Il y a un Emmanuel Macron séduisant, celui qui pose un
regard clairvoyant sur l’état de la France et propose une vision progressiste
et réformiste dans le droit fil du Centrisme avec quelques aménagements qui en
font ce qu’il appelle son social-libéralisme qu’il situe à gauche.
Celui-là est un homme intéressant qu’il faut écouter.
Mais il y a également celui qui, comprenant que le monde politique
était largement discrédité dans la population, parle parfois comme un démagogue,
parfois comme un populiste à l’instar de tous les créateurs de ces «mouvements
citoyens» dont quasiment un se forme chaque semaine pour «redonner le pouvoir à
la société», dixit le leader d’En marche lors de son discours de Strasbourg.
Ce Macron là surfe sur un mécontentement et, au lieu
d’élaborer un plan de sauvetage pour corriger les dérives de la démocratie
républicaine, invente des «machins» pour soi-disant impliquer ce peuple oublié
dans les choix de l’exécutif et du législatif.
Comme, par exemple, de créer une «commission de citoyens»
qui serait chargée, tous les ans, de faire un audit du pouvoir, notamment de l’action
du président de la république afin de rétablir le principe de «responsabilité».
Au-delà de la nomination de ses membres par tirage au sort,
sorte de nouveau joujou des bobos de la politique qui appellent à la rescousse ce
bon vieil Aristote pour qui c’était le système le plus démocratique puisqu’il
mettait tous les citoyens à égalité devant l’élection mais qui n’ont pas
compris que l’Athènes de l’Antiquité ne se gère pas comme la France du XXI°
siècle, on sait bien que ces gadgets ne servent à rien d’autre qu’à faire
croire que l’on peut diriger une démocratie républicaine d’«en bas» alors que
ce n’est, non seulement, pas possible mais pas souhaitable.
De même, en flattant certains instincts poujadistes,
toujours prêts à resurgir, on gagne de la notoriété et de la popularité à peu
de frais mais on s’engage sur une voie périlleuse et l’on ne rend pas service à
la démocratie républicaine.
Car là où Macron se trompe et tous les leaders autoproclamés
de la société civile qui ne leur a rien demandé, ce n’est pas les institutions
démocratiques qui sont en cause mais la pratique qui en est faite.
Il ne s’agit pas de sortir de son chapeau des fausses
innovations mais plutôt de s’atteler à ce que la démocratie républicaine
fonctionne correctement.
Là est le vrai challenge.
Et ce n’est pas en instillant une petite dose de
proportionnelle aux législatives comme il le propose qu’on règlera le problème
de la représentativité mais bien en mettant en place un vrai scrutin
proportionnel avec une prime au parti ou à la coalition arrivée en tête pour
permettre à une vraie majorité de gouverner avec le président de la république.
En outre, ses attaques tous azimuts contre Juppé, Sarkozy,
Hollande, Valls et d’autres qui, c’est vrai, le critiquent parfois durement,
sont de la distraction qu’il devrait éviter.
Jouer la victimisation de celui qui dit la vérité, posture dangereuse
que beaucoup avant lui ont utilisé avec plus ou moins de bonheur pour eux, est
une démarche qui ne fait pas avancer grand-chose dans le réel et le concret.
Même s’il est vrai qu’il est un peu seul contre tous, c’est-à-dire
ceux qui, comme d’habitude, veulent barrer la route au petit nouveau qui veut se
faire une place au soleil et leur prendre une part du gâteau.
Pour autant, Macron sur-joue sa solitude politique en fustigeant
les politiciens comme n’importe quel démagogue et il n’est pas sûr qu’il en
sorte gagnant.
Emmanuel Macron a peut-être un avenir en politique.
Mais pour qu’il en ait un avec les centristes, il devra
éviter ses tentations populistes.
Centristement votre.
Le Centriste