Nicolas Sarkozy & François Bayrou |
S’imposant un silence plutôt long pour lui, François Bayrou
est remonté au créneau pour se défendre contre de nouvelles attaques de Nicolas
Sarkozy ce qui a permis à ce dernier d’en rajouter une couche, toujours dans sa
stratégie de diaboliser le président du Mouvement démocrate afin que celui-ci
soit un repoussoir qui agisse contre Alain Juppé lors de la primaire LR.
Ainsi, après le long texte publié sur Facebook le 29 octobre
où Bayrou réglait ses comptes avec Sarkozy, ce dernier expliquait, lors d’une
interview à Public Sénat, le 8 novembre: «avec qui gouverne-t-on? C’est un
problème de transparence! Les Français doivent le savoir. Moi je veux gouverner
avec les centristes. Je ne gouverne pas avec des girouettes, mais avec des
hommes de conviction»
Il ajoutait, pour être bien clair: «je ne gouvernerai pas
avec Bayrou. (…) Il n’a fait que se présenter contre les candidats de la
droite. S’il se présente, c’est une très bonne chose. Il n’y a pas un électeur
de droite qui est séduit par Bayrou. Il servira alors à retirer des électeurs
déçus à François Hollande. Il sera alors à Hollande ce que Madame Taubira fut à
Lionel Jospin en 2002».
François Bayrou réagissait à ces propos le 10 novembre sur
BFMTV.
«Si Nicolas Sarkozy et ceux qui le suivent attaquent avec cette
assiduité, c’est pour une raison profonde, c’est parce qu’ils ont peur de
quelque chose. (…) Ils ne sont pas rassurés parce qu’ils savent que mon
principal combat est l’honnêteté dans la vie politique. Je ne laisserai jamais
passer un certain nombre de leurs pratiques et de leurs habitudes. (…) Il y
avait un meeting à Neuilly dans lequel Nicolas Sarkozy a multiplié pendant 20
minutes les avanies contre moi. Qui étaient au premier rang du meeting? Monsieur
et Madame Balkany. Applaudissant frénétiquement! Entourés des honneurs et des
sourires généraux! Je me suis battu et je me battrai contre ces pratiques! Je vais
prendre un deuxième exemple: Madame Lagarde, directrice générale du FMI, va
être traduite le 12 décembre devant la Cour de justice de la République à
propos de l’affaire dite ‘Tapie’, que l’on appelle ainsi en partie à tort parce
qu’il en a été le bénéficiaire mais ce n’est pas le coupable. Est-ce que
quelqu’un a posé la question de savoir sous les ordres de qui ou sous
l’injonction de qui Madame Lagarde a participé à cette affaire que la justice
qualifie ‘d’escroquerie en bande organisée’? (…) Ils savent que si j’ai la
moindre influence, la moindre possibilité de me faire entendre dans la nouvelle
époque qui va s’ouvrir à partir des élections présidentielles, je n’accepterai
pas que ces pratiques qui sont honteuses se perpétuent. Voilà pourquoi il y a
cet affrontement de fond. Je suis le défenseur de valeurs civiques
élémentaires. J’ai été responsable de l’éducation civique des jeunes Français!
La première chose que l’on doit avoir en tête lorsque l’on pense à la vie
publique, à la démocratie, aux valeurs civiques, c’est qu’il faut que les
gouvernants soient honnêtes, qu’ils ne trempent pas dans des trafics. Ce que je
dis là, je l’ai écrit dans un livre qui s’appelle Abus de pouvoir qui n’a
jamais fait l’objet de la moindre plainte. Tout était établi ! Voilà pourquoi
il y a entre le système Sarkozy- Balkany et moi, une incompatibilité de valeurs!»
Et à la question «voteriez-vous Nicolas Sarkozy?», il
répondait évasivement, «en tout cas, je ne voterais jamais pour Marine Le Pen
et je prendrais mes responsabilités comme je les ai toujours prises».
Une réponse qui permettait à Nicolas Sarkozy, le 12 novembre
d’affirmer que celle-ci «en dit long sur son engagement moral».
Et de poursuivre, «si j'avais fait ça, moi, quel scandale
aurait-on dit. Je vous dis une chose: s'il était face à Marine Le Pen, je
voterais pour lui. Décidément... on n'a pas la même moralité, lui et moi».
Sans oublier de répéter: «Je n'ai aucun problème personnel
avec lui, j'ai un problème politique. Il a voté avec la Gauche, son projet n'a
rien à voir avec le nôtre. Donc, que les choses soient claires, si je suis élu
président de la République, je ne me mettrai pas otage de François Bayrou».
A noter qu’Alain Juppé a parlé aujourd’hui sur France 3 de
cette passe d’armes entre les deux hommes en déclarant:
«Apparemment, il y a une exécration réciproque entre
François Bayrou et Nicolas Sarkozy. Moi, je les aime bien tous les deux et
je n’ai pas envie de me lancer dans une espèce de diatribe entre les deux. Je
défends mon projet. C’est leur problème. Je ne veux pas m’engager dans
cette bagarre. Ils ont des comptes à régler depuis 2012, on le sait bien.»