E. Macron & P. de Villiers |
Emmanuel Macron vient de faire une incroyable révélation
selon les médias: il n’est pas socialiste.
Bien, mais combien de Français pensaient qu’il l’était?
Ceux qui ne suivent jamais les informations?
Oui, peut-être, encore faut-il savoir comment ils pourraient
le connaitre…
Emmanuel Macron a toujours dit qu’il avait une sensibilité
de gauche avant d’affirmer qu’il n’était «ni de gauche, ni de droite».
Une déclaration qui a fait les gros titres des médias.
Et à part pour quelques crypto-trotsko-stalino-maoïstes,
être socialiste c’est se situer à gauche.
Sans oublier qu’il se définit comme un libéral avec une
sensibilité «social-libérale».
D’ailleurs, pour lui «le grand clivage n’est plus entre la
Droite et la Gauche mais entre ouverture et fermeture, entre progressistes et
conservateurs».
Ce qui devrait faire de lui un centriste ou, ad minima, un
compagnon de route du Centre.
Bon, voilà pour la clarification qui n’en est pas une et,
donc, une information qui n’est en pas une.
Voire.
Car Emmanuel Macron a fait ce faux coming out sur son
non-socialisme, à une réponse d’un journaliste, alors qu’il était allé
rencontrer Philippe de Villiers au parc d’attractions du Puy du Fou dont ce
dernier est le créateur pour saluer ce qu’il a appelé une «formidable réussite».
Or, de Villiers n’est pas socialiste, ni même de gauche,
encore moins «ni à droite, ni à gauche», pas plus du Centre mais un trublion de
la politique qui se situe aux franges de l’extrême-droite, qui plus est un
anti-européen notoire.
Et les propos tenus par Macron pour expliquer sa rencontre
avec ce personnage controversé ne sont guère convaincants:
«Notre pays est paralysé parfois par une espèce de
sectarisme, par des oppositions stériles qu'on voudrait créer. Il y a des
divergences, elles sont réelles, c'est normal, c'est la vie politique. Philippe
de Villiers a ses convictions que je respecte, j'ai les miennes, sur l'Europe,
sans doute sur la société française».
Et d’ajouter: «Nous appartenons à un même pays».
Avec cette remarque, toutes les rencontres sont donc possibles
pour Macron.
Voilà sans aucun doute qui pose problème plus que le
non-socialisme du ministre de l’Economie.
Car, dans la classification même de Macron, qui se pose en
progressiste ouvert, De Villiers est un conservateur, adepte de la fermeture en
matière de mœurs et contre l’ouverture par l’Europe et par la mondialisation.
Et parmi les pires.
Depuis quelques temps, il fricote même avec deux sombres
bonhommes, Patrick Buisson et Eric Zemmour, l’un d’extrême-droite, l’autre de
droite radicale.
Selon l’Express, «Leur défi: faire vivre la ‘droite hors les
murs’, selon l'expression de Patrick Buisson, une droite identitaire,
souverainiste, conservatrice, réactionnaire et assumée comme telle (…).»
Quel «sens» – puisque, selon lui les Français en ont besoin
–, porte donc cette rencontre pour son entreprise politique En marche?
Est-ce une faute politique?
Rappelons d’abord que dans les baromètres de popularité et
malgré une baisse ces derniers temps, Macron est plus populaire chez les
électeurs de droite que chez ceux de gauche.
Mais cela ne justifie pas cette rencontre, qui plus est,
largement médiatisée par ses soins.
On a l’impression qu’Emmanuel Macron se sent, à la fois,
dans la toute puissance de sa popularité sondagière et de la réussite
médiatique de la création de son mouvement En marche mais également déstabilisé
par les critiques virulentes à son encontre venues d’un peu partout mais aussi
par des questionnements de plus en plus nombreux sur sa stratégie et, surtout, sur
le but réel de son entreprise politique.
Alors, il cherche désespérément à se mettre en scène au
risque de brouiller de plus en plus son image.
En allant voir Philippe de Villiers, il peut se targuer de
son ouverture d’esprit.
Néanmoins, cela ne lui fera pas gagner un seul soutien à
gauche ainsi qu’au Centre et à droite.
Cette initiative sera vue plutôt comme une provocation dans
une volonté de faire parler de lui coûte que coûte et d’un dérapage du à une
ambition débridée.
Ceux qui espèrent encore dans l’homme, espèrent également qu’il
saura se reprendre.
Centristement votre.
Le Centriste