mardi 22 novembre 2016

Présidentielle USA 2016. Trump s’en prend directement à la démocratie

Dans les rues de New York
Les attaques de Trump contre la démocratie continuent et prennent un tour des plus inquiétants maintenant qu’il a été élu président et qu’il prendra ses fonctions en janvier prochain.
Après avoir nommé des extrémistes de droite à la Maison blanche et à son gouvernement, le voilà qui vient de décider tout seul de ne pas poursuivre Hillary Clinton comme il l’avait pourtant affirmé lors de sa campagne, promettant de la mettre en prison.
Le problème est que la décision de traduire ou non la candidate centriste devant un tribunal revient exclusivement à la justice et que son propos empiète directement sur le troisième pilier de la démocratie, le pouvoir judiciaire, prémisse peut-être à d’autres interventions de ce genre.
Rappelons qu’actuellement rien ne permet de poursuivre Clinton devant un tribunal pour quoi que ce soit qu’elle est fait.
Après s’être mêlé des prérogatives du troisième pouvoir, il s’est attaqué au quatrième, la presse.
Il a ainsi convoqué les médias audiovisuels à son domicile de New York – et ceux-ci qui n’ont toujours rien compris s’y sont rendus comme des moutons à l’abattoir – pour les insulter et les menacer.
Certains estimeront qu’ils l’ont bien cherché en couvrant de manière indigne une campagne tout en relayant tous les mensonges, les insultes et les menaces proférées par le démagogue populiste tout au long de celle-ci, lui permettant in fine de se faire élire tout en ayant réveiller, au passage, tous les plus bas instincts des êtres humains.
Ils n’auront pas tort mais il ne s’agit pas ici de dénoncer les pratiques de ces médias qui sont une honte pour la profession de journaliste mais de constater que Trump s’en prend, en tant que président-élu et non plus candidat, à la liberté de la presse, un des piliers essentiels de la démocratie, comme l’indépendance de la justice.
«Cette rencontre a été un désastre total, a dit un des participants au quotidien New York Post. Les dirigeants des chaînes et les présentateurs des journaux télévisés pensaient qu’ils allaient discuter de la manière de couvrir l’administration Trump mais, à la place ils se sont fait passer un savon à la façon Trump».
Ainsi, lors de cette rencontre, le promoteur newyorkais a insulté tous les représentants des chaines de télévision.
«Nous sommes dans une pièce remplie de menteurs, de médias fourbes et malhonnêtes qui ont eu tout faux» a-t-il affirmé.
Il a poursuivi en traitant les journalistes de «pire forme d’humanité» avant de s’en prendre directement à CNN, interpellant son patron, Jeff Zucker: «je hais votre chaîne, tout le monde à CNN est un menteur et vous devriez avoir honte».
Tous ceux qui ont pensé que Donald Trump mettrait de l’eau dans son vin – et il y en a encore pour le prétendre! – en seront pour leurs frais.
Il suffit de voir avec quel enthousiasme les leaders des organisations les plus exécrables du pays, du Ku Klux Klan au parti néonazi en passant par tous les groupuscules prônant la suprématie de la race blanche, accueillent la plupart de ces décisions pour être conscients du danger qu’il représente pour la démocratie républicaine.
Et, pendant ce temps, le dernier décompte des voix obtenues par chacun des candidats à la présidentielle donne une avance d’un million sept cent vingt-sept mille quatre cent voix pour Hillary Clinton (ce qui fait, en pourcentage, 1,4 point d’avance en sa faveur).

Alexandre Vatimbella



Présidentielle 2017. Le tandem Juppé-Bayrou, perdant-perdant?

Alain Juppé & François Bayrou
Alain Juppé comptait sur le soutien de François Bayrou pour avoir une stature de candidat qui réunissait au-delà de son camp et l’emporter facilement lors de la primaire LR où les sondages l’ont longtemps donné facilement gagnant grâce au soutien des centristes.
François Bayrou avait besoin d’Alain Juppé pour reprendre une stature sur la scène politique française tout en ayant en vue sa propre candidature si le maire de Bordeaux ne passait pas la primaire comme il lui avait prédit, et il ne semble pas s’être trompé.
Or, tout se goupille, depuis la large victoire de François Fillon au premier tour de la primaire LR et l’élimination surprise de Nicolas Sarkozy, pour faire de cette alliance un accord perdant-perdant.
D’abord, perdant pour Alain Juppé.
Non seulement Bayrou ne l’a pas aidé à gagner mais il est peut-être celui qui sera la raison principale de sa défaite tellement il est rejeté par la très grande majorité des sympathisants de droite – qui, si ils n’ont pas autant voté pour Sarkozy, l’ont fait beaucoup pour Fillon – mais aussi une bonne partie de ceux de l’UDI.
Ensuite, perdant pour François Bayrou.
Non seulement, Juppé éliminé, Fillon ne garantira aucun nombre conséquent de députés au maire de Pau contre un soutien dont il ne semble pas se soucier mais Bayrou aura bien du mal à se présenter comme candidat du Centre avec une chance de bien figurer.
Car, pendant qu’il soutenait Alain Juppé, Emmanuel Macron lui a piqué sa place de représentant de l’espace centriste et a pris le large dans les sondages face à lui.
De plus, la défaite de Juppé serait un coup dur pour l’image de François Bayrou et il ne pourrait la contrebalancer comme le meilleur opposant d’un Sarkozy puisque ce dernier vient d’être battu sèchement à la primaire de LR.
Bien entendu, il pourrait se présenter comme un anti-Fillon, d’autant que celui-ci à un programme très conservateur en matière sociétale et néolibéral thatchérien en matière économique, sans oublier son programme en matière de politique étrangère où il compte se rapprocher de Poutine et d’Assad.
Cependant, une partie de l’électorat de l’UDI sur lequel il doit absolument compter pour pouvoir bien figurer et éventuellement se retrouver au second tour, rejoindra sans problème Fillon.
Et une autre partie, répondra à l’appel d’Emmanuel Macron comme le montre les sondages.
Quant à l’électorat de droite modérée, s’il avait une forte prévention à l’égard de Nicolas Sarkozy, il ne l’a pas, pour l’instant, vis-à-vis de François Fillon qui pourra sans doute réunir l’énorme majorité de la Droite derrière lui s’il l’emporte dimanche prochain.
De son côté, Alain Juppé pourrait mettre ses menaces à exécution de se présenter même battu à la primaire si celle-ci n’était pas honnête.
Or, si l’envie doit le titiller, tellement les sondages auprès des Français en font depuis des mois l’ultra-favori de la présidentielle, il n’y a pour l’instant aucun motif à dénoncer l’organisation, ni les résultats de cette primaire qui est plutôt un grand succès démocratique.
De la même façon, un Fillon candidat de la Droite retire à Juppé l’épouvantail Sarkozy qui aurait pu justifier sa candidature si l’ancien président de la république avait été désigné candidat de LR.
Et on voit mal Juppé se présenter avec comme seuls soutiens une partie de l’UDI, le MoDem et de quelques fidèles en espérant l’emporter en avril 2017.
Oui, par quelque bout qu’on le prenne, la défaite d’Alain Juppé le 27 novembre ferait de son alliance avec François Bayrou une machine infernale qui s’est retournée contre les deux hommes et enterrera peut-être leurs carrières politiques.


Alexandre Vatimbella



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