Ça y est: selon les décomptes de l’Associated press, la
principale agence de presse américaine, ainsi que de nombreux médias, Hillary
Clinton a obtenu les 2383 délégués nécessaires pour être la candidate du Parti
démocrate à l’élection présidentielle du 8 novembre prochain et ce, avant même les
résultats des primaires de Californie et du New Jersey de ce mardi 7 juin.
La centriste est ainsi la première femme dans l’Histoire des
Etats-Unis d’Amérique a être la représentante d’un des deux principaux partis
de la vie politique qui se partagent le pouvoir pratiquement depuis
l’indépendance du pays (avec des noms différents).
Et elle a de grandes chances d’être élue la première
présidente des Etats-Unis à la fin de l’année.
Pour en arriver là, rien n’a été simple pour celle que tout
le monde, soutiens et adversaires réunis, estime être une surdouée de la
politique.
Tombée dedans depuis son adolescence, elle a eu un parcours
brillant mais souvent chaotique pour en arriver là.
Si aujourd’hui elle est au centre de l’échiquier politique,
elle a commencé en tant que républicaine conservatrice, comme son père, avant
d’évoluer vers la gauche, notamment au moment de la guerre du Vietnam, puis de
se positionner depuis son passage à la Maison blanche comme first lady lors de
la présidence de son mari Bill, inventeur de la troisième voie et de la
triangulation, comme une centriste assumée.
Ses idées sont libérales en matière sociétale (même si elle
s’est ralliée au mariage homosexuel il y a peu).
En matière sociale, elle défend la capacité de chacun
d’avoir les «opportunities» (égalité concrète des chances) pour réussir sa vie
grâce à son mérite.
En matière économique, elle est plutôt pour un Etat
régulateur pour ce qui est de l’organisation du capitalisme, notamment pour ce
qui est d’une concurrence saine et honnête mais elle défend le libre marché.
Si elle était conservatrice en matière fiscale, elle a
évolué ces dernières années avec l’enrichissement indécent des 1% les plus
riches des Américains et milite maintenant pour une taxation des super-riches.
Pour ce qui est de la politique étrangère, elle est
considérée plutôt comme un «faucon» pour la défense du pays mais aussi de la
démocratie et de la liberté.
Cependant, son passage comme secrétaire d’Etat de Barack
Obama, de 2009 à 2012, a montré que, dans tous les cas, elle privilégiait
d’abord la négociation et l’accord avant la force.
Par rapport à la mondialisation, elle est pour une société
ouverte – on le voit par rapport à ses prises de position en matière
d’immigration, notamment.
Néanmoins, elle a monté quelques réticences quant à la
globalisation économique et son possible impact négatif sur les Etats-Unis.
Défenseure sans relâche de la cause des femmes mais, ce que
l’on sait moins, de la cause des enfants qu’elle a embrassée depuis fort
longtemps et pour laquelle elle est reconnue comme ayant permis des avancées
légales fort importantes grâce à ses prises de positions et ses écrits
juridiques.
Car Hillary Clinton est également une avocate reconnue qui
aurait sans doute une carrière des plus remarquables, ainsi qu’en politique
beaucoup plus rapidement, si elle n’avait pas choisi, au sortir de l’université
de Yale de suivre son mari en Arkansas pour qu’il devienne gouverneur de
l’Etat, ce qui a servi à ce dernier de marche pied pour Washington.
Mais Bill Clinton a reconnu depuis longtemps – et sans
coquetterie – que la plus capable était sa femme.
C’est d’ailleurs pourquoi, en 1992, lors de son élection, il
avait vendu un «ticket» de deux Clinton pour le prix d’un à la Maison Blanche.
Dans un environnement mondial perturbé et face à la montée
des populismes démagogiques dans les démocraties représentées jusqu’à la
caricature aux Etats-Unis avec la candidature de Donald Trump, sa vision
centriste, ses capacités, son expérience et son caractère sont nécessaire pour
son pays, pour le monde libre et la planète.