Jean-Christophe Lagarde & Hervé Morin |
Certains appelleront cela de l’indécence, d’autres un opportunisme
grossier.
Mais la réaction d’Hervé Morin à la victoire de François
Fillon, qu’il soutenait, et sa charge violente contre Jean-Christophe Lagarde,
soutien d’Alain Juppé, n’est que la continuation de la bataille que se livrent
les deux hommes depuis plusieurs années.
La haine d’Hervé Morin à Jean-Christophe Lagarde qui n’a
fait que s’amplifier lorsque ce dernier l’a battu lors de l’élection à la
présidence de l’UDI est connue de tout le monde.
Elle vient ainsi de monter d’un cran avec un Morin exultant
d’avoir parié sur le bon cheval LR alors que son ennemi intime s’est ramassé un
bouillon avec son favori.
Dans un communiqué de presse, le président du Nouveau centre
n’y va pas par le dos de la cuillère en accablant le président de l’UDI.
Après avoir déclaré que «la victoire de François Fillon est
sans appel» et «relève d’une vague impressionnante», il affirme que «la Droite
et le Centre ont désormais un candidat et un programme» et «sont dans une
situation on ne peut plus favorable pour réussir l’alternance, remporter
les prochaines élections nationales et mettre en œuvre les réformes dont la
France a un besoin urgent pour se redresser et retrouver confiance dans
l’avenir».
Dès lors, selon lui, «la priorité est désormais au
rassemblement des familles politiques de la Droite et du centre» et il est sûr
que «les centristes se mobiliseront dans cette bataille, totalement et sans
ambiguïté, à l’image de l’implication des élus, des militants du Nouveau Centre
et des Bâtisseurs de l’UDI durant le second tour de cette primaire».
Vient ensuite, ce que l’on pourrait appeler pompeusement son
«appel de Cochin» en référence à celui que Jacques Chirac fit de son lit de
l’hôpital parisien du même nom contre Valéry Giscard d’Estaing en 1978 et qui
lança une offensive violente contre ce dernier pour les élections européennes,
qualifiant l’UDF, la confédération centriste qui soutenait le président de la
république d’alors et qui venait d’être créée, de «parti de l’étranger».
Ainsi, Morin «appelle les élus et les militants de l’UDI à
tous s’engager dans cette campagne qui s’annonce difficile».
Il poursuit en estimant que «pour l’UDI l’heure est venue de
s’interroger sur la conduite de notre formation politique» et plus
particulièrement sur celle de son président, Lagarde évidemment.
«Alors que les militants ont voté aux deux tiers pour la
non-participation à la primaire, son président a engagé, à travers son nom,
l’UDI dans une campagne avec une véhémence souvent incomprise… Cela après avoir
tendu la main à Emmanuel Macron début septembre».
En conséquence, Morin et ses amis «appellent à la
construction d’un pilier centriste fiable, solide et loyal pour bâtir la
majorité présidentielle de demain».
Cela signifie-t-il qu’Hervé Morin souhaite la mort de l’UDI
ou qu’il veut tenter une OPA sur la confédération?
Sans doute puisqu’il avait déjà manifesté d’en devenir le
chef des centristes.
Reste à convaincre ces mêmes centristes ce qui sera une
autre paire de manche pour un homme dont on sent plus la volonté de vengeance
et celle de s’assurer un avenir politique que de se battre pour des idées et
des valeurs.
De son côté, Jean-Christophe Lagarde a réagi à la victoire
de François Fillon.
Comme on pouvait s’y attendre, il tentera de prendre le
train en marche.
Ainsi, dans le communiqué qu’il a publié, s’il affirme
d’abord que «l’UDI est heureuse et fière d’avoir majoritairement mené campagne
derrière Alain Juppé, à qui nous adressons de chaleureuses et amicales pensées
ce soir», il déclare que «la victoire claire de François Fillon dans cette
primaire de la Droite et du Centre en fait le candidat légitime à l’élection
présidentielle».
Fini donc les différences importantes avec l’ancien premier
ministre de Nicolas Sarkozy dans une primaire qui n’était que celle de la
Droite, selon lui…
D’autant, poursuit-il qu’il a «bien entendu, entre les deux
tours, François Fillon exprimer sa volonté de rassembler aussi le Centre
derrière sa candidature».
«C’est la raison pour laquelle, écrit-il, je proposerai dés
mardi aux instances de l’UDI d’engager avec François Fillon une discussion pour
élaborer un projet législatif commun, notamment sur l’Europe, l’éducation,
l’emploi, la sécurité sociale et l’environnement».
Un projet qui sera soumis ensuite au vote des militants de l’UDI.
Si celle-ci existe encore…