Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à
cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Nicolas Sarkozy |
S’il veut gagner la présidentielle, Nicolas Sarkozy aura
besoin des centristes et il le sait.
Alors, pour cette primaire LR où quasiment tous les leaders
du Centre ont appelé à voter pour Alain Juppé, il a décidé de s’en prendre à
François Bayrou, responsable selon lui de sa défaite en 2012.
Mais, en attaquent Bayrou, Sarkozy attaque tous les
centristes et il le sait, lui qui entretient de mauvais rapports avec eux
depuis toujours.
Car, qui peut croire sérieusement que la défaite de ce
dernier face à François Hollande serait venue de l’unique vote du citoyen
Bayrou?
Et qui peut croire que l’ensemble des centristes qui n’ont
pas voté Sarkozy en 2012 l’aient fait en soutien de Bayrou et face à ses
consignes de vote subliminales (le leader du MoDem n’ayant donné aucune
directive à ses électeurs mais ayant seulement déclaré qu’il ne voterait pas
pour le président sortant)?
De même, qui peut croire que ce soient les diatribes
anti-sarkozystes de Bayrou qui aient mis à terre l’ancien président de la
république alors même que les sondages sur sa popularité étaient
catastrophiques et son bilan peu reluisant?
Si Sarkozy a perdu, c’est uniquement de sa faute et il le
sait.
Au lieu de faire un réel mea culpa, Nicolas Sarkozy a choisi
un bouc émissaire de sa défaite à la présidentielle mais aussi à la primaire de
LR, c’est Bayrou.
Donc les centristes.
S’il coule le 20 novembre puis le 27 novembre face à Alain
Juppé, il pourra, non seulement, s’en prendre au Centre mais sans doute mettre
en doute la légitimité de ce scrutin.
Tout cela sera la faute à Bayrou…
Mais, monsieur Sarkozy, arrêtez de jouer les imbéciles.
Je connais beaucoup de centristes qui n’ont pas voté Bayrou
au premier tour de 2012 et, pourtant, qui n’ont surtout pas voté Sarkozy au
second sans pour autant voter pour Hollande.
Car ce n’est pas le «socialisme» qu’ils voulaient au pouvoir
– et que personne n’a eu d’ailleurs! – mais ils refusaient de vous voir encore
cinq années au pouvoir, vous un homme qui a largement prouvé qu’il n’était pas
qualifié pour exercer le poste de président de la république de par ses
comportements et ses propos.
Sans doute que vos déclarations incendiaires contre Bayrou
ont ravi et vont ravir deux des anciens bayrouistes les plus fervents, Maurice
Leroy et François Sauvadet. Néanmoins, cela m’étonnerait beaucoup qu’ils attirent
vers vous l’énorme majorité des centristes.
Et j’en connais déjà qui, si Nicolas Sarkozy est le candidat
de LR à la présidentielle, feront un autre choix, sans se poser le moindre
problème existentiel, au premier tour en croisant des doigts pour que le second
ne soit pas un duel entre l’ancien président de la république et Marine Le Pen.
Là, je pense qu’ils iront mettre leur bulletin Sarkozy dans l’urne
en se bouchant le nez et en fermant les yeux.
Espérons que, pour notre démocratie, nous n’en arrivions pas
à cette catastrophique extrémité.
Jean-François Bourrou