Or donc Donald Trump a changé l’équipe de sa campagne devant
les sondages désastreux qui lui prédisent une défaite à plate couture le 8
novembre prochain face à la centriste Hillary Clinton.
Et un «nouveau style» a semblé émerger avec, lors d’un
meeting en Caroline du Nord, les excuses surprises du promoteur newyorkais pour
les insultes proférées depuis les quatorze mois de sa campagne.
Il a affirmé, en lisant avec attention un texte écrit pour
lui sur un téléprompteur, que «parfois, dans l’ardeur des débats et en parlant
d’une multitude de problèmes, vous ne choisissez pas les bons mots ou vous
dites la mauvaise chose. Je l’ai fait et, croyez-le ou non, je le regrette – et
je le regrette vraiment – particulièrement lorsque cela a pu causer de la pein
à quelqu’un».
Traduction: tout ceci n’était que débordements dans la
fièvre de la campagne, sous-entendu ce ne sera pas la même chose une fois qu’il
sera à la Maison blanche.
Mais encore faut-il croire celui qui s’est fait une
spécialité dans le populisme de bas étage et la démagogie dangereuse.
Insulter pour ensuite s’excuser et certainement insulter à
nouveau avant de s’excuser encore est sans doute la «nouvelle» stratégie de
Trump (même s’il l’a déjà expérimenté) car on voit mal comment il pourra tenir
pendant les trois derniers moins de la campagne une ligne toute en retenue et
policée.
Mais, dans cette démarche de la dernière chance, il espère
évidemment avoir tout à gagner.
Vis-à-vis de ses fans, il pense que ce qui restera le jour
de l’élection, ce sont les débordements multiples, les insultes, les théories
complotistes et les appels à la violence qui ont fait son personnage public
depuis des décennies, celui pour lequel ils veulent voter.
Ceux-ci se diront que le candidat républicain a du contrôler
son langage uniquement pour attirer un électorat modéré afin de gagner
l’élection mais que le «vrai» Trump est celui qui leur a parlé d’une Amérique
crépusculaire et qui s’en est pris à tout le monde et au monde entier.
Vis-à-vis des électeurs modérés, voire issus des minorités, il
croit que ses excuses seront ce qu’ils retiendront en passant ses propos
incendiaires par pertes et profits.
Néanmoins, cette stratégie envers ces derniers est assez
bancale.
D’abord, Trump s’était déjà excusé pour des paroles inqualifiables
qu’il avait mis sur le dos, déjà, de l’atmosphère électrique de la campagne
avant de repartir de plus belle dans les invectives, les mensonges et les
insultes.
Ensuite, comme l’a expliqué fort justement un spécialiste,
si l’on regarde son visage et que l’on écoute ses propos lors de ce meeting, le
ton et les mimiques avec lesquels Trump a fait ses «excuses» montre très
clairement qu’il ne croit pas un mot de ce qu’il dit et que ses fans présents
dans la salle, non plus.
Enfin, il s’est excusé d’avoir blessé des gens, non d’avoir proféré
des mensonges à leur encontre ou de les avoir insultés.
Ainsi, on peut très bien blesser des gens en disant la
vérité…
Sans oublier que ses «excuses» ne viennent pas du cœur mais
des mathématiques.
Une manière assez grossière, en définitive, d’espérer que sa
chute dans les sondages soit enrayée.
C’est pourquoi on peut prétendre sans trop se tromper que
c’est une – nouvelle – escroquerie de sa part.
D’autant que les nouvelles nominations dans l’équipe de sa
campagne vont plutôt dans le sens de futures attaques nauséabondes que dans un
discours plus apaisé.
Son nouveau directeur de campagne n’est autre qu’un trublion
d’extrême-droite, Stephen Bannon, qui dirige le média complotiste et très
controversé, Breitbart News.
L’équipe de campagne d’Hillary Clinton a eu raison de réagir
en expliquant que «Donald Trump a littéralement débuté sa campagne en insultant
les gens. Il a continué à le faire depuis les 428 jours qui ont suivi jusqu’à
aujourd’hui sans honte ni regret. Nous avons appris ce soir que celui qui lui a
écrit son discours pour son téléprompteur sait qu’il a beaucoup de choses pour
lesquelles il doit s’excuser. Mais les excuses de ce soir sont simplement une
phrase bien tournée jusqu’à ce qu’il nous dise lesquels de ces nombreux
commentaires offensants, brutaux et qui sèment la division, il regrette et qu’il
change dans le même temps son ton».
Et de rappeler qu’il a affirmé «ne rien regretter du tout»
en attaquant la famille du héros militaire américain musulman tué en Irak ou un
juge dont la famille était originaire du Mexique parce qu’il était chargé d’une
plainte contre ses malversations.
Il a également refusé de s’excuser pour avoir appelé les
immigrants d’Amérique du Sud des violeurs et a même demandé des excuses au
journaliste qu’il avait moqué parce qu’il était handicapé!
Penser que les Américains goberont cette nouvelle supercherie
assez obscène, c’est les prendre pour des crétins.
Espérons pour l’avenir de la démocratie que Trump n’y
parviendra pas.
Sondages
des sondages au 19 août 2016
|
|||
Trump ne
dépasse pratiquement plus 40%
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
Election projection
|
47,3%
|
39,6%
|
Clinton 7,7
|
Five Thirty Eight (1)
|
42,9 %
|
37,4%
|
Clinton 5,5
|
Huffington Post
|
48,3%
|
39,6%
|
Clinton 8,7
|
New York Times
|
43,0%
|
38,0%
|
Clinton 5,0
|
Polltracker
|
42,8%
|
37,9%
|
Clinton 4,9
|
Pure Polling
|
44,8%
|
38,9%
|
Clinton 5,9
|
Real Clear Politics
|
47,0%
|
41,2%
|
Clinton 5,8
|
270 to win (1) (2)
|
44,8%
|
38,8%
|
Clinton 6,0
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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