Jean-Christophe Lagarde |
A part avec François Bayrou, Nicolas Sarkozy prétend qu’il
n’a pas de problèmes avec les centristes et que, d’ailleurs, il veut gouverner
avec eux.
Pas de problèmes, voire.
Car, quand on écoute les déclarations de Jean-Christophe
Lagarde, le président de l’UDI, ces dernières semaines et plus particulièrement
lors de ses deux plus récents interviews à Radio classique puis à BFMTV, on
s’aperçoit que ce dernier à des mots particulièrement durs à l’adresse de
l’ancien président de la république dont il répète que lui et son parti ne
soutiendront pas automatiquement la candidature, selon ses propos, si c’est Sarkozy
qui gagne la primaire de LR.
Appelant à voter pour Alain Juppé, qu’il appelle désormais
«notre candidat», Lagarde a choisi son camp un peu tard mais est devenu un
soutien sans faille du maire de Bordeaux.
Il faut dire que Nicolas Sarkozy s’est déporté de son côté
vers la droite radicale, faisant de multiples clins d’œil à l’électorat de
Marine Le Pen, ce qui est une ligne rouge pour l’ensemble des centristes, les
vrais.
De même, le président de l’UDI estime que Sarkozy sera une machine
à faire perdre la Droite en 2017, en particulier lors du premier tour où se
candidature ressoudra la Gauche et apportera certainement une partie des voix
modérée, donc du Centre, à son candidat.
On se rappelle également que Lagarde a tenté de négocier un
accord avec Sarkozy, alors président de LR, pour les législatives de 2017 mais
qu’il s’est heurté à une fin de non-recevoir.
Il est d’ailleurs assez paradoxal qu’il déclare désormais,
quand on évoque un tel accord entre lui, Bayrou et Juppé, que celui-ci ne peut
avoir lieu qu’après la désignation du candidat LR…
Toujours est-il que Lagarde fait un parallèle entre Nicolas
Sarkozy et Donald Trump, en particulier sur la stratégie électorale des deux
hommes.
Un parallèle qu’entretient d’ailleurs l’ancien président de
la république qui, s’il a déclaré qu’il soutenait Hillary Clinton, a fait de
nombreuses déclarations proches de celles de Trump, notamment à propos d’un
respect de la colère du peuple et de ses demandes en matière d’ordre et d’immigration.
Ce parallèle avec Trump, Jean-Christophe Lagarde l’a aussi
utilisé pour Marine Le Pen.
Trump-Le Pen-Sarkozy, la boucle est bouclée pour le patron
de l’UDI…
Etrangement, Nicolas Sarkozy n’a fait aucune déclaration sur
les propos durs de Jean-Christophe Lagarde à son encontre et qui ne sont guère
éloignés de ceux de François Bayrou.
Ce ménagement du président de l’UDI est évidemment intéressé
car il espère bien pouvoir bénéficier lors de la primaire du vote d’un certain
nombre de sympathisants de la formation centriste et il lui faudra ensuite
absolument faire l’union avec celle-ci s’il est le candidat officiel de LR et
qu’il veut être présent au second tour.
Sans doute, également, estime-t-il que l’intérêt pour l’UDI
d’un accord avec LR pour les législatives sera plus important pour le parti
centriste, quel que soit le candidat de la Droite, que la rhétorique agressive
de Lagarde.
A noter que dans ses interventions, ce dernier met en avant
l’absolue nécessité d’une Union européenne unie face à des pays qui ont à leur
tête des populistes démagogues ou/et des autocrates.
Enfin, il a affirmé que si François Bayrou se présentait à
la présidentielle en cas de défaite d’Alain Juppé à la primaire de LR, l’UDI ne
le soutiendrait pas car la majorité de ses militants ne le souhaitait pas.