Finie la rigolade entre Lagarde et Sarkozy? |
Accusé d’être «celui qui nous a fait entrer» dans le
socialisme, François Bayrou (qui a voté Hollande en 2012) ainsi que son alter ego de l’UDI, Jean-Christophe
Lagarde, ont été l’objet d’une virulente attaque de la part de Nicolas Sarkozy.
Soutiens d’Alain Juppé, ceci expliquant évidemment cela, l’ancien
président de la république les a accusés sur Europe 1 de ne pas respecter les
règles de la primaire LR:
«Je n'aime pas les gens qui participent à une compétition et
qui en contestent les règles. Et je dis simplement à M. Bayrou et à M. Lagarde
que si on soutient un candidat à la primaire, on s'engage à respecter la règle
de la primaire. Et si, jamais, ce n'était pas le candidat qu'ils soutenaient
qui gagnait, ils devraient respecter la règle de la primaire. C'est ça la
loyauté.»
Cette diatribe est un nouvel exemple de la stratégie du camp
Sarkozy d’attaquer Alain Juppé par le biais des centristes qui le soutiennent
comme nous l’avons déjà expliqué (lire l’article Les
centristes, outil de Sarkozy pour décrédibiliser Juppé).
Plus grave, celle-ci est un grossier mensonge.
D’une part, parce que François Bayrou et le Mouvement
démocrate ont toujours dit qu’ils ne participeraient pas à la primaire de prêt
ou de loin.
Le président du MoDem a même déclaré qu’il n’irait pas voter
pour, justement, ne pas être contraint d’une manière ou d’une autre, par le
résultat, tout en regrettant l’organisation d’un tel scrutin et la présence d’Alain
Juppé à celui-ci.
Il a même affirmé qu’il avait tenté de décourager le maire
de Bordeaux d’y prendre part.
D’autre part, parce que Jean-Christophe Lagarde et l’UDI ne
participent pas, non plus, à cette primaire même si le parti centriste avait
pensé un temps y présenter un candidat officiel ou permettre à plusieurs de ses
membres d’y concourir avant de fermer la porte à ses éventualités.
On se rappelle que Jean Arthuis, alors vice-président de l’UDI
et président de l’Alliance centriste avait voulu poser sa candidature mais l’avait
retiré immédiatement après cette décision de son parti.
Et même si Jean-Christophe Lagarde vote les 20 et 27
novembre prochains, on ne voit pas pourquoi il devrait se sentir lier par le
résultat au cas où Nicolas Sarkozy l’emporterait.
Il ne s’agit pas, en effet, d’une élection officielle et
elle ne désigne que le candidat d’un parti qui n’est pas le sien.
Evidemment, Lagarde a commis une bourde en écrivant lui-même
dans Le Monde, lors de la déclaration de soutien à Juppé, que cette primaire
était celle «de la Droite et du Centre» – ce qu’elle n’est pas – semblant l’engager
dans ce processus électoral.
Néanmoins, l’UDI n’étant pas organisatrice de ce scrutin,
elle ne peut donc être obligée d’en respecter les règles et le résultat final.
C’est donc en personnes extérieures à cette primaire que François
Bayrou et Jean-Christophe Lagarde soutiennent Alain Juppé à la primaire LR.
Tout comme tous les sympathisants du Centre qui voteront… ou
non.
D’autant que c’est une primaire ouverte, choix de LR et donc
de Sarkozy, c’est-à-dire que n’importe quel Français peut voter, ce qui ne l’engage
évidemment pas à soutenir son vainqueur, ni même à voter à droite en 2017.
Nicolas Sarkozy, dans cette histoire, fait semblant de s’offusquer
d’un possible comportement à la Trump de Bayrou et Lagarde.
On sait que le candidat républicain en chute libre dans les
sondages – bonjour l’analogie avec Sarkozy! – explique qu’il ne respectera pas
le résultat de la présidentielle américaine… s’il perd.
Un comportement largement critiqué et dangereux pour la
démocratie.
Seulement, ni Lagarde, ni Bayrou n’ont affirmé qu’ils ne
respecteraient pas les résultats si Nicolas Sarkozy l’emportait.
Ils le feront bien sûr mais ne le soutiendront pas (ou
peut-être pas) pour la présidentielle et c’est leur droit de citoyen.
Cette fausse polémique montre en tout cas que les attaques
contre les centristes sont bien une arme que Sarkozy espère être de destruction
massive de Juppé.
Ainsi, il a affirmé que si Alain Juppé remporte la primaire «on
met la future majorité sous le chantage de M. Bayrou».
Ce genre de propos montre aussi qu’il est aux aboies.
Alexandre Vatimbella
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