vendredi 7 octobre 2016

Présidentielle 2017. Borloo choisira-t-il Juppé ou… Macron?

Alors que la grande majorité de l’UDI, derrière son président, Jean-Christophe Lagarde, s’apprête à choisir le soutien à Alain Juppé sans aucune surprise autre que celle que les médias font semblant de découvrir, il demeure une interrogation de choix: pour qui va rouler Jean-Louis Borloo?
Car, pour un des candidats à la primaire de LR, avoir Borloo de son côté, c’est autre chose que d’avoir Morin, Leroy, Sauvadet, Hénart ou Lagarde et compagnie dans son équipe.
D’une part parce qu’il demeure très populaire, non seulement dans la population mais plus particulièrement dans le peuple de droite et évidemment du Centre.
D’autre part parce que son parcours politique et professionnel lui donne une certaine stature que même François Bayrou ne possède pas.
D’ailleurs, chez Les républicains on en est bien conscient et l’on attend avec impatience une déclaration que l’intéressé affirme qu’il va faire dans les semaines à venir lors d’un entretien au quotidien Le Parisien.
Ainsi, il a expliqué au quotidien: «Je dirai ce que j'attends de la prochaine présidentielle, du respect des valeurs et de l'hygiène de comportement que doit avoir un président.»
Il a ajouté qu’«en 2017, la France doit se choisir un président. Pas un chef de gouvernement, pas un ministre de tout. Notre pays a une fonction mondiale qui dépasse sa surface économique. Ce qui m'intéresse, c'est de savoir quelle politique internationale, quelles équipes, quels grands objectifs, comment il rendra compte de son action et comment il remettra en marche l'ascenseur social.»
Ministre de Nicolas Sarkozy, on pourrait penser que son choix pencherait en faveur de l’ancien président de la république.
Mais le portrait esquissé ci-dessus et la droitisation de ce dernier sont des handicaps qui semblent rédhibitoires pour ce cas de figure.
D’autant que, pour Borloo, une des questions principales est «quel vivre-ensemble voudra favoriser le prochain président? Protéger nos clochers oui, mais il faut aussi regarder le monde comme il est.»
Devant les défis migratoire, démographique et écologique «il y a besoin d'allier fermeté et compréhension. Un président doit être capable de mobiliser les forces vives de la nation.»
Sans parler de la brouille entre les deux hommes lorsque Sarkozy a fait croire pendant des mois à Borloo qu’il allait le nommer premier ministre alors qu’il n’avait jamais eu l’intention de le faire.
Ce qui provoqua le départ de Borloo du gouvernement et du Parti radical de l’UMP puis de la création de l’UDI.
Même si tout est possible en politique, le choix le plus évident pour Jean-Louis Borloo s’appelle Alain Juppé.
Celui-ci a de la bouteille, un positionnement d’«homme de droite» «modéré» et «réformiste», préoccupé par les problèmes environnementaux, comme il vient de le rappeler sur France 2, ce qui le rend centro-compatible et, en l’espèce, Borloo-compatible…
Bien entendu, il pourrait également se tourner vers des plus jeunes comme Bruno Le Maire ou Nathalie Kosciusko-Morizet, cette dernière ayant travaillé avec lui au gouvernement.
Mais Borloo est un homme indépendant et il pourrait éventuellement soutenir Emmanuel Macron.
Cette hypothèse n’est pas la plus probable, loin de là, mais l’ancien président de l’UDI estime que «sans aucun doute», Macon a «des qualités».
Ce choix pourrait également être la conséquence de sa distance avec la Droite après son départ du gouvernement et avec l’UDI après son départ de la présidence d’un parti ingérable.
D’ailleurs, il suffit de voir aujourd’hui Jean-Louis Borloo pour voir que sa nouvelle vie lui a redonné une santé florissante, loin de sa mine déconfite lorsqu’il dirigeait la confédération centriste avant même son épisode de sa grave maladie…
Mais si jamais Borloo se rallait à une candidature possible de Macron, sans doute que certains à l’UDI le suivraient.
Enfin, il est également possible que Borloo refuse de se déterminer pour un candidat et la joue au-dessus de la mêlée, tel un sage qui pourra alors intervenir à son grès au cours de la campagne pour faire avancer sa vision des choses.

Alexandre Vatimbella



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Présidentielle USA 2016. La presse américaine se mobilise enfin contre Trump

On n’avait jamais vu cela.
Même si les médias audiovisuels continuent à jouer, pour la plupart, la (fausse) carte de l’égalité et de l’équité entre les deux candidats à la présidentielle, estimant, entre autres, que le mensonge est une arme électorale (dans une ère de la «post-vérité»), d’où souvent une absence de réactions aux énormités de Trump, un nombre très important de journaux et de magazine se sont prononcés ces dernières semaines contre Donald Trump.
S’il était élu, le candidat républicain serait selon eux, non seulement, le président le moins qualifié de toute l’histoire du pays mais, en plus, il serait une menace majeure pour la démocratie.
Aux Etats-Unis, à chaque élection, une partie de la presse écrite prend partie pour l’un ou l’autre candidat, c’est une tradition.
Ainsi, sans surprise, le New York Times s’est prononcé en faveur d’Hillary Clinton.
Ce qui est totalement nouveau, en revanche, c’est le nombre de journaux républicains qui ont choisi la candidate démocrate dans un mouvement que l’on pourrait baptiser de «Tout sauf Trump».
Ce qui est également inhabituel, c’est de voir ceux qui généralement ne prennent partie pour aucun candidat, devant la possibilité de voir Trump s’installer dans le Bureau ovale, appellent à voter pour son opposante.
Ainsi, le magazine The Atlantic, fondé en 1857, a décidé, pour la troisième fois seulement de son histoire, de soutenir un candidat.
Après avoir choisi Abraham Lincoln (républicain) en 1860 parce qu’il était contre l’esclavage puis Lyndon Johnson (démocrate) en 1964 qui était face à l’extrémiste de droite Barry Goldwater, il a décidé d’appeler à voter pour Hillary Clinton afin de faire barrage à Donald Trump.
Comme l’explique un éditorial du magazine, «nous sommes impressionnés par beaucoup des qualités de la candidate démocrate pour la présidentielle, même si nous sommes exaspérés par d’autres, mais nous sommes particulièrement inquiets avec le candidat du Parti républicain, Donald J. Trump, qui pourrait être le candidat d’un grand parti le plus ostentatoirement incapable des 227 années d’histoire de la présidence américaine».
Une charge lourde qui est reprise par le seul quotidien à diffusion nationale, USA Today.
Ce dernier qui n’avait jamais soutenu un candidat s’est également prononcé en faveur de Clinton en déclarant: «Au cours des 34 ans de l’histoire de USA Today, le comité éditorial n’avait jamais pris partie dans la course présidentielle. Nous n’avions jamais eu une bonne raison de modifier notre approche. Jusqu’à maintenant. Cette année, le choix n’est pas entre deux candidats capables des deux grands partis qui ont des différences idéologiques importantes. Cette année, un des candidats est, par un consensus unanime du comité éditorial, inapte pour la présidence».
Du côté de la presse républicaine, on sonne la charge contre le promoteur newyorkais.
Le New Hampshire Union Leader qui a appelé à voter pour le candidat républicain depuis 1916, écrit que Trump est «un menteur, un fanatique, un bouffon. Il a dénigré tous les individus ou les groupes qui lui déplaisent. Il a déshonoré les vétérans de l’armée et leurs familles, s’est moqué des problèmes physiques et a changé ses visions politiques aussi souvent qu’il a changé de femmes».
L’Arizona Republic soutient un démocrate pour la première fois depuis 1890 notamment parce que Trump, «au lieu d'offrir des solutions, accroche des boucs émissaires aux arbres comme des piñatas en invitant les gens à se défouler en les frappant».
Le Houston Chronicle, dans un Texas très majoritairement républicain est dans le même cas et ne mâche pas ses mots: «N'importe laquelle des qualités de Trump vaut moins que rien – son tempérament erratique, ses pratiques douteuses dans les affaires, son racisme, ses inclinations d'homme fort semblables à celles de Poutine et sa démagogie de faux populiste, son mépris pour l'Etat de droit, son ignorance – sont suffisantes pour le disqualifier».
Tout comme le Dallas Morning News, qui n’avait pas soutenu un démocrate depuis 1944 et son soutien à Franklin Roosevelt alors que la Deuxième guerre mondiale faisait rage.
Le quotidien écrit que Trump «joue sur la crainte – exploitant les bas instincts de xénophobie, de racisme et de misogynie – pour révéler le pire dans nous tous, plutôt que le meilleur. Ses changements en série dans des questions fondamentales révèlent une absence étonnante de préparation. Et ses insultes improvisées ainsi que ses tweets de minuit montrent un dangereux manque de jugement et de contrôle de ses pulsions.»
Le San Diego Union-Tribune qui, en 143 ans d’existence, avait toujours soutenu le candidat républicain, a annoncé choisir Clinton parce que Trump est «vindicatif, malhonnête et impulsif».
Pour le Cincinnati Enquirer, qui n’avait pas choisi un démocrate depuis 1916, «Trump est un danger immédiat et évident pour notre pays».
Même une membre du pourtant très conservateur et très républicain Wall Street Journal, propriété du très à droite Rupert Murdoch, Dorothy Rabinowitz, s’est aussi prononcée en faveur d’Hillary Clinton en écrivant que «son élection est la seule chose qui sépare la nation américaine du règne du président le plus instable, le plus fièrement inculte, le plus inapte psychologiquement à pouvoir jamais entrer à la Maison blanche.
Certains journaux conservateurs ne son pas allés jusqu’à soutenir Clinton mais ont pris position contre Trump.
C’est le cas, notamment, du Detroit News qui, depuis sa création en 1873, avait toujours appelé à voter républicain: «Trump est sans principe, instable et très vraisemblablement dangereux. Il ne peut pas être notre président».
Il est difficile de savoir si ces prises de position ont un effet sur le lectorat de ces journaux et sur l’électorat.
Selon USA Today, «Le nombre de surprises dans les soutiens pourrait avoir, cette année plus d’impact. Une étude de 2011 de Chun-Fang Chiang et Brian Knight, publié par Oxford University Press, a constaté que les soutiens peuvent avoir de l’influence, ajoutant, ‘le niveau de cette influence, cependant, dépend de la crédibilité du soutien. Ainsi, les soutiens pour le candidat démocrate des journaux de gauche sont moins influents que des approbations de journaux indépendants ou de droite et de même pour les soutiens pour le candidat républicain’.»
Quoiqu’il en soit, elles montrent l’énorme crainte que ressent une grande partie de l’Amérique devant la possibilité de voir Donald Trump l’emporter le 8 novembre.

Sondages des sondages au 7 octobre 2016
L’avance de Clinton devient plus conséquente

Clinton
Trump
Ecart
Election projection
48,0%
44,6%
Clinton 3,4
Five Thirty Eight (1)
44,6 %
39,9%
Clinton 4,7
Huffington Post
48,3%
41,7%
Clinton 6,6
New York Times
45,0%
41,0%
Clinton 4,0
Polltracker TPM
47,0%
41,0%
Clinton 6,0
Pure Polling
47,6%
43,5%
Clinton 4,1
Real Clear Politics
48,1%
44,2%
Clinton 3,9
270 to win (1) (2)
48,3%
43,0%
Clinton 5,3
(1) Prend en compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours de sondages


Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC



Présidentielle USA 2016

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