Fillon & Juppé lors du débat de la primaire |
Paris, jeudi 24 novembre au soir.
Une amie de ma fille rentre dans un bar avec sa
conjointe et s’aperçoivent que celui-ci a été envahi par les supporters de
François Fillon pour regarder le débat entre leur héraut et Alain Juppé.
Elles hésitent mais choisissent de rester.
A un moment, elles s’embrassent.
Déboule alors un fan de Fillon qui les prend à partie en
leur demandant d’arrêter.
Vient un de ses amis qui fait semblent de s’excuser en
déclarant à la compagne de l’amie de ma fille: «pardonnez-le, il n’avait pas vu
que vous étiez un garçon»…
Un peu plus tard, un autre filloniste est venu pour
réellement s’excuser du comportement de ses deux coreligionnaires en ajoutant,
«vous savez, nous ne sommes pas tous comme ça».
Oui, il a raison, ils ne sont pas tous «comme ça» dans le
camp Fillon mais ils sont aussi «comme ça».
Car, en ayant jouer la carte du conservateur ultralibéral,
François Fillon a libéré la parole comme l’avait fait au premier tour Nicolas
Sarkozy en s’affichant en populiste démagogue, copiant en cela ce qui a si bien
réussi à Donald Trump pendant sa campagne et qui fait qu’aujourd’hui, aux
Etats-Unis, les agressions racistes, sexistes et homophobes sont en hausse
depuis son élection.
Et les nombreux centristes qui se sont ralliés sans aucun
état d’âme à l’ancien premier ministre de Nicolas Sarkozy devraient se poser
quelques questions entre la compatibilité des valeurs centristes et celles d’un
homme qui a courtisé les franges de la droite radicale et engrangé des soutiens
à l’extrême-droite.
Rappelons que Trump a fait de même tout en expliquant que ce
n’était pas sa faute si des extrémistes le soutenaient.
Comme si cela n’avait rien au à voir avec son discours et
son comportement…
De même pour Fillon.
Faut-il, pour autant, en tant que centriste, se jetait dans
les bras d’Alain Juppé?
Ce serait oublié que l’homme n’a jamais été réellement un ami
du Centre qu’il a essayé de phagocyter définitivement avec la création de l’UMP
en 2002.
De même, ses soutiens disent en boucle que son programme est
de droite sans aucun complexe et on n’oublie pas que ses lieutenants ont, à
périodes répétées, lancé des attaques contre les centristes, notamment contre
François Bayrou.
La question est donc de savoir si l’on doit aller voter à la
primaire et pour qui, si l’on est un centriste, ou s’il faut demeurer chez soi.
La réponse n’est pas aussi simple.
Il vaut mieux avoir un Juppé libéral qu’un Fillon
conservateur.
Mais ni un Juppé, ni un Fillon ne feront une politique
centriste.
Si l’on a un Fillon, on aura une candidature Bayrou,
c’est-à-dire une vraie candidature du Centre et une candidature Macron.
Si on a un Juppé, on aura aussi une candidature de l’espace
centriste avec Emmanuel Macron.
Si on a Juppé et qu’il est élu au second tour face à Marine
Le Pen, on n’aura sans doute pas toutes ces organisations ambiguës et
dangereuses qui graviteront autour de l’Elysée et qui demanderont récompense
pour leur soutien à Fillon.
Du coup, si l’on est centriste et que l’on veut vraiment
voter, il vaut mieux Juppé que Fillon.
Mais il faut être conscient que ni l’un ni l’autre n’aiment
les centristes et qu’il ne faudra pas se plaindre ensuite en faisant semblant
se s’en apercevoir à la veille de la présidentielle.
Du coup, il vaut peut-être mieux rester chez soi pour avoir
Bayrou.
Centristement votre
Le Centriste