Plusieurs sondages, dont ceux de NBC et de CNN, qui viennent
d’être publiés redonnent une avance plus confortable à la centriste Hillary
Clinton face au populiste démagogue Donald Trump tandis que tous les sondages
des sondages donnent la candidate démocrate en tête même si pour certains
celle-ci est dans la marge d’erreur.
Mais l’important pour Clinton à l’approche du premier débat
présidentiel qui aura lieu le 26 septembre dans l’Etat de New York, c’est
qu’elle semble avoir repris la main et que la dynamique de Trump a été cassée.
Ce dernier continue, par ailleurs, à s’empêtrer dans sa
volonté de séduire l’électorat africain-américain.
Ses derniers propos sont des insultes à la communauté noire
comme ceux où il affirme que celle-ci n’a jamais vécu de toute l’histoire des Etats-Unis
une période plus mauvaise pour elle, «oubliant» l’esclavage…
Ou comme ceux où pour «protéger» les Africains-américains,
il propose de généraliser à tout la pays les contrôles aléatoires opérés
pendant des années à New York avant l’arrivée à la mairie de Bill de Blasio,
baptisés «Stop and Frisk», et qui se sont révélés cibler ceux-ci avec des
critères souvent uniquement raciaux…
Ou encore sa réunion avec l’organisateur noir controversé de
combats de boxe, Don King, qui a parlé de «nègres» devant un Trump gêné qui
baissait les yeux alors que des blancs de son entourage rigolaient de manière
ostentatoire…
Pour autant et malgré cela, les jeux sont loin d’être faits.
Si peu d’experts pensent qu’un retournement de situation est
possible, néanmoins aucun n’estime que cela est totalement impossible.
Le premier débat est généralement celui qui permet le plus
de déplacement de voix, un phénomène qui demeure limité, alors que les suivants
confirment plutôt les tendances (même si Mitt Romney avait été donné gagnant du
premier débat en 2012 face à Obama mais sans conséquence particulière sur
l’élection d’autant qu’Obama avait été déclaré vainqueur des suivants).
Cependant, cette élection demeure assez atypique et peu
prédictible quant aux conséquences de tel ou tel événement.
Toutefois, il semble acté que l’élection sera assez serrée
alors que l’on aurait pu penser qu’Hillary Clinton l’emporterait avec une
avance conséquente tellement Donald Trump est une caricature de candidat, qu’il
a multiplié les mensonges ainsi que les insultes et qu’il refuse de jouer la
transparence notamment sur ses revenus et certaines de ces activités pointées
du doigt par la presse (son «université» et sa fondation).
On a donc tenté d’expliquer ce phénomène difficilement
compréhensible pour nombre de politologues.
La théorie selon laquelle nous sommes dans une ère politique
«post-truth» fait florès actuellement.
L’expression est apparue en 2004 dans un livre de Ralph
Keyes, «Post-truth era» puis a été appliqué en 2010 à la politique par David
Roberts, celle-ci explique que ce n’est plus la vérité (ou la réalité) qui est
importante lors d’un scrutin pour les électeurs mais l’émotion et l’attachement
à un camp ou à un candidat.
Cela est d’autant plus prégnant que les médias se
positionnent non sur cette vérité des dires des candidats mais sur l’équité à
offrir à ces derniers une couverture identique sans rechercher systématiquement
si ce qu’ils disent est vrai ou non.
Et même lorsqu’ils s’y intéressent pour dénoncer un
candidat, cela ne touche guère ses électeurs.
Pour si intéressante qu’elle soit et qu’elle permet d’expliquer
les tendances radicales qui se font jour ces dernières années, elle passe trop
sous silence la responsabilité des médias qui sont avant tout mus par des
préoccupations de taux d’audience que d’information citoyenne.
De même, cette thèse n’offre pas une vision totalement
nouvelle puisque l’on sait depuis longtemps que le mensonge et les fausses
promesses sont légions lors d’une campagne électorale et qu’ils sont avant tout
une manière de parler à son camp avant d’être un moyen de séduire les indécis.
C’est si vrai que les études qui ont essayé de savoir
qu’elles étaient les différences entre l’électorat de Clinton et celui de Trump
en reviennent aux constatations de base avec des clivages très importants sur
des questions essentielles qui divisent les démocrates et les républicaines
depuis longtemps.
Ils pointent également l’enracinement des thèses extrémistes
du Tea party dans l’électorat républicain de plus en plus radical et prêt à
prendre pour argent comptant nombre de théories du complot par haine des
démocrates.
Cette haine se manifeste dans un sondage réalisé par le Pew
research center qui montre que la principale raison pour laquelle on vote pour
Trump est la haine contre Clinton.
Du côté des électeurs de Clinton si le rejet de Trump vient
également en premier comme motivation de vote, il est toutefois ex-aequo avec l’expérience
de la candidate démocrate et le fait qu’elle fera ce qu’elle dit.
A noter qu’un tiers des gens qui s’apprêtent à voter pour
Trump sont préoccupés par son tempérament et son côté imprévisible.
Un autre sondage du Pew research center concernant le
traitement des médias vis-à-vis des candidats est plutôt surprenant.
Ainsi, les Américains ne considèrent pas majoritairement que
les médias ont une attitude trop bienveillante avec Donald Trump malgré leur
manque de réaction face à ses mensonges pointés un peu partout.
Seuls 27% des sondés estiment que les journalistes sont trop
indulgents avec lui (alors qu’ils sont 33% à le penser pour Clinton).
Comme l’écrit l’organisation dans ses commentaires, «Tout au
long de la course à la présidentielle 2016, les campagnes de Donald Trump et d’Hillary
Clinton ont décrié les médias d'information accusés de les traiter trop
durement. Cependant, les Américains ne semblent pas être d'accord. Seulement
une mince minorité pense que la couverture des médias d'information de Trump et
de Clinton est trop dure, une opinion qui était déjà présente lors des
élections générales précédentes. En fait, plus d'Américains disent les médias sont
trop gentils avec Trump qu’avec les candidats républicains tant en 2012 qu’en
2008. Quant à Clinton, les opinions qu’elle est traitée avec trop de
gentillesse ont tendance à être plus semblables aux cycles des précédentes élections».
A noter que la star Bruce Springsteen a traité Trump d’«imbécile»
tandis que Ted Cruz a décidé qu’il voterait pour le promoteur newyorkais le 8
novembre après que celui-ci ait insulté son père et proféré de nombreux
mensonges à son égard…
Sondages
des sondages au 23 septembre 2016
|
|||
Clinton reprend
de l’avance
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
Election projection
|
46,7%
|
43,6%
|
Clinton 3,1
|
Five Thirty Eight (1)
|
42,4 %
|
40,3%
|
Clinton 2,1
|
Huffington Post
|
45,9%
|
41,6%
|
Clinton 4,3
|
New York Times
|
44,0%
|
41,0%
|
Clinton 3,0
|
Polltracker TPM
|
44,5%
|
41,7%
|
Clinton 2,8
|
Pure Polling
|
44,8%
|
42,4%
|
Clinton 2,3
|
Real Clear Politics
|
46,2%
|
43,2%
|
Clinton 3,0
|
270 to win (1) (2)
|
45,3%
|
42,2%
|
Clinton 3,1
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
A lire aussi: