Les attaques terroristes se multiplient dans les pays
occidentaux, notamment en France.
Les réactions des politiques ainsi que de la population se
crispent de plus en plus à chaque nouvelle tragédie.
Et si l’on peut comprendre le désarroi des citoyens, ce
n’est pas le cas de l’attitude des politiques de droite et de gauche.
Là où on aurait pu s’attendre à l’appel à cette fameuse
«union nationale», tout au moins à un front uni contre les barbares dont le
but, on le rappelle, est de provoquer, à la fois, une réaction autoritaire et
une guerre civile, on assiste à une montée, sur fond de clientélisme et
d’électoralisme vulgaires, du populisme, de la démagogie, des règlements de
compte, voire de la haine.
La parole commence dangereusement à se débrider et l’on sait
que lorsque cela survient que la cohésion sociale est en danger, que les
chasses aux sorcières ne sont pas loin.
L’absence de retenue face à des événements aussi anxiogènes
pour la population peut vite dégénérer.
La peur qui s’alimente d’un sentiment d’impuissance mais
aussi que la violence peut s’abattre n’importe où, n’importe quand sont des
moteurs essentiels de la suspicion, de la désunion et du rejet de l’autre, pas
seulement des terroristes et des communautés dont ils sont issus mais de tous
ceux qui ne pensent pas comme vous, qui ne partagent pas la même perception ou
qui ne réagissent pas de la même manière vis-à-vis de ces assassinats.
Ce qui peut apaiser cette peur, ce qui peut réunir la
communauté nationale, ce sont les actes, bien sûr, mais, tout aussi important,
c’est la parole publique de ceux qui nous gouvernent et qui nous représentent.
Or, malheureusement, on voit que, contrairement au Centre,
la Gauche et la Droite, structurés par le clientélisme et le rejet de l’autre
bord, se lancent dans la polémique et la critique à tout va.
En revanche, du côté des centristes – à part quelques zozos
sans importance –, on est frappé par la retenue, la responsabilité et la
volonté de travailler ensemble pour lutter contre le terrorisme.
Bien entendu, ce comportement vient d’une vision politique
qui privilégie le rassemblement et le consensus à la confrontation.
Pourtant, dans des situations comme celle que nous vivons
actuellement, la conduite qui devrait être celle de tout le spectre politique
qui se réclame de la démocratie républicaine et de ses valeurs devrait se
claquer sur celle des centristes.
Le combat de coqs entre Nicolas Sarkozy et Manuel Valls – et
on ne parle pas des sous-fifres tellement pathétiques que ce serait trop
d’honneur à leur faire en citant leurs noms ici – ne fait pas seulement honte
au monde politique, elle montre que les terroristes sont dans le vrai dans leur
stratégie de déstabilisation de l’Occident.
Il semble que les leçons de l’Histoire sont, comme souvent, dédaignées
par ceux qui font profession d’y entrer et qui risquent bien de se retrouver
dans ses poubelles.
En attendant, ils nous conduisent vers des rivages
dangereux.
Alexandre Vatimbella
Directeur du CREC
Jean-Louis Pommery
Directeur des études du CREC