François Bayrou ne refuse jamais un micro ou presque jamais.
A part lors de son introspection après son échec à la
présidentielle puis à la législative de 2012 au moment où tout le monde
pensait, et lui avec, que sa carrière était derrière lui, le président du
Mouvement démocrate a fait de ses apparitions dans les médias son arme favorite
pour exister afin de compenser la quasi-inexistence de son parti au Parlement
et donc dans le débat politique ainsi que pour cultiver son image de
présidentiable.
Mais, là, si l’on consulte le site du MoDem qui reprend
studieusement touts les propos de son chef, on s’aperçoit que cela fait huit
jours – une éternité pour lui – qu’il ne s’est pas exprimé dans les médias, c’est-à-dire
depuis son offensive contre Nicolas Sarkozy sur sa page facebook suite aux
attaques et aux insultes du camp de l’ancien président de la république afin de
décrédibiliser Alain Juppé à travers lui.
On conçoit que François Bayrou, peut-être même par une
demande expresse d’Alain Juppé, préfère ne pas mettre de l’huile sur le feu
alors même que l’électorat LR qui va voter à la primaire n’a guère une bonne
opinion de lui et que nombre de ceux qui s’apprêtent à se prononcer pour le
maire de Bordeaux dans les urnes pourraient changer d’avis s’il s’avisait de
trop s’afficher et de ruer dans les brancards ou même à juste se défendre
contre les agressions sarkozystes.
Car, pour Bayrou comme pour l’ensemble des centristes, la
victoire d’Alain Juppé à la primaire de LR est devenue impérative s’ils veulent
avoir un rôle d’une certaine importance à jouer lors de la présidentielle et
des législatives de 2017 puis dans un futur gouvernement de la Droite et du
Centre.
Pour autant, on peut se demander s’il s’agit d’une bonne
stratégie.
En effet, ce silence peut également être interprété comme
une victoire pour Nicolas Sarkozy, pire, comme la preuve de l’effet néfaste du
soutien de Bayrou à Juppé et même comme une peur des centristes de s’exprimer
pour ne pas grever leur avenir électoral et gouvernemental, justifiant alors
les insinuations des sarkozystes comme quoi il y aura bien un accord très avantageux
en leur faveur pour les législatives de la part du camp Juppé.
L’extinction de voix – même si elle est très passagère – de François
Bayrou démontre que les centristes ont toujours du mal à exister par eux-mêmes
lorsque des échéances électorales se pointent à l’horizon.
Si l’on peut comprendre le profil bas, qui n’est pas une
première chez les centristes, on doit le regretter d’autant qu’il installe l’idée
dans l’opinion que ceux-ci sont bien dans une dépendance avec la Droite, voire
qu’ils ne sont en définitive qu’un simple appendice de cette dernière.
En cela, ce n’est pas bon pour le Centre.
Alexandre Vatimbella
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