jeudi 17 novembre 2016

Présidentielle 2017. Lagarde n’aime plus Macron

Emmanuel Macron & Jean-Christophe Lagarde
Après avoir voulu se rapprocher d’Emmanuel Macron, Jean-Christophe Lagarde n’arrête plus de s’en éloigner.
Ainsi, après la déclaration de candidature de Macron, le président de l’UDI a réagi en expliquant qu’il avait seulement voulu dialoguer avec lui et que la seule chose qui était intéressante était de savoir si, après avoir critiqué le gouvernement socialiste, l’ancien ministre de l’Economie rallierait un gouvernement de la Droite et du Centre une fois Alain Juppé à l’Elysée.
En prétendant cela, Lagarde se dédit sans que cela ne lui pose aucun problème.
Il faut dire que ce n’est pas la première fois qu’il change d’avis sur une personnalité politique.
Il suffit de voir comment il parle désormais de Nicolas Sarkozy dont il était un des porte-paroles lors de la présidentielle de 2012 ou de François Bayrou dont il a été un des lieutenants à l’UDF.
Ce retournement concernant Macron éclaire le jeu politicien que joue le président de l’UDI pour se faire une place au soleil.
On comprend bien, d’abord, que son «rapprochement» avec Macron avait tout d’une mise en garde à LR et aux candidats de sa primaire alors que ces derniers ignoraient superbement Lagarde et ne prenaient même pas la peine de répondre à ses demandes de négociation d’un accord pour les législatives.
Depuis, le camp Juppé a fait le nécessaire pour que Lagarde rejoigne le maire de Bordeaux.
Et voici désormais le président de l’UDI en soutien sans faille de ce dernier.
Dans le même temps, il est devenu un critique des propos et des actes de Macron.
La raison en est double.
Comme pour François Bayrou, Jean-Christophe Lagarde sait que le fondateur d’En marche laboure les mêmes terres que les formations centristes.
Il est donc d’abord un concurrent avant d’être un possible allié.
Mais il sait également que Macron convoite le même électorat que celui d’Alain Juppé.
Et, à quelques jours du premier tour de la primaire, son annonce de candidature peut démobiliser certains de ceux qui voulaient aller y voter car Macron les séduit plus que Juppé.
D’ailleurs, Lagarde l’a reconnu en accusant Macron de faire le jeu de Sarkozy, sous-entendu, une candidature de l’ancien président de la république serait une bonne nouvelle pour celle du fondateur d’En marche.
De plus, à quelques mois du premier tour de la présidentielle, Macron a amplement le temps de creuser son sillon et de récupérer une partie de cet électorat, en particulier la partie qui est de droite modérée et de centre-droit, pour éventuellement lui permettre d’accéder au second tour, soit face à Alain Juppé, soit face à Marine Le Pen.
D’où ces critiques faites avec un raidissement plus que perceptible.
Le problème avec Jean-Christophe Lagarde, c’est que l’on ne sait pas ce qu’il fera si Alain Juppé perd la primaire de LR.
Il a dit qu’il ne soutiendrait pas François Bayrou à moins que son parti ne le fasse après un vote de ses militants.
On le voit mal se présenter alors qu’il n’obtiendrait peut-être pas les 500 signatures ou plus de 1 à 2% lors du premier tour.
Il semble fermer la porte à un soutien à Emmanuel Macron.
Sans doute se ralliera-t-il au candidat de LR quel qu’il soit, ce qu’il feint de nier pour l’instant.
Il espère certainement pouvoir passer un accord électoral très généreux pour l’UDI si le candidat de la Droite s’appelle François Fillon ou… Nicolas Sarkozy.
Peut-être que Lagarde réussira dans son entreprise.
Reste à savoir ce que le Centre et le Centrisme ont à y gagner.

Alexandre Vatimbella



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L’Editorial d’Alexandre Vatimbella. Fait pour empêcher un Trump, c’est le système qui l’a élu, pas le peuple

Les experts et autres journalistes du monde entier battent leur coulpe.
Non pas d’avoir permis l’élection de Donald Trump en le mettant constamment en scène, en propageant largement ses idées, en en faisant in fine un candidat acceptable et en tapant sans cesse sur Hillary Clinton.
Non, ce n’est pas cela qu’ils se reprochent mais de ne pas avoir compris le peuple américain, de ne pas avoir vu que ce peuple était en colère et qu’il avait décidé de choisir un populiste démagogue.
Et ils ont encore tout faux!
Car le peuple américain a choisi majoritairement Hillary Clinton.
En effet, celle-ci a gagné le vote populaire avec actuellement plus d’un million trois cent mille voix soit plus d’1% de différence en plus face à son adversaire (et ces chiffres devraient encore augmenter dans les jours qui viennent).
Dans aucun pays démocratique au monde sauf aux Etats-Unis, elle aurait perdu cette élection.
Et le pire, c’est que le système qui a été mis en place devait  éviter qu’un Donald Trump puisse un jour s’assoir dans le Bureau ovale de la Maison blanche…
Car les Pères fondateurs du pays, rédacteurs de la Constitution avaient une peur bleue que le peuple puisse élire un populiste démagogue.
Pour ce faire, ils ont imaginé un système électoral à deux étages et les fameux «checks and balances».
Ces derniers, en divisant le pouvoir entre le Président, le Congrès et le Cour suprême devaient empêcher qu’une faction puisse diriger le pays et n’en faire qu’à sa guise.
Sauf que, désormais, les républicains vont contrôler les trois institutions avec nombre d’élus de droite radicale voire d’extrême-droite…
Le premier, lui, avec son organisation à deux niveaux, le vote populaire qui désigne des grands électeurs qui, eux, élisent in fine le président, a été mis en place pour que des «sages» puissent empêcher qu’un personnage douteux et dangereux, excitant les bas instincts du peuple, dirige le pays.
Or, c’est grâce à lui que Donald Trump, qui ressemble comme deux gouttes d’eau au portrait-robot de ce personnage à éviter à tous prix, a gagné face à une centriste, Hillary Clinton.
Voilà une défaite cuisante pour ces Pères fondateurs, hommes modérés, voire centristes pour certains comme James Madison, qui voulaient une démocratie républicaine consensuelle et adepte du compromis.
Ajoutons que l’organisation du vote Etat par Etat avec la règle du «winner takes all», c’est-à-dire où le vainqueur gagne tous les grands électeurs même s’il l’emporte d’une voix, a également joué en faveur de Trump.
Dans l’histoire des Etats-Unis, le cas de figure où un président minoritaire a gouverné s’est réalisé trois fois.
La première a eu lieu en 1876 avec l’élection du républicain Rutheford Hayes qui fut battu de plus de 250.000 voix par le démocrate Tidlen (ce qui, à l’époque, équivalait à 51% contre 48% des voix pour le candidat démocrate) suite à fraudes massives.
La deuxième a eu lieu en 2000 avec George W Bush, un autre républicain, qui a battu Al Gore alors que ce dernier avait obtenu plus de 500.000 voix d’avance.
Résultat, on a eu un gouvernement très marqué à droite avec les attentats du 11 septembre – Bush a refusé de croire en la menace d’un attentat de grande envergure sur le sol du pays –, la guerre en Irak pour punir un Saddam Hussein – qui n’avait aucune responsabilité dans ces attentats – et la pire crise économique mondiale depuis 1929 à cause d’un refus de réguler les activités financières débridées de Wall Street et des grandes banques.
La troisième, c’est aujourd’hui avec Trump, toujours un républicain...
Et nous ne savons pas ce qui va se passer dans les quatre ans qui viennent.
Tout juste, nous savons qu’il a nommé comme numéro deux de son équipe à la Maison blanche un homme d’extrême-droite, raciste, sexiste et adepte des théories du complot, nomination qui a été célébrée par le parti néonazi et le Ku Klux Klan…
Une pétition qui a déjà recueilli des millions de signatures, réclame aujourd’hui que les grands électeurs – qui ont la liberté de vote – n’élisent pas Donald Trump.
Cela, malheureusement, semble impossible.
Non pas légalement mais politiquement.
En effet, depuis que le pays existe, les grands électeurs ont toujours validé les résultats des élections et l’on voit mal qu’ils ne le fassent pas aujourd’hui.
Il faudrait une menace réelle et concrète sur la démocratie américaine.
Et si l’on peut craindre que cela puisse survenir dans les quatre ans qui viennent, celle-ci demeure encore dans les propos plus que dans les actes.
Alors, journalistes et experts qui promettent d’être plus en phase avec la «colère» du peuple, soyez plutôt plus clairvoyants, regardez les faits et mobilisez-vous pour protéger la démocratie républicaine et cette majorité d’Américains qui ont dit qu’ils ne voulaient pas de Trump.
Ensuite, et seulement ensuite, occupez-vous de ces électeurs en désarroi qui ont choisi de voter pour un démagogue populiste.
Mais les faits sont les faits: ils sont minoritaires.
Et c’est Hillary Clinton qui est l’élue du peuple.
Une élue battue, tout comme le peuple.