dimanche 9 octobre 2016

Présidentielle 2017. Bayrou utilise Juppé afin d’unir le Centre autour de lui pour 2022

Alain Juppé & François Bayrou
Au fil des interviews, François Bayrou continue à parler de lui en faisant semblant de parler de Juppé comme nous l’avons déjà constaté (lire ici).
Cela lui permet de préparer une éventuelle candidature à la présidentielle si le maire de Bordeaux perd la primaire de LR.
Mais, comme les sondages le signifient de plus en plus, si c’est ce dernier qui représente la Droite en 2017, alors Bayrou s’attèlera à réunir les centristes derrière sa personne.
Ainsi, sur France 2, il a déclaré qu’il espérait bien «que l’on va bâtir un Centre qui en France voudra dire quelque chose, où les gens se retrouveront, parce que c’est une force puissante! Quand on la mesure dans les sondages autour d’une candidature que je me porte, nous sommes entre 12 et 16 % (ndlr: en réalité les chiffres oscillent entre 7% et 16%)».
Manière de dire que ses scores le rendent seul légitime à revendiquer le leadership du Centre.
Et d’ajouter au Figaro que «le Centre gouvernera la France le jour où il acceptera d’être deux choses, uni et indépendant. L’unité et l’indépendance, qui sont les deux faces de la même médaille, sont pour le Centre les conditions du rôle et de l’influence qu’il peut avoir».
Sous-entendu, «je suis le seul à avoir prôné l’indépendance et la désunion vient de ceux qui m’ont quitté à l’époque de l’UDF puis du MoDem».
François Bayrou est persuadé qu’il sera capable d’être un réunificateur du Centre au vu de l’état de délabrement de l’UDI et de l’inexistence politique des derniers centristes encore affiliés avec LR.
Néanmoins, la tâche ne sera pas aussi facile qu’il le pense parce que nombre de centristes ne souhaitent absolument pas le rejoindre.
Toujours est-il que son principal argumentaire pour une union centriste à l’occasion de cette présidentielle est assez paradoxal alors que le Centre ne présente aucun candidat qui pourrait être l’occasion de la réaliser.
Ainsi, il fustige toujours la création de l’UMP qui, dit-il, a détruit en partie le Centre dans une alliance avec la Droite dans un même parti, création d’Alain Juppé sur la demande de Jacques Chirac.
Il déclare au Figaro:
«Le Centre est un courant politique parmi les plus importants du pays. Simplement, par une série de décisions discutables au travers du temps, certains ont préféré se rallier à la puissante famille voisine sur leur droite, appelée UMP. Vous vous souvenez que quand l’UMP s’est formée, je suis allé seul contre tous ou presque à Toulouse, au meeting de fondation, pour dire ‘si l’on pense tous la même chose, c’est que l’on ne pense plus rien’. Cette prophétie s’est réalisée en ce sens que l’UMP a été un parti unique qui a empêché le Centre d’être le Centre et la Droite d’être la Droite.»
Mais il indique le lendemain sur France 2 que la victoire d’Alain Juppé permettra de réunir la Droite et le Centre dans un même projet, c’est-à-dire de raviver le projet premier de l’UMP!
«C’est faire naître un courant politique majeur en France. La chance qu’Alain Juppé représente, c’est que tout étant fidèle à sa tradition et son parti gaulliste d’origine, il peut rassembler les gens du Centre. J’ai la certitude absolue que tous les représentants du Centre se retrouveront».
Il se félicite d’ailleurs qu’avec Juppé «pour une fois on peut avoir quelqu’un qui réunisse ces deux sensibilités.
Oui, comme lors de la création de l’UMP…
Comprenne qui pourra.
Sauf si l’on suit son raisonnement jusqu’au bout.
Car il précise que «Je connais beaucoup la famille du centre. A 90 %, les représentants de cette famille politique sont rassemblés pour aider Alain Juppé s’il réussit à gagner la primaire. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard parce que l’électorat du Centre, à 90 %, dit ‘nous choisissons Alain Juppé’. D’ailleurs, je pense avoir joué un rôle dans cette prise de conscience (…).»
Donc, si Juppé gagne la primaire (et peut construire une sorte de nouvelle UMP), ce sera en grande partie grâce à lui qui a rameuté 90% des électeurs centristes.
Dès lors, il est bien légitime à prendre la tête de ce mouvement d’union du Centre.
Et une fois Juppé à la retraite – n’oublions pas que celui-ci s’est engagé à ne faire qu’un mandat de cinq ans – François Bayrou, à la tête d’un Centre uni et comptant nombre de députés, grâce au soutien au maire de Bordeaux, pourra briguer la présidence en 2022.
Il aura alors 70 ans soit deux ans de moins que Juppé quand il entrera à l’Elysée en 2017…


Alexandre Vatimbella



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Actualités du Centre. Grande Bretagne – Tony Blair veut relever le challenge du Centre

Alors que le premier ministre britannique, la conservatrice Theresa May, radicalise à droite ses positions, notamment sur le brexit mais pas seulement, et que le leader des travaillistes, Jeremy Corbyn, tout auréolé de sa récente et nouvelle victoire dans les élections à la direction du Labour, va continuer à faire de même sur sa gauche avec son parti, Tony Blair, qui fut au pouvoir pendant dix ans de 1997 à 2007 à la tête d’un gouvernement de centre-gauche et qui inventa le New labour (nouveau parti travailliste) en mettant en œuvre dans son pays la Third way (troisième voie) imaginée par Bill Clinton, veut faire revivre le Centre bien mal en point actuellement outre-Manche.
Comme il l’a déclaré au magazine Esquire, «l’espace centriste est en difficulté. C’est notre challenge. Nous devons relever ce challenge».
Rappelons que le New labour et la Third way étaient une tentative de responsabiliser la gauche britannique et de la confronter au réel alors qu’elle se morfondait dans l’opposition depuis les années de pouvoir de Margaret Thatcher.
Ce recentrage du Parti travailliste l’avait amené à être plus centriste sur bien des points que le Parti libéral (devenu depuis Lib dems, Libéraux démocrates) qui soutenait des positions plus à gauche que lui…
Reste que le retour de Tony Blair est très problématique.
S’il a été un des premiers ministres les plus populaires et qu’il a passé le relai à Gordon Brown avec succès, les révélations sur des sujets très controversés lors de son passage au pouvoir, en particulier sur la guerre en Irak à laquelle il a fait participer son pays en soutenant les thèses mensongères de George W Bush, ainsi que son enrichissement depuis son départ du 10 Downing street, résidence des premiers ministres à Londres, en «conseillant» nombre d’autocrates étrangers à travers le monde en font un des hommes politiques britanniques les plus détestés aujourd’hui.
De même, il est un homme sans troupe et s’il devait prendre des initiatives, il aurait face à lui des Lib dems, c’est vrai très affaibli par les dernières législatives mais en pleine reconstruction et qui veulent occuper tout l’espace centriste laissé vacant tant jusqu’au centre-droit qu’au centre-gauche par la radicalisation des deux grandes formations du pays.
D’ailleurs, à la question de savoir s’il comptait revenir en politique, Tony Blair a répondu: «tout ce que je peux dire c’est où nous en sommes en politique. Est-ce que je le pense fortement? Oui, certainement. Suis-je très motivé par tout cela? Oui. Où vais-je aller? Que vais-je faire exactement? C’est une question qui demeure ouverte».