Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Aris de Hesselin est un avocat international,
centriste et un européen, défenseur d’une mondialisation humaniste. Ses propos
sont les siens et non ceux du CREC.
Chers amis Américains,
Si Hillary Clinton avait gagné avec une seule voix d’avance
le vote populaire mais avait perdu l’élection présidentielle dû au système
électoral américain d’un autre âge, alors aucune voix qui s’est portée sur la
candidate démocrate n’aurait compté et, par extension, toutes les voix de tous
les votants n’auraient compté pour rien, annihilant l’esprit même du régime
démocratique.
Or Hillary Clinton l’a emporté avec plus de deux millions de
voix!
Il y a donc plus de deux millions de raisons qui font que
votre voix n’a compté pour rien…
C’est une logique imparable dans une démocratie où c’est la
personne qui remporte la majorité des votes qui doit être élue, sinon nous ne
sommes plus dans un système démocratique mais dans autre chose.
C’est la même chose avec le fait que si une seule personne n’est
pas libre alors le pays dans lequel elle vit n’est pas une démocratie.
Donc, le jour où les résultats officiels seront publiés puis
le jour où Donald Trump sera intronisé président des Etats-Unis, il s’agira de
deux dénis de démocratie dans le pays qui se prétend la plus vieille démocratie
du monde.
Voilà qui fait un peu désordre et qui ne devrait pas exister
car les Etats-Unis sont bien évidemment un pays libre qui respecte les valeurs
démocratiques.
Mais ils ne peuvent se prévaloir de la définition de la
démocratie donnée par Abraham Lincoln d’«un gouvernement du peuple par le
peuple pour le peuple» en 1863 sur le champ de bataille de Gettysburg.
A l’époque, aucune élection présidentielle n’avait élu un
candidat qui n’avait pas gagné officiellement le vote populaire.
Depuis, cela est survenu trois fois dont deux au XXI°
siècle, en 2000 où George W Bush a été élu face à Al Gore et en cette année
2016 avec l’élection de Donald Trump.
Avec ces deux millions de voix en faveur de la perdante,
chers amis, vous suscitez l’incrédulité et un peu la moquerie dans le monde entier,
vous qui aimez bien donner des leçons de démocratie.
Pire, vous justifiez certaines critiques des adversaires de
la démocratie du côté de Moscou ou de Pékin.
Il va falloir vous mettre à la modernité en la matière d’autant
que le système qu’’avait inventé vos Pères fondateurs devaient empêcher un
Trump de rentrer à la Maison blanche sauf qu’il permet exactement le contraire
et, donc, ne se justifie plus du tout, si jamais cela le fut…
C’est le problème avec votre fétichisme assez incroyable qui
a été de ne pratiquement jamais vouloir toucher à votre Constitution en n’y
ajoutant que quelques amendements – après les premiers qui y furent accolés
très rapidement pour rattraper des oublis.
Ainsi de ce fameux deuxième amendement qui permet à chaque
Américain de pouvoir posséder une arme à feu et à des extrémistes et des
dérangés du cerveau d’en profiter pour faire des massacres alors même que
celui-ci ne devait permettre que de pouvoir former une milice le plus vite
possible sachant que les Etats-Unis de l’Indépendance n’avaient pas de réelle
armée pour défendre le pays.
Oui, cher amis Américains, il serait temps de vous émanciper
de votre histoire qui, parce qu’elle est courte, a pris une importance
démesurée dans votre présent.
Certaines des traditions, dont celle du collège électoral ou
du droit de porter une arme, n’ont plus de légitimité aujourd’hui.
Surtout, en continuant à les pratiquer, votre pays cause du
tort à votre démocratie et à ses citoyens.
Aris de Hesselin