Donald Trump à la convention républicaine de Cleveland |
La bouillie indigeste de Donald Trump qui a fait office de
discours d’acceptation comme candidat républicain pour le 8 novembre prochain
lors de la convention de Cleveland avait les mêmes ressorts que ses propos
quotidiens: le populisme, la démagogie, le mensonge, la haine, l’attaque
incessante envers Hillary Clinton couverte d’anathèmes et l’autocongratulation
en tant que seul individu capable de sortir le pays de la déchéance et de la décadence
dans lequel, selon lui, il est en train de sombrer.
Rien donc de nouveau à l’inverse de ce que nous promettaient
les soutiens du promoteur newyorkais qui, selon eux, allait adopter une posture
présidentielle.
A la place, on a eu un homme incapable de lire correctement
un prompteur mais qui a aussi et surtout été incapable de s’adresser à la
nation toute entière, continuant à caresser dans le sens du poil le cœur de son
électorat hargneux, raciste et inculte.
Surtout, il y a eu cet ingrédient répété jusqu’à la nausée
avec un ton apocalyptique et martial ainsi que les mensonges d’usage à la clé
sur la situation réelle du pays, la peur, ce qui a donné les angoisses
nécessaires à ses fans transis qui assistaient à la convention républicaine –
ceux qui veulent mettre Clinton en prison, voire la fusiller – mais qui,
accompagné de l’exclusion de l’autre (le démocrate, l’étranger, l’immigré, le
gays, etc.) a fait peur à nombre d’Américains qui ont cru entendre certains des
dictateurs Sud-américains des décennies passées, voire une réincarnation d’Hugo
Chavez!
«Je suis terrifié» fut ainsi la première remarque que fit un
commentateur sur CNN après le discours de Trump, le plus long d’acceptation
depuis de l’ère moderne, en parlant de toutes les menaces contre les fauteurs
de trouble, de toutes les promesses d’actions les plus dures que le candidat
républicain a égrainé pendant une heure et quart.
En outre, le discours ne contenait aucune mesure concrète,
aucun moyen d’atteindre toutes les promesses à l’emporte-pièce qu’il a faites.
Comme prévu, également, il a appelé à une Amérique
recroquevillée sur elle-même, prônant l’isolationnisme et le protectionnisme,
vantant un américanisme que plus personne de sensé ne défend, celui qui pouvait
encore faire illusion dans les années 1950.
Certains journalistes ont été prompts à le féliciter pour
avoir fait applaudir la communauté LGBT pour la première fois à la tribune d’une
convention républicaine.
Ce qu’ils oublient, c’est que Trump a fait applaudir, non
pas le combat de cette communauté mais le fait qu’il la défendrait contre les
menaces extérieures, c’est-à-dire contre Daech, pas contre l’ostracisme dont
elle est constamment l’objet dans les Etats gouvernés par les républicains…
Il a également tenté très maladroitement de récupérer les
électeurs de Bernie Sanders, l’électorat noir et latino en s’autoproclamant
leur meilleur défenseur mais sans aucune annonce de mesures particulières pour
étayer cette affirmation.
Sans oublier les attaques sur le libre-échange et les
riches, les faisant applaudir par des républicains qui en sont pourtant les
principaux défenseurs alors même que quelques instants plus tard il annonçait
qu’il baisserait les impôts, ce qui profitera à ces mêmes plus riches!
Tout cela n’a évidemment rien à voir avec le Centre et les
valeurs du Centrisme alors que, pour gagner, il devra séduire une partie de l’électorat
centriste qui n’a certainement pas trouvé de quoi faire un pas dans sa
direction hier soir.
Reste la question de savoir si la vision cauchemardesque
délivrée par Donald Trump peut toucher une majorité d’Américains et les faire
basculer en sa faveur.
Cette vision du déclin n’est guère nouvelle, c’est même un
grand classique dans la politique américaine depuis que le pays est devenue la
première puissance mondiale.
A périodes répétées, les Etats-Unis se font peur et
cultivent largement l’idée d’un inéluctable et rapide déclassement mondial ainsi
que de la fin de leur supériorité dans tous les domaines.
Ce fut le cas dans les années 1950 avec le lancement du
premier homme dans l’espace par les Soviétiques.
Ce fut le cas dans les années 1970 avec le fiasco de la
guerre du Vietnam.
Ce fut le cas dans les années 2000 après les attentats du 11
septembre 2001.
Et ce fut le cas à bien d’autres moments de l’histoire des
Etats-Unis, certains estimant que la peur des Américains d’un abaissement
survient tous les vingt à trente ans en moyenne.
Néanmoins, la réaction du peuple et des électeurs n’a pas
toujours été celle escomptée par les prophètes de malheur qui sont toujours
extrêmement nombreux.
Ainsi, si le 11 septembre donna d’abord George W Bush, il
donna ensuite Barack Obama.
Quant à Spoutnik, il donna John Kennedy et le Vietnam donna
Jimmy Carter même si, ensuite, il donna Ronald Reagan dont le fond de commerce
n’est pas très éloigné de celui utilisé par Donald Trump.
Pour autant, Reagan avait un discours d’unité que n’a
absolument pas Trump, ce qui lui a permis de faire la différence en fin de
course, puisqu’il était donné perdant jusqu’à l’ultime moment.
Mais il doit aussi sa victoire à l’ayatollah Khomeiny qui
accepta de libérer les otages de l’ambassade américaine juste après les
résultats de l’élection, ce qui est une des raisons majeures de la défaite de
Carter…
En outre, la situation des Etats-Unis n’a rien de
catastrophique actuellement avec une croissance économique, une baisse du
chômage et un rayonnement international intact.
Trump espère que la peur du terrorisme islamique, de l’envahissement
du pays par les immigrés illégaux et de la violence autour de la question noire
l’aideront à lui donner une chance de se faire élire.
Oui, c’est bien la peur qui est le fond de commerce de
Trump, le fond de commerce de tout populiste démagogue.
Sondages
des sondages au 22 juillet 2016
|
|||
Hillary
Clinton en tête dans tous les sondages
|
|||
|
Clinton
|
Trump
|
Ecart
|
Election projection
|
44,8%
|
41,4%
|
Clinton 3,4
|
Five Thirty Eight (1)
|
41,1%
|
38,3%
|
Clinton 2,8
|
Huffington Post
|
43,5%
|
40,7%
|
Clinton 2,8
|
New York Times
|
42,0%
|
40,0%
|
Clinton 2,0
|
Polltracker
|
43,9%
|
41,2%
|
Clinton 2,7
|
Real Clear Politics
|
44,0%
|
43,5%
|
Clinton 2,7
|
270 to win (1) (2)
|
45,0%
|
42,2%
|
Clinton 2,8
|
(1) Prend en
compte 3 candidatures (+ Gary Johnson – Libertarian party)
(2) Prend en
compte un mois de sondage alors que les autres prennent
en compte autour de 15 jours
de sondages
Alexandre Vatimbella avec l’équipe du CREC
Présidentielle USA 2016
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