Alain Juppé & François Bayrou |
Au fil des interviews, François Bayrou continue à parler de
lui en faisant semblant de parler de Juppé comme nous l’avons déjà constaté (lire
ici).
Cela lui permet de préparer une éventuelle candidature à la
présidentielle si le maire de Bordeaux perd la primaire de LR.
Mais, comme les sondages le signifient de plus en plus, si c’est
ce dernier qui représente la Droite en 2017, alors Bayrou s’attèlera à réunir
les centristes derrière sa personne.
Ainsi, sur France 2, il a déclaré qu’il espérait bien «que
l’on va bâtir un Centre qui en France voudra dire quelque chose, où les gens se
retrouveront, parce que c’est une force puissante! Quand on la mesure dans les
sondages autour d’une candidature que je me porte, nous sommes entre 12 et 16 %
(ndlr: en réalité les chiffres oscillent entre 7% et 16%)».
Manière de dire que ses scores le rendent seul légitime à
revendiquer le leadership du Centre.
Et d’ajouter au Figaro que «le Centre gouvernera la France
le jour où il acceptera d’être deux choses, uni et indépendant. L’unité et
l’indépendance, qui sont les deux faces de la même médaille, sont pour le Centre
les conditions du rôle et de l’influence qu’il peut avoir».
Sous-entendu, «je suis le seul à avoir prôné l’indépendance
et la désunion vient de ceux qui m’ont quitté à l’époque de l’UDF puis du MoDem».
François Bayrou est persuadé qu’il sera capable d’être un
réunificateur du Centre au vu de l’état de délabrement de l’UDI et de l’inexistence
politique des derniers centristes encore affiliés avec LR.
Néanmoins, la tâche ne sera pas aussi facile qu’il le pense
parce que nombre de centristes ne souhaitent absolument pas le rejoindre.
Toujours est-il que son principal argumentaire pour une
union centriste à l’occasion de cette présidentielle est assez paradoxal alors
que le Centre ne présente aucun candidat qui pourrait être l’occasion de la
réaliser.
Ainsi, il fustige toujours la création de l’UMP qui, dit-il,
a détruit en partie le Centre dans une alliance avec la Droite dans un même
parti, création d’Alain Juppé sur la demande de Jacques Chirac.
Il déclare au Figaro:
«Le Centre est un courant politique parmi les plus
importants du pays. Simplement, par une série de décisions discutables au
travers du temps, certains ont préféré se rallier à la puissante famille
voisine sur leur droite, appelée UMP. Vous vous souvenez que quand l’UMP s’est
formée, je suis allé seul contre tous ou presque à Toulouse, au meeting de
fondation, pour dire ‘si l’on pense tous la même chose, c’est que l’on ne pense
plus rien’. Cette prophétie s’est réalisée en ce sens que l’UMP a été un parti
unique qui a empêché le Centre d’être le Centre et la Droite d’être la Droite.»
Mais il indique le lendemain sur France 2 que la victoire d’Alain
Juppé permettra de réunir la Droite et le Centre dans un même projet, c’est-à-dire
de raviver le projet premier de l’UMP!
«C’est faire naître un courant politique majeur en France.
La chance qu’Alain Juppé représente, c’est que tout étant fidèle à sa tradition
et son parti gaulliste d’origine, il peut rassembler les gens du Centre. J’ai
la certitude absolue que tous les représentants du Centre se retrouveront».
Il se félicite d’ailleurs qu’avec Juppé «pour une fois on
peut avoir quelqu’un qui réunisse ces deux sensibilités.
Oui, comme lors de la création de l’UMP…
Comprenne qui pourra.
Sauf si l’on suit son raisonnement jusqu’au bout.
Car il précise que «Je connais beaucoup la famille du
centre. A 90 %, les représentants de cette famille politique sont rassemblés
pour aider Alain Juppé s’il réussit à gagner la primaire. Ce n’est d’ailleurs
pas un hasard parce que l’électorat du Centre, à 90 %, dit ‘nous choisissons
Alain Juppé’. D’ailleurs, je pense avoir joué un rôle dans cette prise de
conscience (…).»
Donc, si Juppé gagne la primaire (et peut construire une sorte
de nouvelle UMP), ce sera en grande partie grâce à lui qui a rameuté 90% des
électeurs centristes.
Dès lors, il est bien légitime à prendre la tête de ce
mouvement d’union du Centre.
Et une fois Juppé à la retraite – n’oublions pas que celui-ci
s’est engagé à ne faire qu’un mandat de cinq ans – François Bayrou, à la tête d’un
Centre uni et comptant nombre de députés, grâce au soutien au maire de
Bordeaux, pourra briguer la présidence en 2022.
Il aura alors 70 ans soit deux ans de moins que Juppé quand
il entrera à l’Elysée en 2017…
Alexandre Vatimbella
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