Dans cette rubrique, nous publions les
points de vue de personnalités centristes qui ne reflètent pas nécessairement
ceux du CREC. Ces points de vue ont pour but d’ouvrir le débat et de faire
progresser la pensée centriste.
Jean-François Borrou est le pseudonyme
d’un journaliste proche des idées centristes et qui collabore épisodiquement à
cette rubrique. Ses propos sont les siens et non ceux du CREC.
Moins de 4% des Français se disent proches de l’UDI tandis
qu’il est crédité de 1% des intentions de vote, qu’il soit candidat à la
primaire de la Droite ou à la présidentielle alors même que seuls 5% des
Français voient en lui un bon président de la république et que dans les
baromètres de popularité, il se classe – s’il est présent – dans les derniers.
Et si l’UDI, sous sa présidence, est un parti politique
parmi les moins mal vus des Français, c’est surtout parce qu’une grande
proportion d’entre eux n’ont aucune opinion sur celui-ci ou ne le connaisse
même pas!
Quant au programme du parti ou son positionnement politique
exact, ce sont des arlésiennes.
Tout juste doit-on le créditer d’un positionnement anti-FN
de bon aloi et de réactions globalement positives sur le terrorisme.
Ce qui ne rattrape absolument pas son insipidité globale sur
la scène politique qui le dispute avec ses sorties incontrôlables où ses
diatribes surréalistes ressemblent souvent à des règlements de compte ou, plus
grave, à une course entre lui, Sarkozy et Le Pen à celui qui sera le plus
véhément sur tel ou tel sujet.
Son idée de voter une motion de censure avec l’extrême-gauche
et le Parti communiste a été le summum d’une incapacité à être responsable,
crédible et… centriste.
Quant au fonctionnement du parti, il est désastreux.
Non seulement il n’a pas réussi à faire le rassemblement au
sein de la confédération centriste mais les oppositions n’ont pas cessé de s’exacerber
avec les prises de position aussi nombreuses qu’il y a (peu) de militants et
des règlement de compte incessants entre seconds couteaux qui se voient un
avenir national sans en avoir aucune qualité.
De plus, il n’a pu empêcher des départs de poids comme celui
de Jean-Christophe Fromantin et de son parti, Territoires en mouvement (accordons
lui quand même d’avoir réussi à se débarrasser de Rama Yade!).
Ni même que le (très) peu rebelle Jean-Arthuis (Alliance
centriste) ne tente de se présenter à la primaire de la LR, avant que ce
dernier n’enterre (pour l’instant?) sa candidature.
A propos, justement de la présidentielle, la farce de la
position de l’UDI est actuellement sa plus grande marque sur celle-ci.
Elu en grande partie sur la promesse que la formation
centriste aurait un candidat à la présidentielle, il n’a cessé de faire du
rétropédalage sur la question avant d’annoncer qu’il allait négocier un accord
avec LR pour les législatives qui suivent la présidentielle et les postes de
ministres, le tout avec un soi-disant «programme de gouvernement» qu’aucun
leader de la Droite ne voulait.
Il s’est ramassé complètement, notamment parce qu’il est
arrivé avec des prétentions inacceptables en particulier celle d’avoir un
groupe parlementaire assez important pour empêcher LR d’avoir la majorité dans
la future Assemblée nationale et ce u mépris total d’une arithmétique
électorale.
Du coup, éconduit sans ménagement, il a menacé de ne pas
faire d’accord, de présenter un candidat à la présidentielle (lui, par exemple,
avec ses 1% dans les sondages…) avant d’expliquer qu’il allait attendre la
rentrée pour discuter puis d’attendre après les résultats de la primaire de LR
pour s’entendre avec l’heureux élu avant de revenir à ses menaces de
candidature indépendante et d’un «rassemblement» dont on ne voit pas avec qui,
comment et pourquoi.
L’UDI apparaît ici comme le parti des rigolos et des
grenouilles qui se prennent pour des bœufs!
Une image désastreuse.
Le bilan de Jean-Christophe Lagarde à la tête de l’UDI
depuis son élection voici un an et demi et des poussières est bien maigre.
Et c’est un euphémisme!
Ayant dit cela, y avait-il un meilleur candidat quand Jean-Louis
Borloo a décidé de lâcher l’UDI en rase campagne?
En résumé, pouvait-il en être autrement?
Rappelons-nous les candidats en présence sur la ligne de
départ pour la présidence de l’UDI.
Il y avait l’encore plus insipide Hervé Morin, ennemi mortel
de Lagarde, le transparent Yves Jégo, le groupie déçu et revanchard de Nicolas
Sarkozy, en tandem avec l’aussi transparente Chantal Jouanno, également
transfuge de la Droite et Jean-Christophe Fromantin, personnalité de qualité
mais pêchant au niveau de ses convictions centristes.
Pas de quoi susciter l’engouement.
A l’époque, on pouvait penser qu’il était, ad minima, le moins
mauvais candidat pour le job et qu’il avait peut-être la qualité de dynamiser l’UDI
qui en avait bien besoin à défaut de pouvoir la transformer en un véritable
parti.
Son parcours et ses résultats démontrent, à l’instant présent,
qu’il ne l’avait même pas.
Il semble bien, dès lors, qu’il n’a pas le talent d’un
premier rôle.
Peut-être celui d’un second, voire d’un figurant, ce qu’est
actuellement l’UDI sous sa présidence sur la scène politique.
Jean-François Borrou