La plupart des responsables centristes se sont montrés très
critiques envers les leaders de la Droite et, plus particulièrement de ceux de
LR, qui n’ont pu résister à une récupération politicienne de l’attentat de Nice
du 14 juillet.
Voici leurs principales réactions:
- Philippe Vigier (président du groupe UDI à l’Assemblée
nationale) lors d’un point presse:
«Il ne faut pas céder à des dérives de politique
politicienne mais voir demain comment mieux protéger les Français, avec
efficacité.
«Nous ne sommes jamais tombés dans la surenchère mais avons
essayé d'avoir des propos à hauteur des circonstances dramatiques", avec
"esprit de responsabilité", car le contexte est "un terreau
fertile pour qui vous savez".
«Ne comptez pas sur moi pour tomber a bras raccourcis sur le
gouvernement appelant, en visant certains élus LR, à "arrêter les
batailles de chiffoniers sur le nombre de policiers et de gendarmes.
«Nous sommes en guerre totale, il faut que ce mot rentre
dans les têtes. Ce qui s'est passé a Nice n'est pas qu'un épisode, cette guerre
s'accentue et l'assaillant a lui toujours de nouveaux moyens pour frapper.
«La colère est immense dans ce pays, il faut l'entendre.
L'état d'urgence a été prolongé déjà trois fois et il y a eu 7 textes liés à la
sécurité depuis 2012, nous avons toujours été présents pour les voter.»
- Jean-Christophe Lagarde (président de l’UDI) dans une
interview à Ouest France:
«Je ne veux pas participer à l’hystérisation du débat
politique. Ce que nous avons à faire, ce n’est pas de mener une campagne
présidentielle, mais de mener une guerre contre une barbarie qui veut créer la
guerre civile en France. L’hystérisation du débat angoisse nos citoyens et sème
les germes de la guerre civile.
«Si vous me voyez choqué, encore plus en colère, c’est parce
que les réactions politiciennes à cet attentat sont indignes. On ne parle pas
quand les cadavres sont encore chauds. On ne parle pas quand l’enquête
judiciaire ne dit pas ce qui s’est passé. J’en veux autant aux responsables
politiques qu’aux médias d’information en continu qui angoissent, stressent la
population, sans rien savoir, pendant des heures, des nuits. On ne commente pas
ce qu’on ne connaît pas encore. Ça ne fait que servir nos ennemis
«On n’est pas dans une guerre classique comme en 39-45; on
est dans une guerre asymétrique, de terroristes qui savent bien qu’ils ne
peuvent pas envahir la France, nous battre militairement. Ils n’ont qu’un seul
objectif, que tout le monde oublie, y compris les responsables de l’opposition
qui sont intervenus ce week-end, bien trop tôt, bien trop fort et bien à côté
de la plaque, ce que veut Daech, c’est créer une guerre civile sur notre
territoire. Pourquoi servir leurs plans?
«Tous les débats sont respectables, mais quand on sait de
quoi on parle, et pas à chaud. Des attentats, il y en a sous ce gouvernement,
il y en aura sous d’autres gouvernements. Il y en a dans des pays bien plus
militarisés, bien plus policiers que nous. On ne peut pas empêcher tous les
attentats, mais on peut mobiliser la population pour faire reculer le salafisme
et la barbarie.
«Ce week-end, ce qui était le plus triste, c’était de voir
des gens réagir avec leur testostérone plutôt qu’avec leur cerveau.»
- François Bayrou (président du MoDem) dans une interview à
BFMTV:
«On est dans un climat d’utilisation politicienne,
d’utilisation électoraliste du drame national. Cela choque à mon avis beaucoup
les Français. Ils sont dans une espèce d’état de sidération dans la manière
dont ils perçoivent le monde des responsables politiques face au drame qu’ils vivent
et dont ils se sentent menacés désormais à peu près partout et tout le temps.
«Je vois qu’il faut éviter deux écueils: le premier est le
fatalisme, dire que l’on ne peut rien, que l’on n’a pas le moyens de se
défendre contre cette hydre, et le deuxième est la récupération, d'un malheur
public on essaie de trouver un avantage électoral.
«Vous voyez bien le climat, l’ambiance générale! Il y a
l'utilisation d'un drame, qui met en cause notre vie en commun, notre société,
l’État, la manière dont on s’organise, à des fins d’intérêt électoral.»
- Jean-Pierre Raffarin (ex-premier ministre et membre de LR)
dans une interview au Nouvel Observateur:
«Ce nouveau drame impose un temps de recueillement, un temps
de silence. Tous devraient l'observer pour que chacun puisse mesurer la
profondeur de la tragédie… La colère des uns, l'indignation des autres et le
jeu politique des troisièmes ont conduit à de nombreuses déclarations qui me
paraissaient anticipées.
«Après ce temps ‘sacré’, il est normal que, face à la
répétition de ces drames, nous ayons un débat sur l'action publique. Mais ce
débat doit être à la hauteur de la situation. Sinon, l'exploitation partisane
de tels événements ajoute le ridicule à la douleur.»
- Jean Dionis du Séjour (député UDI) dans une tribune sur le
site du Nouveau centre:
« (…) Il convient de se mettre d’accord sur quelques vérités
essentielles malmenées à l’occasion de l’attentat de Nice.
Le deuil, d’abord. Les victimes de Nice ne sont pas encore
inhumées. Le Président de la République a proclamé un deuil national de trois
jours, avec une minute de silence national aujourd’hui à midi. Reconnaissons
que nous n’avons pas su contenir notre peine et notre colère, cette fois-ci,
contrairement à ce qui s’était passé pour Charlie et le Bataclan. S’il doit y
avoir d’autres attentats, je crois que la nation réunie doit se promettre que
les prochaines fois, elle se taira et se réunira autour des victimes pendant la
période de deuil décidée conjointement par le Président de la République et les
familles de victimes. Ce sera le signe d’une nation forte et unie, dû aux
victimes, mais aussi un signal fort adressé aussi à nos ennemis.
Le débat, quant à lui, est légitime, mais après le deuil.
Soyons clairs: en démocratie, le débat est légitime, même en temps de guerre.
Clemenceau, tout Père de la Nation qu’il était, débattait et polémiquait sur la
conduite de la guerre avec ses collègues députés devant l’assemblée Nationale
de 1917 à 1918. Les questions posées sur le dispositif policier le soir du
drame et plus largement sur ce qui a été fait et ce qui n’a pas été fait
(centres de déradicalisation, surveillance des personnes fichées ‘S’, fermeture
des mosquées salafistes, etc.) depuis les premiers attentats contre Charlie en
Janvier 2015, sont toutes légitimes et ceux qui poussent des cris de vierge
effarouchée devant ces questionnements sont soit des hypocrites, soit des gens
qui ne sont pas à leur place dans ce débat forcément âpre.
Mais le débat, pour être fécond, devra accepter d’être
éclairé par la raison et notamment par les résultats objectifs des enquêtes
disponibles.
Certaines personnes ont sombré hier pour ne pas avoir
accepté cette discipline intellectuelle. Je pense à Henri Guaino et son tweet
sur le lance-roquettes qui aurait empêché le drame de jeudi soir.»