progressistes de droite et du Centre, tous ceux qui ont voté pour Nathalie Kosciusko-Morizet ou Alain Juppé» et qui «ne peuvent pas se retrouver dans le programme de François Fillon».
Fustigeant les dirigeants de «la Droite et du Centre» dont l’unique but est «de faire perdurer un système dont ils se nourrissent depuis trente ans» en se rangeant derrière la candidature de François Fillon, il se félicite que le «peuple de Centre et de la Droite progressiste vient chez nous», faisant référence en particulier aux 130 jeunes UDI qui ont décidé de le soutenir.
Par ailleurs, le fondateur d’En marche a confirmé que sa candidature était ferme et non-négociable, c’est-à-dire qu’il ne passerait pas par des primaires, notamment celles de la Gauche qu’il estime par ailleurs n’être que celles du PS.
Selon lui, «la vraie compétition démocratique, c’est le premier tour de la présidentielle».
Et sa stratégie donne toujours de bons résultats puisqu’il obtient des pourcentages très encourageants dans les sondages concernant le premier tour de la présidentielle mais aussi dans les baromètres de popularité.
Ainsi, en décembre, il se classe troisième pour ce qui est de ceux de Kantar-Sofres (cote d’avenir) pour Le Figaro et d’Odoxa (cote d’adhésion) pour l’Express, la presse régionale et France Inter (derrière Fillon et Juppé) alors que, pour la première fois, il est en tête de l’un d’entre eux, celui de BVA (cote d’influence) pour Orange (avec 45% devant Fillon à 40%).
(Sondage Kantar Sofres Interactive réalisé entre le 24 et le 28 novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 1000 personnes, âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points // Sondage Odoxa réalisé les 28 et 29 novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 965 personnes, âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points //Sondage BVA réalisé les 29 et 30 novembre 2016 par internet auprès d’un échantillon de 1265 personnes, âgées de plus de 18 ans et représentatives de la population française / méthode des quotas / marge d’erreur de 3 points)


Alexandre Vatimbella



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